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Guerres du pétrole : comment le G8 s'y prépare

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  • Guerres du pétrole : comment le G8 s'y prépare

    La réunion du G8, qu'accueillera Vladimir Poutine du 15 au 17 juillet à Saint-Pétersbourg, sera d'abord consacrée à la "sécurité énergétique". Deux raisons incitent les huit "Grands" à en faire leur priorité.

    D'abord, dans un environnement marqué par une raréfaction des ressources en pétrole et en gaz et par une demande qui explose, les Etats s'inquiètent de l'éventualité de ne plus pouvoir compter sur un flux continu d'approvisionnement. Conséquence : la volonté de protéger les voies d'acheminement entre les lieux de production et de consommation se renforce.

    Ensuite, la menace diffuse, mais réelle, d'un terrorisme qui attaquerait des puits, des oléoducs ou des transferts maritimes, ainsi que celle de pays producteurs qui choisiraient de fermer le robinet du pétrole et du gaz pour des raisons politiques, exacerbe ces tensions.

    L'agenda des prochains rendez-vous internationaux reflète ces préoccupations. Après le G8, la sécurité énergétique constituera le thème dominant du sommet de l'Alliance atlantique, les 28 et 29 novembre à Riga (Lettonie). Une convergence de facteurs explique cette évolution. La situation au Moyen-Orient, aggravée par les risques de confrontation avec l'Iran, reste une donnée cruciale. Mais elle n'est pas unique. L'arme du gaz, désormais brandie par la Russie pour amener ses voisins à résipiscence (à commencer par l'Ukraine), va de pair avec la dépendance énergétique accrue de l'Europe vis-à-vis de la Russie.

    En Asie, les appétits énergétiques de la Chine et de l'Inde constituent un facteur potentiellement déstabilisant du marché. Les deux pays se dotent peu à peu d'une marine de haute mer pour protéger leurs voies d'approvisionnement. Si un affrontement sino-américain devait se dérouler à propos de Taïwan, la Chine craint que l'US Navy ne lui impose un blocus pétrolier. La parade à ce que les Chinois appellent le "dilemme de Malacca" (80 % de leurs importations de pétrole passent par ce détroit, entre Indonésie et Malaisie), est la stratégie dite du "collier de perles" : une succession de facilités stratégiques sur les côtes du Pakistan, du Bangladesh et de Birmanie négociées par Pékin.

    SURVEILLANCE PAR SATELLITES

    Autre source d'inquiétudes américaine : le nouveau nationalisme énergétique en Amérique latine, d'où Washington importe 19 % de son pétrole, et où le Venezuela, la Bolivie, l'Equateur et le Mexique lui tiennent la dragée haute. Enfin, les aléas techniques et naturels, comme les pannes électriques des dernières années et les cyclones de 2005, ont accentué les tensions sur les marchés de l'énergie.

    L'avenir se dessine ainsi comme une âpre compétition énergétique - ce qui exige aussi de se préparer à l'emploi éventuel de la force armée. Ce n'est pas un hasard si, dans son discours de l'île Longue sur la dissuasion nucléaire, le 19 janvier, Jacques Chirac a souligné que, parmi les "intérêts vitaux" de la France, figure "la garantie de nos approvisionnements stratégiques".

    Chaque année, 1,9 milliard de tonnes de pétrole (62 % de la production mondiale) sont transportées sur les océans. Les points sensibles situés sur les axes maritimes font l'objet d'une surveillance croissante par les satellites et les marines de guerre. Par ordre d'importance stratégique, le détroit d'Ormuz, où transite plus de 30 % du commerce du pétrole, arrive en tête des zones à risque. Il est suivi par le détroit de Bab-el-Mandeb, le Bosphore, le canal de Suez, le détroit de Malacca et le canal de Panama.

    PATROUILLES MARITIMES


    Les moyens dont dispose la communauté internationale pour se prémunir contre des actes terroristes sont peu nombreux. Comme il n'est pas question de poster des gardes armés sur chaque pétrolier, la seule parade est de renforcer la surveillance des installations et des zones sensibles, de multiplier les patrouilles maritimes et les contrôles des équipages et des bateaux.

    Les craintes portent davantage sur des attaques près des côtes plutôt qu'en haute mer ; et le risque est moins celui d'une explosion à proximité d'un terminal pétrolier qu'une marée noire déclenchée par un attentat. Même si, à ce jour, le seul véritable acte terroriste a frappé le pétrolier français Limburg, près du Yémen, le 6 octobre 2002, il faut s'y préparer.

    Au sein de l'Alliance atlantique, les Américains s'efforcent de convaincre leurs partenaires de confier à l'OTAN un rôle prépondérant. Washington souhaite que l'Organisation de gestion du réseau d'oléoducs en Centre-Europe, le Cepmo (un comité de l'Alliance, créé durant la guerre froide), qui gère 5 200 km de tubes, se transforme en un "comité de sécurité énergétique" chargé de protéger les infrastructures et les voies d'approvisionnement. A terme, l'objectif américain est de pouvoir solliciter l'OTAN pour garantir la libre circulation sur les routes énergétiques.

    Les pays baltes et d'Europe centrale, qui se sentent vulnérables face au "bâton énergétique" brandi par Moscou, soutiennent cette démarche. Paris, Berlin, Moscou et Oslo s'opposent à un tel rôle de l'Alliance, prôné par les Etats-Unis, qui irait vers une extension géographique et thématique de ses missions.

    Paris soupçonne Washington de vouloir profiter de ce débat pour imposer à ses alliés sa vision géopolitique de la sécurité - donc ses intérêts énergétiques -, un peu comme il s'efforce de les convaincre de l'intérêt du "bouclier antimissile".

    L'Amérique estime ne pas avoir le choix : elle consomme le quart du pétrole de la planète et ne dispose que de 3 % des réserves connues. Si elle redéploie ses bases militaires en Europe et en Asie centrale, se renforce dans le Pacifique, s'intéresse de plus en plus aux ressources énergétiques de l'Afrique, quitte à délaisser un peu le golfe Persique (25 % de ses importations), c'est en fonction d'un unique objectif : prendre plusieurs longueurs d'avance dans un "grand jeu" énergétique planétaire qui ne fait que commencer.

    Par Le monde
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