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L'éléctricité est dans la rue .

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  • L'éléctricité est dans la rue .

    L'électricité est dans la rue

    Deux mondes, une rue Didouche Mourad au centre d'Alger qui est le centre du Régime. Le premier monde est celui de « l'agenda ». Pas extérieur mais intérieur. Comme le Ministère. C'est un monde vide, en vacance, avec un Président invisible, un pouvoir invisible, un gouvernement inutile et un seul programme : continuer. Quoi ? Les Réformes, la survie, le sursis, l'éternité, l'épopée, la domination. Le pays est en roue libre ? Il n'y pas d'électricité ? Pas de sécurité ? Pas de sens ? Qu'importe, l'important est ailleurs et le voici : Mouvement national des travailleurs algériens, le Parti du renouveau et du développement, le Médiateur politique, le Parti nouvelle génération libre, le Parti de la voie authentique, l'Union nationale pour le développement, et le Front pour le développement, la liberté et l'égalité, Parti algérien vert pour le développement (PAVD), le Parti des fidèles à la patrie (PFP), et le Front démocratique libre. Une longue liste pénible à lire comme le code barre d'un produit qui n'existe même pas. C'est la liste des nouveaux partis qui vont jouer le jeu des élections, avec leur consentement ou malgré eux.

    Le souci du régime reste ses élections, les prochaines, celles des locales. Où trouver des partis politiques pour meubler la scène, où trouver des maires volontaires pour jouer le pluralisme, comment faire pour que ces prochaines élections soient saluées comme une conquête de la lune et comment faire croire que le régime est une démocratie et pas une dictature impersonnelle ? C'est le but de ce monde sénile, vieilli, sans idées sauf l'idée de sa respiration sans fin. Alors que le pays coule dans une baie sèche, le seul communiqué concret a été celui de l'agrément de ces nouveaux partis portatifs et la seule date avancée et celle des élections locales.

    Dans le second monde, c'est le monde de tous : les gens concrets. Ceux qui ont des enfants, des compteurs électriques, des chaussures et de mauvaises idées et qui, peu à peu, passent du statut de peuple, à celui de forces aveugles. Là, le problème est qu'il n'y pas d'agenda. Les gens coupent la route puis rentrent. Font des émeutes, puis rentrent. Protestent puis rentrent. Ne votent même pas vraiment puis rentrent. Partout. Sauf à Alger. Sauf que finalement cela vient d'arriver à Alger : des gens sont sortis à Didouche Mourad, le centre d'Alger, pour couper la route de Didouche Mourad. Une première : ce que l'opposition n'a pas réussi, l'électricité (coupée) nous l'assure : la révolte à Alger même ! A cause de l'électricité. Bouteflika et les parrains seront-ils renversés par un compteur électrique ? On ne sait pas. Cela serait le comble de l'invention d'Edison : l'électricité dans les ampoules a été une révolution et la coupure de l'électricité en sera une autre. D'où des questions de conséquences : si on a pu fermer Alger aux Kabyles, aux gardes communaux, aux médecins, aux chômeurs du Sud, pourra-t-on la fermer aux Algérois qui y sont déjà ? Comment faire pour se débarrasser des Algérois s'ils veulent récupérer Alger et couper une route ? Questions sans solution. Le régime le sait depuis longtemps : dans sa vaste et compliquée stratégie de gestion de l'adversité, il y avait un bug, un point aveugle : le jour où Alger se soulèvera. Le jour où Didouche Mourad sera une route coupée.

    Didouche Mourad coupée à la circulation par des Algériens en colère ? Oui. Il y a seulement un souci d'inversion : il faut que la coupure soit chez le Régime et l'agenda chez le peuple.



    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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