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L'Allemagne veut reprendre l'avantage économique sur la France

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  • L'Allemagne veut reprendre l'avantage économique sur la France

    Y a-t-il un risque que le décrochage franco-allemand en matière d'exportations s'étende à d'autres secteurs de l'économie ? A un an des élections françaises de 2007, la France et l'Allemagne paraissent inégalement armées pour affronter l'avenir, même si l'Insee relevait, le 22 juin, que "l'économie française remonte le terrain" et que "l'Allemagne se qualifie pour la reprise".

    Vu d'une France empêtrée dans la fin de présidence de Jacques Chirac, mais dont le ministre des finances, Thierry Breton, pense qu'elle peut se maintenir durablement dans le "top 5" des puissances économiques mondiales, l'Allemagne possède de solides atouts : une situation politique clarifiée, de nombreuses réformes en cours (retraites, marché du travail...), une position de premier exportateur mondial. Vue d'Allemagne, où le débat sur la portée des réformes structurelles fait rage, l'une des cartes françaises est sans doute la croissance, et le dynamisme de la demande intérieure.

    Des deux côtés du Rhin, économistes et politiques n'en finissent pas de se pencher sur les avantages relatifs des deux pays qui occupent la 3e place - pour l'Allemagne - et la 5e ou 6e place - pour la France - sur la scène économique mondiale. De l'avis de Bercy, l'économie française se portait mieux que son homologue allemande au premier trimestre 2006 dans tous les domaines, sauf celui des exportations.

    CROISSANCE


    Avec un potentiel de croissance d'un point supérieur à celui de l'Allemagne - 2,25 % contre 1,2 % -, la France a l'avantage. Depuis des années, la croissance y est d'ailleurs plus élevée qu'en Allemagne. Après une mauvaise année 2005, la croissance française devrait être d'au moins 2 % en 2006, selon l'Insee. Elle restera tirée par l'augmentation d'une consommation des ménages que confortent une meilleure orientation du pouvoir d'achat et la poursuite de la baisse du chômage, l'Insee tablant sur un taux de chômage de 9 % en décembre et sur 196 000 créations d'emplois, dont seulement 76 000 dans les secteurs marchands. De l'avis général, la reprise dans l'Union européenne et outre-Rhin sera un atout de plus pour l'économie française.

    En Allemagne, l'activité bénéficie d'une amélioration de la demande intérieure, pénalisée jusqu'ici par des années de rigueur salariale et les suppressions d'emplois. La reprise de l'emploi a été retardée par un hiver rigoureux, le nombre de chômeurs entamant un fort recul en mai et juin : moins 78 000 en données CVS au total (mai + juin).

    Après une croissance limitée à 1 % en 2005, l'Allemagne devrait dépasser cette année la prévision prudente de 1,6 % du gouvernement et atteindre de 1,8 % à 2 % selon les économistes. Les experts annoncent un ralentissement avec la hausse de trois points de la TVA au 1er janvier 2007.

    COMPÉTITIVITÉ À L'EXPORTATION

    Pour la troisième année consécutive, l'Allemagne a conservé en 2005 son rang de première puissance exportatrice et devrait le garder en 2006. Son excédent commercial a battu un nouveau record, à 160,5 milliards d'euros, en 2005, alors que le déficit commercial de biens et de services en valeur français s'est creusé à 16,3 milliards d'euros. Bien positionnée dans les biens d'équipement, l'Allemagne bénéficie de l'explosion de l'investissement dans les pays émergents. L'automobile, les machines-outils et la chimie représentent près de la moitié de ses exportations.

    Mais la contribution extérieure se diffuse moins facilement qu'auparavant à la demande intérieure. Pour défendre leur compétitivité, les entreprises ont bridé les salaires, supprimé des emplois et développé la sous-traitance ou l'achat de composants dans des pays à plus faibles coûts salariaux. La valeur des marchandises importées contenues dans les exportations allemandes représente près de 40 % du total des exportations contre 26,7 % en 1991. En France, où pour la quatrième année consécutive la contribution des échanges extérieurs à la croissance devrait être négative, Bercy entrevoit le bout du tunnel et souligne que le rythme des exportations (+ 7,5 %) a rattrapé, au premier trimestre, celui des exportations allemandes. Le dernier rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé "Une analyse de l'évolution du commerce extérieur français", et rédigé par les économistes Patrick Artus et Lionel Fontagné, n'en préconise pas moins d'accroître le nombre et la taille des PME exportatrices pour réduire la sous-performance de la France.

    BUDGET ET IMPÔTS

    Les gouvernements français et allemand ont prévu pour 2006 que leur déficit public au sens de Maastricht serait respectivement de 2,8 % et de 3,3 % du PIB. Toutefois, le ministre des finances allemand, Peer Steinbrück, a confirmé, mercredi 5 juillet, qu'il espérait repasser dès cette année sous les 3 %.

    Pour réduire le déficit, le gouvernement d'Angela Merkel a décidé d'augmenter en 2007 de trois points le taux normal de la TVA, qui passera de 16 % à 19 %. Des avantages fiscaux sur les trajets en voiture vers le lieu de travail ou sur l'épargne ont aussi été rognés, et les revenus annuels de 250 000 euros (500 000 euros pour un couple) et plus devront acquitter un supplément d'impôt sur le revenu de 3 points. En revanche, via l'impôt sur les sociétés et la taxe professionnelle, les bénéfices des entreprises devraient être moins taxés, leur taux global d'imposition devant passer de 39 % à moins de 30 % à partir de 2008.

    En France, où les prélèvements obligatoires ont augmenté de 0,9 point à 44 % du PIB en 2005, la droite s'accorde sur la nécessité de faire une pause dans les baisses d'impôt, mais elle n'a pas encore de feuille de route précise, hormis son projet de suppression totale de l'impôt sur les successions. Quant au PS, désireux de "réhabiliter l'impôt citoyen", il prône un niveau de dépenses publiques élevé et un assainissement budgétaire.

    Par le Monde
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