Dans un contexte global de baisse des prix des matières premières non agricoles, les cours du brut se sont brutalement appréciés depuis juin et poursuivent leur tendance haussière.
« Tendu comme un tambour », le titre de la dernière livraison du Global Energy Weekly publié par Bank of America Merrill Lynch (BoA ML) résume la situation actuelle des marchés pétroliers. Le cours du baril de Brent échéance septembre est passé le 13 août au-dessus des 115 dollars pour la première fois depuis le 4 mai. Depuis son plus bas enregistré le 22 juin à 88,91 dollars, le prix du pétrole a augmenté de près de 30%.
Le différentiel entre les cours du WTI et du Brent a encore augmenté, note Miswin Mahesh de Barclays Capital, atteignant 21 dollars, retrouvant son niveau d’avril 2012. Selon la banque britannique, la hausse actuelle des cours, qui a démarré il y a six semaines, devrait se poursuivre, soutenue par plusieurs facteurs principaux.
Les fondamentaux du marché, le rapport entre l’offre et la demande, sont toujours favorables à une hausse des cours du brut, et plus encore à celle des produits pétroliers. Les tensions sur le marché physique au comptant ont été accrues par une série d’accidents et d’arrêts de production. Ces tensions sont illustrées par un différentiel entre les prix de l’échéance septembre et celle de décembre qui est désormais de 3 dollars alors qu’il ne dépassait pas 1 dollar en juin dernier, souligne Francisco Blanch de BoA ML.
La faiblesse de la consommation de pétrole – relativement modeste comparée à celle d’autres matières premières non agricoles – a été plus que compensée par une offre limitée. Conséquence, les réserves commerciales de brut des pays de l’OCDE, hors Etats-Unis, sont désormais à un niveau exceptionnellement bas, rappelle Blanch. En Europe en particulier, les stocks ne sont que de 452 millions de barils, soit 22,6 millions de moins que la moyenne des cinq dernières années, le niveau auxquels ils étaient tombés au plus fort de la guerre en Lybie.
La situation est encore plus tendue pour les produits distillés, le kérosène et l’essence et ce, des deux côtés de l’Atlantique. En réduisant les marges des raffineries, la hausse du brut a participé à leur mise en backwardation (les prix des échéances futurs sont inférieurs au prix au comptant). Les tensions sur le brut proviennent en grande partie de la baisse, structurelle et conjoncturelle, de l’extraction en Mer du Nord. En une décennie la production de la région a baissé de 50%, affirme la banque américaine. Touchée également par des problèmes techniques et des grèves, la production de la Mer du Nord est tombée en juillet à 2,8 millions de baril/jour (m b/j) soit 0,56 m b/j de moins que l’année précédente.
Autre facteur de tension géopolitique, l’embargo sur les exportations iraniennes de pétrole a été plus efficace que prévu. Les Iraniens ont été obligés de réduire leur production à 2,9 m b/j en juillet, le plus bas niveau depuis 22 ans, contre une moyenne de 3,6 en 2011. Et, selon l’AIE, la production du pays persan pourrait tomber à 2,6 m b/j d’ici à la fin de l’année, réduisant l’offre globale d’un montant équivalent à la baisse de la production libyenne au plus fort des combats l’an dernier.
L’embargo sur l’Iran a entrainé une réduction de l’offre des pays de l’Opep de 425 000 b/j en juin et en juillet, baisse que n’ont pu compenser les hausses observées en Libye, en Irak et en Arabie Saoudite. La non disponibilité de pétrole iranien moyennement soufré a entrainé une hausse des cours du pétrole russe de qualité Urals alors que le conflit entre les Kurdes et l’Etat irakien restreint la disponibilité de pétrole de ce pays. Les menaces qui planent sur Total pour son engagement avec le Gouvernement Régional Kurde démontre l’ambivalence des majors (Exxon et Chevron ont également été menacés) sur leurs investissements massifs en Irak. Selon Barclays, les projets de développement de l’industrie pétrolière irakienne seront au mieux sensiblement retardés.
D’autres zones ont vu leur offre de brut sensiblement réduite : En Chine, au Brésil, en Afrique, notamment au soudan, l’offre a été très perturbée. Les économistes de Barclays tablent également par un assouplissement des politiques monétaires de la Fed et de la BCE. L’augmentation de la monnaie en circulation devrait particulièrement profiter à la demande de matières premières. Les cours du brut pourraient en conséquence s’apprécier encore de 14%, prévoit Francisco Blanch. Il prévoit une moyenne des cours du Brent de 106 dollars pour le deuxième semestre 2012 et de 110 dollars pour 2013.
Le 13 août 2012 par Daniel Krajka
London Brent Oil : Porté par les tensions au Moyen Orient
Analyse du 13/08/2012 | 14:52
Opinion : En surveillance. Surveiller la sortie du range 106.5 / 126
L’agence internationale de l’énergie prévoit une baisse de la demande mondiale de brut pour 2012 et 2013.
Le ralentissement de la croissance en Chine ainsi qu’un retour des capacités nucléaires au Japon ont été les deux principales raisons pour lesquelles l’AIE (Agence Internationale de l’énergie) a revu ses prévisions à la baisse. L’agence a réduit de 250000 barils/jour la consommation pour 2012 et de 400000 barils/jour pour 2013.
Cependant, ce sont bel et bien les vives tensions au Moyen–Orient qui font croître les cours du pétrole coté à Londres. La situation en Syrie et la question iranienne, actuellement mise en sommeil, pèseront inévitablement sur les cours pour le second semestre 2012.
Graphiquement, en données hebdomadaires, après un point bas sur les 91 USD, les cours du brent sont rentrés dans une tendance haussière significative ; le sous-jacent s’étant apprécié de 24.1% depuis mi-juin.
Désormais, l’or noir évolue au-dessus de ses moyennes mobiles hebdomadaires qui lui assurent un soutien et devrait rapidement combler un gap (113.7/115.9 USD) formé lors du dernier mouvement de baisse.
L’évolution de la géopolitique au Moyen-Orient, dossier Syrien en tête, milite pour un véritable attentisme. Nul doute qu’un envenimement de la situation entraînera les cours vers ses plus hauts à 126 USD le baril.
« Tendu comme un tambour », le titre de la dernière livraison du Global Energy Weekly publié par Bank of America Merrill Lynch (BoA ML) résume la situation actuelle des marchés pétroliers. Le cours du baril de Brent échéance septembre est passé le 13 août au-dessus des 115 dollars pour la première fois depuis le 4 mai. Depuis son plus bas enregistré le 22 juin à 88,91 dollars, le prix du pétrole a augmenté de près de 30%.
Le différentiel entre les cours du WTI et du Brent a encore augmenté, note Miswin Mahesh de Barclays Capital, atteignant 21 dollars, retrouvant son niveau d’avril 2012. Selon la banque britannique, la hausse actuelle des cours, qui a démarré il y a six semaines, devrait se poursuivre, soutenue par plusieurs facteurs principaux.
Les fondamentaux du marché, le rapport entre l’offre et la demande, sont toujours favorables à une hausse des cours du brut, et plus encore à celle des produits pétroliers. Les tensions sur le marché physique au comptant ont été accrues par une série d’accidents et d’arrêts de production. Ces tensions sont illustrées par un différentiel entre les prix de l’échéance septembre et celle de décembre qui est désormais de 3 dollars alors qu’il ne dépassait pas 1 dollar en juin dernier, souligne Francisco Blanch de BoA ML.
La faiblesse de la consommation de pétrole – relativement modeste comparée à celle d’autres matières premières non agricoles – a été plus que compensée par une offre limitée. Conséquence, les réserves commerciales de brut des pays de l’OCDE, hors Etats-Unis, sont désormais à un niveau exceptionnellement bas, rappelle Blanch. En Europe en particulier, les stocks ne sont que de 452 millions de barils, soit 22,6 millions de moins que la moyenne des cinq dernières années, le niveau auxquels ils étaient tombés au plus fort de la guerre en Lybie.
La situation est encore plus tendue pour les produits distillés, le kérosène et l’essence et ce, des deux côtés de l’Atlantique. En réduisant les marges des raffineries, la hausse du brut a participé à leur mise en backwardation (les prix des échéances futurs sont inférieurs au prix au comptant). Les tensions sur le brut proviennent en grande partie de la baisse, structurelle et conjoncturelle, de l’extraction en Mer du Nord. En une décennie la production de la région a baissé de 50%, affirme la banque américaine. Touchée également par des problèmes techniques et des grèves, la production de la Mer du Nord est tombée en juillet à 2,8 millions de baril/jour (m b/j) soit 0,56 m b/j de moins que l’année précédente.
Autre facteur de tension géopolitique, l’embargo sur les exportations iraniennes de pétrole a été plus efficace que prévu. Les Iraniens ont été obligés de réduire leur production à 2,9 m b/j en juillet, le plus bas niveau depuis 22 ans, contre une moyenne de 3,6 en 2011. Et, selon l’AIE, la production du pays persan pourrait tomber à 2,6 m b/j d’ici à la fin de l’année, réduisant l’offre globale d’un montant équivalent à la baisse de la production libyenne au plus fort des combats l’an dernier.
L’embargo sur l’Iran a entrainé une réduction de l’offre des pays de l’Opep de 425 000 b/j en juin et en juillet, baisse que n’ont pu compenser les hausses observées en Libye, en Irak et en Arabie Saoudite. La non disponibilité de pétrole iranien moyennement soufré a entrainé une hausse des cours du pétrole russe de qualité Urals alors que le conflit entre les Kurdes et l’Etat irakien restreint la disponibilité de pétrole de ce pays. Les menaces qui planent sur Total pour son engagement avec le Gouvernement Régional Kurde démontre l’ambivalence des majors (Exxon et Chevron ont également été menacés) sur leurs investissements massifs en Irak. Selon Barclays, les projets de développement de l’industrie pétrolière irakienne seront au mieux sensiblement retardés.
D’autres zones ont vu leur offre de brut sensiblement réduite : En Chine, au Brésil, en Afrique, notamment au soudan, l’offre a été très perturbée. Les économistes de Barclays tablent également par un assouplissement des politiques monétaires de la Fed et de la BCE. L’augmentation de la monnaie en circulation devrait particulièrement profiter à la demande de matières premières. Les cours du brut pourraient en conséquence s’apprécier encore de 14%, prévoit Francisco Blanch. Il prévoit une moyenne des cours du Brent de 106 dollars pour le deuxième semestre 2012 et de 110 dollars pour 2013.
Le 13 août 2012 par Daniel Krajka
London Brent Oil : Porté par les tensions au Moyen Orient
Analyse du 13/08/2012 | 14:52
Opinion : En surveillance. Surveiller la sortie du range 106.5 / 126
L’agence internationale de l’énergie prévoit une baisse de la demande mondiale de brut pour 2012 et 2013.
Le ralentissement de la croissance en Chine ainsi qu’un retour des capacités nucléaires au Japon ont été les deux principales raisons pour lesquelles l’AIE (Agence Internationale de l’énergie) a revu ses prévisions à la baisse. L’agence a réduit de 250000 barils/jour la consommation pour 2012 et de 400000 barils/jour pour 2013.
Cependant, ce sont bel et bien les vives tensions au Moyen–Orient qui font croître les cours du pétrole coté à Londres. La situation en Syrie et la question iranienne, actuellement mise en sommeil, pèseront inévitablement sur les cours pour le second semestre 2012.
Graphiquement, en données hebdomadaires, après un point bas sur les 91 USD, les cours du brent sont rentrés dans une tendance haussière significative ; le sous-jacent s’étant apprécié de 24.1% depuis mi-juin.
Désormais, l’or noir évolue au-dessus de ses moyennes mobiles hebdomadaires qui lui assurent un soutien et devrait rapidement combler un gap (113.7/115.9 USD) formé lors du dernier mouvement de baisse.
L’évolution de la géopolitique au Moyen-Orient, dossier Syrien en tête, milite pour un véritable attentisme. Nul doute qu’un envenimement de la situation entraînera les cours vers ses plus hauts à 126 USD le baril.
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