par Maamar Farah
On m’écrit pour me dire que le «redressement républicain de 1992» n’aura servi à rien puisque «l’Algérie, et après toutes ces années de lutte contre l’intégrisme, applique à la lettre le programme d’Ali Belhadj». On me dit aussi qu’il faut parler de ce jeune Algérois de 20 ans tué par les chars de Khaled Nezzar en Octobre 1988. Enfin, reviennent les questions lancinantes du pourquoi de la présence de M. Nezzar en Suisse (qui serait évidemment liée à l’argent) et de l’assassinat de Boudiaf.
Janvier 1992 : les prévisions faisaient état de 60 000 morts
Entendons-nous bien : il y a deux camps et pas trois. Il y a ceux qui auraient voulu voir s’installer un Etat islamiste et ceux qui trouvent que l’armée a bien fait d’intervenir pour sauver le système républicain, aussi imparfait soit-il. Il n’y a pas de troisième voie. Suivre certains intellectuels qui, par coquetterie et pour mimer les faiseurs d’opinion d’en face, préfèrent rester sur un nuage au nom de l’objectivité, de la neutralité et du devoir d’informer, ne me paraît être ni utile, ni constructif. Tout au plus, quelques gesticulations intellectuelles dont tirent profit généralement les ennemis de la démocratie. Personnellement, j’ai gueulé mille fois ici même que je n’étais pas objectif et que je ne crois pas à l’objectivité dans notre métier. Il n’y a qu’à voir les choix et la manière dont sont traités les sujets les plus graves dans notre planète pour réaliser que cette objectivité est une chimère. Donc, il y a ceux qui soutiennent l’intervention de l’armée en tant qu’option pouvant épargner au pays un voyage sans retour. Cette intervention n’était pas une œuvre de broderie. Je me souviens du jour où notre directeur de la publication avait été invité au ministère de l’Information dirigé alors par feu M. Belkaïd. Il assistait à cette réunion où l’on récoltait les avis des patrons de presse sur le prochain et imminent arrêt du processus électoral. A son retour, il nous appela en urgence (les actionnaires du Soir d’Algérie) pour nous mettre au parfum. Et je me rappelle qu’il avait dit que les prévisions faisaient état de 60 000 morts. C’est-à-dire qu’au moment où les auteurs de ce redressement républicain s’apprêtaient à agir, ils savaient qu’un grand nombre d’Algériens allaient mourir. Et ils étaient loin du compte. On parle aujourd’hui de 200 000 morts. C’est autant dire que cette époque ne fut pas exempte d’erreurs, de dépassements, d’exécutions sommaires, de tortures, etc. Il se trouve qu’à ce moment, le chef de l’armée s’appelait Khaled Nezzar. Doit-il aujourd’hui payer pour avoir agi dans le seul intérêt de la République ? En nous élevant contre la décision d’un tribunal suisse, nous ne défendons pas l’homme. Nous défendons l’idée, l’œuvre et l’institution qui restera toujours respectable malgré les comportements de certains de ses dirigeants. Nous n’avons aucun lien avec Khaled Nezzar, ni de près, ni de loin.....
Vérité et justice
Tant que nous n’aurons pas compris qui est derrière l’assassinat de Boudiaf et pourquoi il a été tué, tant que les parents des victimes d’Octobre 1988 ne connaîtront pas les circonstances exactes et les véritables responsables de la mort de leurs enfants, tant qu’on ne fera pas toute la lumière sur les disparus et les torturés de l’après-janvier 1992 et tant que les auteurs des crimes perpétrés à l’encontre de 127 jeunes Kabyles n’auront pas été punis, il restera ce voile opaque qui continuera de jeter le doute sur les acteurs de ces événements et à faire courir les rumeurs les plus folles. Il nous faut la vérité. Il nous faut surtout la justice. Mais, ici, chez nous car il s’agit de questions de souveraineté nationale
M. F./ le Soir
On m’écrit pour me dire que le «redressement républicain de 1992» n’aura servi à rien puisque «l’Algérie, et après toutes ces années de lutte contre l’intégrisme, applique à la lettre le programme d’Ali Belhadj». On me dit aussi qu’il faut parler de ce jeune Algérois de 20 ans tué par les chars de Khaled Nezzar en Octobre 1988. Enfin, reviennent les questions lancinantes du pourquoi de la présence de M. Nezzar en Suisse (qui serait évidemment liée à l’argent) et de l’assassinat de Boudiaf.
Janvier 1992 : les prévisions faisaient état de 60 000 morts
Entendons-nous bien : il y a deux camps et pas trois. Il y a ceux qui auraient voulu voir s’installer un Etat islamiste et ceux qui trouvent que l’armée a bien fait d’intervenir pour sauver le système républicain, aussi imparfait soit-il. Il n’y a pas de troisième voie. Suivre certains intellectuels qui, par coquetterie et pour mimer les faiseurs d’opinion d’en face, préfèrent rester sur un nuage au nom de l’objectivité, de la neutralité et du devoir d’informer, ne me paraît être ni utile, ni constructif. Tout au plus, quelques gesticulations intellectuelles dont tirent profit généralement les ennemis de la démocratie. Personnellement, j’ai gueulé mille fois ici même que je n’étais pas objectif et que je ne crois pas à l’objectivité dans notre métier. Il n’y a qu’à voir les choix et la manière dont sont traités les sujets les plus graves dans notre planète pour réaliser que cette objectivité est une chimère. Donc, il y a ceux qui soutiennent l’intervention de l’armée en tant qu’option pouvant épargner au pays un voyage sans retour. Cette intervention n’était pas une œuvre de broderie. Je me souviens du jour où notre directeur de la publication avait été invité au ministère de l’Information dirigé alors par feu M. Belkaïd. Il assistait à cette réunion où l’on récoltait les avis des patrons de presse sur le prochain et imminent arrêt du processus électoral. A son retour, il nous appela en urgence (les actionnaires du Soir d’Algérie) pour nous mettre au parfum. Et je me rappelle qu’il avait dit que les prévisions faisaient état de 60 000 morts. C’est-à-dire qu’au moment où les auteurs de ce redressement républicain s’apprêtaient à agir, ils savaient qu’un grand nombre d’Algériens allaient mourir. Et ils étaient loin du compte. On parle aujourd’hui de 200 000 morts. C’est autant dire que cette époque ne fut pas exempte d’erreurs, de dépassements, d’exécutions sommaires, de tortures, etc. Il se trouve qu’à ce moment, le chef de l’armée s’appelait Khaled Nezzar. Doit-il aujourd’hui payer pour avoir agi dans le seul intérêt de la République ? En nous élevant contre la décision d’un tribunal suisse, nous ne défendons pas l’homme. Nous défendons l’idée, l’œuvre et l’institution qui restera toujours respectable malgré les comportements de certains de ses dirigeants. Nous n’avons aucun lien avec Khaled Nezzar, ni de près, ni de loin.....
Vérité et justice
Tant que nous n’aurons pas compris qui est derrière l’assassinat de Boudiaf et pourquoi il a été tué, tant que les parents des victimes d’Octobre 1988 ne connaîtront pas les circonstances exactes et les véritables responsables de la mort de leurs enfants, tant qu’on ne fera pas toute la lumière sur les disparus et les torturés de l’après-janvier 1992 et tant que les auteurs des crimes perpétrés à l’encontre de 127 jeunes Kabyles n’auront pas été punis, il restera ce voile opaque qui continuera de jeter le doute sur les acteurs de ces événements et à faire courir les rumeurs les plus folles. Il nous faut la vérité. Il nous faut surtout la justice. Mais, ici, chez nous car il s’agit de questions de souveraineté nationale
M. F./ le Soir
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