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La démocratie, une issue impossible

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  • La démocratie, une issue impossible

    Quels sont les scénarios de sortie de crise en Syrie ? Ce journaliste en a dénombré plusieurs, mais ils vont tous dans le sens d'une dérive autoritaire.
    Alors que les combats s’intensifient en Syrie, on en entrevoit clairement quatre issues possibles. Hélas, aucune ne semble vraiment satisfaisante, tant sur le plan de la stabilité régionale que sur celui des valeurs occidentales. Nous vous les présentons ci-après, par ordre de probabilité croissante.

    1. Le régime d’Assad réussit à mater la rébellion.

    Sans l’intervention internationale, principalement de l’Arabie Saoudite et de la Turquie mais également, dans une moindre mesure, des Etats-Unis et de leurs principaux alliés européens, c’est ce scénario qui aurait été le plus probable. La famille Assad n’a jamais exercé une autorité incontestable, car son pouvoir est fondé sur une coalition tacite entre ses partisans alaouites d’une part et les chrétiens et d’autres minorités religieuses ou ethniques d’autre part. Ce “gouvernement des minorités” était placé devant la lourde tâche de contrôler les Arabes sunnites, qui sont majoritaires dans le pays. La décision de l’Arabie saoudite et de la Turquie de financer et d’armer leurs frères sunnites, qui dominent l’Armée syrienne libre (ASL), a certainement rendu intenable la position d’un régime dirigé par les Alaouites.

    2. L’Armée syrienne libre chasse Assad et réussit à faire la transition vers une démocratie multiethnique et multiconfessionnelle.

    C’est ce qu’espèrent ardemment les Etats-Unis, mais ils n’ont guère de chances de voir leurs vœux exaucés. Même si l’ASL finit par l’emporter militairement – ce à quoi il faudrait s’attendre, au moins en ce qui concerne certaines régions –, l’instauration d’un système politique démocratique n’est pas pour demain. Non seulement il n’existe pas de tradition démocratique digne de ce nom en Syrie, mais en plus le pays est doté d’une économie faible et d’une société civile peu développée. Une situation préoccupante, car une économie forte et une société civile dynamique sont les conditions importantes pour l’établissement d’un système stable, tolérant et démocratique. A cela s’ajoutent les profonds clivages religieux et ethniques. Le cumul de ces facteurs rend d’autant plus problématique l’émergence d’une Syrie démocratique.

    3. Les insurgés remportent une victoire décisive et mettent en place un Etat autoritaire.

    Certains signes laissent craindre une prééminence des éléments islamistes extrémistes au sein de la rébellion. D’ailleurs, les unités rebelles adoptent d’ores et déjà des pratiques qui rappellent Al-Qaida. Ce qui n’a rien d’étonnant, au vu du rôle influent joué par le régime théocratique d’Arabie Saoudite auprès de l’opposition. Même si les insurgés parviennent à prendre le contrôle de la majeure partie du pays et à le conserver (une hypothèse très optimiste), la Syrie de l’après-Assad a plus de chances d’être islamiste et autoritaire que démocratique. De fait, l’aile dure semble même mieux positionnée pour prendre le dessus sur les factions laïques démocratiques en Syrie qu’en Irak, en Egypte et en Libye – et les perspectives à long terme pour la démocratie dans ces pays ne semblent guère prometteuses.

    4. La Syrie éclate en plusieurs enclaves ou mini-Etats, formés en fonction de critères confessionnels ou ethniques.


    Compte tenu de la composition complexe de la population sur les plans religieux et ethnique, c’est le scénario le plus probable. L’armée d’Assad, dominée par les Alaouites, est apparemment en train d’essayer d’établir une zone refuge pour les Alaouites et les chrétiens dans l’ouest du pays. Sauf intervention massive de la Turquie (ou des Etats-Unis et de leurs principaux alliés européens), cette coalition peut être suffisamment forte pour établir une telle entité. Mais ce serait là la première étape, et non la dernière, d’un démantèlement de la Syrie. Les Kurdes syriens ont d’ores et déjà mis en place des postes de contrôle dans le Nord-Ouest, où ils sont majoritaires. L’occasion de former un Etat kurde indépendant de facto (à l’image de la région kurde d’Irak) pourrait s’avérer irrésisitible.

    Tous ces scénarios ont des conséquences négatives pour la stabilité régionale. La Syrie est déjà devenue un pion dans la féroce lutte d’influence qui met aux prises l’Arabie Saoudite, la Turquie et l’Iran. Même s’il parvenait à se maintenir au pouvoir, Assad resterait quand même confronté à une insurrection larvée, menée sous la houlette des sunnites soutenus par Ankara et Riyad. A l’opposé, une victoire finale des sunnites, qu’elle aboutisse à l’instauration de la démocratie ou de l’absolutisme, pousserait la principale puissance chiite, l’Iran, à prendre des contre-mesures.

    D’ailleurs, une Syrie fragmentée serait le théâtre de manœuvres d’intimidation incessantes de la part de toutes ces puissances. Les spécialistes occidentaux qui tiennent pour acquise, une fois Assad parti, l’arrivée d’une ère de stabilité et de liberté se font des illusions, tout comme ils en ont fait lors de la chute du régime de Saddam Hussein en Irak. Le chemin s’annonce extrêmement cahoteux pour la Syrie, mais aussi pour l’ensemble de la région. Washington serait bien avisé de se tenir à l’écart de ce dangereux parcours.

    courrierinternational

  • #2
    Les spécialistes occidentaux qui tiennent pour acquise, une fois Assad parti, l’arrivée d’une ère de stabilité et de liberté se font des illusions, tout comme ils en ont fait lors de la chute du régime de Saddam Hussein en Irak.
    Ces spécialistes se foutent pas mal de ce qui peut arriver aux Syriens et il est sûr qu'ils savent déjà tout ça.
    Dernière modification par Louny, 11 août 2012, 00h06.

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