L’Iran quittera-t-il Internet en 2013?
Par Martin Lessard publié le 13 août 2012 à 11 h 22
Tous les sites web des ministères iraniens et des organismes d’État afficheront un « 404″ dès septembre, ce message classique d’une page absente du web. Et ce n’est pas à cause du récent double tremblement de terre qui a enlevé la vie à plus de 300 personnes et qui en blessé 2600 autres dans le nord-ouest du pays samedi.
L’annonce est plutôt passé inaperçue à cause de ce drame (mais surtout à cause de la finale des Jeux olympiques).
Le ministre des Communications et des Technologies de l’information d’Iran, M. Reza Taqipour, s’est adressé la semaine dernière aux universitaires et dirigeants industriels réunis à l’Université Amir Kabir à Téhéran :
« Internet ne devrait pas être contrôlé par un ou deux pays en particulier. »
Les « un ou deux pays » mentionnés par le ministre fait directement allusion à ces deux pays commanditaires de Flame (et de Stuxnet, ce virus qui s’est attaqué aux centrifugeuses iraniennes en 2009).
On se rappelle mon billet en juin dernier sur l’incroyable Flame. On a découvert un virus hyperpuissant, programmé par les États-Unis et Israël, qui cherche à nuire aux « États voyous » comme l’Iran. Il ne faisait plus de doute qu’une cyberguerre cachée faisait rage en ligne. Et l’Iran, paranoïaque ou non, se sent légitiment visé.
Il a déclaré que tous les sites des ministères et des organismes d’État quitteront Internet dès septembre prochain afin de protéger son pays de ce « web peu fiable ». Il a confirmé, selon plusieurs sources occidentales, que ce départ n’est que la première étape d’une transition vers un Intranet national afin de protéger les infrastructures de son pays.
En se coupant d’Internet et en créant un gigantesque réseau « halal« , le ministre croit qu’il sera alors possible de transformer les « menaces en opportunités ».
Les emmurés vivants
S’il y réussit, l’Iran ira rejoindre donc ces pays qui ont décidé que la globalisation des informations ne passerait pas par eux (comme la Chine et la Corée du Nord).
On se demande alors comment la population prendra la nouvelle. L’Iran abrite une des communautés de blogueurs les plus actives au monde.
C’est aussi via Twitter que la révolution verte manquée en 2009 a été retransmise – la notoriété de Twitter doit beaucoup à cette révolte, très reprise dans les médias sociaux.
Est-ce que les Iraniens se laisseront emmurer vivants derrière un tel pare-feu?
Internet est un bien commun qui appartient à toute la population. C’est un outil trop important pour être entièrement contrôlé par l’État. En Occident aussi, des tentatives de contrôle sont inlassablement proposées (on se rappelle SOPA ou chez nous le projet de loi C-11). Mais retirer à un peuple l’accès au monde comme veut le faire l’Iran?
L’ironie du sort est que justement, sur Twitter, en fin de semaine, « Iran » était un mot-clé populaire à cause des tremblements de terre. Malgré la faible couverture médiatique, des gens à travers le monde s’échangeaient des informations sur le drame.
Tous ces liens entre les citoyens, d’Iran et d’ailleurs, vont-ils disparaître à jamais? C’est un morceau de l’humanité qui s’éclipsera…
Par Martin Lessard publié le 13 août 2012 à 11 h 22
Tous les sites web des ministères iraniens et des organismes d’État afficheront un « 404″ dès septembre, ce message classique d’une page absente du web. Et ce n’est pas à cause du récent double tremblement de terre qui a enlevé la vie à plus de 300 personnes et qui en blessé 2600 autres dans le nord-ouest du pays samedi.
L’annonce est plutôt passé inaperçue à cause de ce drame (mais surtout à cause de la finale des Jeux olympiques).
Le ministre des Communications et des Technologies de l’information d’Iran, M. Reza Taqipour, s’est adressé la semaine dernière aux universitaires et dirigeants industriels réunis à l’Université Amir Kabir à Téhéran :
« Internet ne devrait pas être contrôlé par un ou deux pays en particulier. »
Les « un ou deux pays » mentionnés par le ministre fait directement allusion à ces deux pays commanditaires de Flame (et de Stuxnet, ce virus qui s’est attaqué aux centrifugeuses iraniennes en 2009).
On se rappelle mon billet en juin dernier sur l’incroyable Flame. On a découvert un virus hyperpuissant, programmé par les États-Unis et Israël, qui cherche à nuire aux « États voyous » comme l’Iran. Il ne faisait plus de doute qu’une cyberguerre cachée faisait rage en ligne. Et l’Iran, paranoïaque ou non, se sent légitiment visé.
Il a déclaré que tous les sites des ministères et des organismes d’État quitteront Internet dès septembre prochain afin de protéger son pays de ce « web peu fiable ». Il a confirmé, selon plusieurs sources occidentales, que ce départ n’est que la première étape d’une transition vers un Intranet national afin de protéger les infrastructures de son pays.
En se coupant d’Internet et en créant un gigantesque réseau « halal« , le ministre croit qu’il sera alors possible de transformer les « menaces en opportunités ».
Les emmurés vivants
S’il y réussit, l’Iran ira rejoindre donc ces pays qui ont décidé que la globalisation des informations ne passerait pas par eux (comme la Chine et la Corée du Nord).
On se demande alors comment la population prendra la nouvelle. L’Iran abrite une des communautés de blogueurs les plus actives au monde.
C’est aussi via Twitter que la révolution verte manquée en 2009 a été retransmise – la notoriété de Twitter doit beaucoup à cette révolte, très reprise dans les médias sociaux.
Est-ce que les Iraniens se laisseront emmurer vivants derrière un tel pare-feu?
Internet est un bien commun qui appartient à toute la population. C’est un outil trop important pour être entièrement contrôlé par l’État. En Occident aussi, des tentatives de contrôle sont inlassablement proposées (on se rappelle SOPA ou chez nous le projet de loi C-11). Mais retirer à un peuple l’accès au monde comme veut le faire l’Iran?
L’ironie du sort est que justement, sur Twitter, en fin de semaine, « Iran » était un mot-clé populaire à cause des tremblements de terre. Malgré la faible couverture médiatique, des gens à travers le monde s’échangeaient des informations sur le drame.
Tous ces liens entre les citoyens, d’Iran et d’ailleurs, vont-ils disparaître à jamais? C’est un morceau de l’humanité qui s’éclipsera…
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