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L'armée, une institution critiquée, déboussolée, usée

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  • L'armée, une institution critiquée, déboussolée, usée

    Au lendemain de la chute de Hosni Moubarak, déposé en douceur par les militaires le 11 février 2011, l'armée égyptienne était au faîte de sa popularité comme en témoignait l'un des slogans de la place Tahrir : "Al-Chaab, Al-Gueich, îd wahda" (le peuple et l'armée unis comme une seule main). Dix-huit mois plus tard, c'est une institution fatiguée, déboussolée par une transition chaotique qu'elle a peiné à conduire, et critiquée de toute part, que le président islamiste, Mohamed Morsi, a choisi de bousculer par une série de nominations.

    Craignant un effondrement de l'Etat et la remise en cause de son rôle dirigeant au sein du régime, l'armée avait choisi de prendre en main la transition au lendemain du départ de Hosni Moubarak. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), un organisme composé d'une vingtaine de hauts gradés et en sommeil depuis des décennies, a été réactivé afin d'assumer tant les fonctions exécutives que législatives.


    Présidé par le vieux maréchal Tantaoui, le CSFA a fonctionné dans le plus grand secret à coup de communiqués numérotés. Sa gestion économique s'est révélée calamiteuse, incapable de relancer la croissance. Pour maintenir la paix sociale, l'armée a dépensé sans compter, creusant les déficits pour plusieurs années.


    Très rapidement, le divorce est intervenu avec les jeunes révolutionnaires de la place Tahrir, qui ont été les premiers à subir les excès répressifs de l'état-major, peu habitué au maintien de l'ordre en milieu civil.


    Profitant de sa popularité, l'armée a arrêté en masse, torturé sans compter – notamment en imposant aux femmes d'infamants tests de virginité – et fait juger à tour de bras les jeunes activistes par des tribunaux militaires (plus de 12 000 condamnations en un an) afin de couper court à un mouvement révolutionnaire et social, dont elle a eu peur qu'il aille au-delà du changement du chef de l'Etat et du toilettage du régime.


    INSÉCURITÉ AMBIANTE

    C'était sans compter avec la libération de la parole et la chute du "mur de la peur". L'arbitraire répressif de l'institution militaire a été révélé par la jeunesse révolutionnaire qui a activement mené campagne. Pour la première fois, la place de l'armée dans les institutions et ses privilèges économiques ont été débattus sur la place publique. Elle, qui vivait dans l'ombre, sans jamais être questionnée sur ses agissements, son budget ou son empire commercial.


    Pour retrouver un semblant de stabilité, les militaires se sont appuyés sur les Frères musulmans connus pour leur conservatisme, tant moral que politique. Payante pendant la première année, cette stratégie s'est retournée contre eux, quand la confrérie, légitimée par les urnes (près de 50 % des sièges aux législatives de janvier 2012), a voulu s'émanciper de la tutelle militaire.


    Une fois élu président en juin 2012, l'islamiste Mohamed Morsi a pu demander aux militaires de rentrer dans leurs casernes. Il ne pouvait qu'être soutenu par une opinion fatiguée de l'insécurité ambiante et du chaos depuis la révolution.


    Lorsque des troubles ont éclaté dans le Sinaï, où plusieurs groupes djihadistes se sont insurgés, Mohamed Morsi en a profité pour rappeler à l'armée que sa tâche était de défendre les frontières et qu'il était temps pour elle de laisser aux politiques la gestion du pays.


    Christophe Ayad /le monde
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