Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La Chanson Engagée! Le chanteur engagé!

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La Chanson Engagée! Le chanteur engagé!

    Beaucoup de chanteurs le sont, Maatoub en est un "Tamazight et la voix veloutée d’un montagnard"

    Les thèmes qu’il a traités sont prolifiques, au point que l’on pourrait en établir une encyclopédie. Aucun sujet ne lui a échappé, mais son grand combat fut l’officialisation de la langue berbère, et la chanson a été un procédé infaillible pour propager ses concepts et sensibiliser les Kabyles notamment à s’unir et à constituer un mur qu’aucune force au monde ne pourra franchir…

    Il avait tracé un trajet dans son esprit, en dépit de tous les impedimenta qui l’entravaient ; un trajet jalonné de larmes et de souffrances, il l’avait façonné avec crânerie et prétention. Un vrai aède inlassable laissant sa voix veloutée sillonner toute l’Algérie, il avait lâché la bride à ses idées et plané entre ciel et terre sans aucune crainte de tout ce qui pourrait lui arriver.
    C’est un héros au milieu d’un désert sans aucune goutte d’eau avec laquelle il pourrait imbiber ses lèvres, il marche, il tombe, il se relève, l’immense soleil lui brûle les yeux, ses rayons ardents l’empêchent de les lever pour discerner le ciel, la chaleur torride le fait mourir,une sueur abondante coule sur son corps, quelques fois un scorpion ou un serpent le surprend pour le faire pénétrer dans un labyrinthe sans issue ; cependant, en dépit de sa lassitude, il persiste ...
    Les thèmes qu’il a traité sont prolifiques, au point que l’on pourrait en établir une encyclopédie, aucun sujet ne lui a échappé, mais son grand combat fut l’officialisation de la langue berbère, et la chanson a été un procédé infaillible pour propager ses concepts et sensibiliser les Kabyles notamment à s’unir et à constituer un mur qu’aucune force au monde ne pourra franchir…
    Ses poèmes, qui jaillissent des tréfonds de son âme, constituent un jardin où toutes sortes de plantes et différents arbres donnent l’ombre à quiconque veut s’y réfugier et fuir l’impitoyable soleil, il y trouvera tout ce qui lui rejouira les yeux.
    Chaque vers est authentique, sa manière de chanter l’amazighité est tout à fait hors pair ; chaque terme prend sa place adéquate, dépourvue d’ambiguïté, allant directement vers le but recherché sans trop d’allégorie : il jeta son dévolu sur la chanson pour tenter de désaltérer sa soif de réparation.
    C’est un amour sans limites qu’il éprouvait pour tamazight, un amour qui s’apparente à un ciel sans nuages dépourvu d’hypocrisie ou de mascarade avec une grande fierté d’être un Amazigh. Le berbérisme coule dans ses veines, tant qu’il a été en vie il a combattu pour qu’il devienne une rose qui exalte un parfum d’un rare arôme que tout le monde aspirera à sentir dont les glorieuses racines achèveront un jour par jaillir comme l’eau d’une source et aucune puissance ne saura ni ne pourra les retenisr.
    Dans sa chanson : Le regard sur l’histoire”, il affirme que sa race est une race parfaitement authentique et qu’il ne lâchera guère :
    «Je remonterai vers mes racines
    Dussé-je les abreuver de mon sang
    Ce n’est pas sur le marché
    Que j’ai découvert mon ascendance amazighe :
    Elle ne se vend ni ne se brade»
    Dans beaucoup de ses chansons, il insiste sur le fait que tamazight est primordiale pour l’union des Kabyles, elle est le seul canal qui les conduira de l’autre côté de cette mer houleuse, sans aucun risque de se noyer, il leur préconise de renforcer leurs rangs et de conjuguer leurs forces, et d’autre part, il déplore leurs brouilles comme il le chante dans “Akit ay arrac nnegh ou réveillez-vous, compagnons :
    “Réveillez-vous, compagnons de lutte
    Et oeuvrez à l’union de vos bras !
    Afin qu’une demeure soit habitable
    Il lui faut de solides
    fondations
    Mais nous nous
    entre-dévorons
    Comme si nous n’étions pas frères.


    “En outre, dans la chanson Les montagnes : ma vie, il dit :
    «Tamazight est le socle de leur avenir,
    Elle est la racine de leur vie,»
    Notre histoire, lui paraissait une véritable fresque qui l’enchantait à chaque fois qu’il lui jetait un regard, ou comme un mythe dont nos ascendants seraient des héros, tels que la Kahina, Massinissa, Jugurtha et bien d’autres qui ont gravé leurs noms en lettres d’or dans l’histoire des Imazighènes. La liste est trop longue, il les mythifiait, les glorifiait, il leur octroyait l’image des grands hommes de toute l’humanité, dans Imazighènes,
    il vénère Jugurtha : «Que de braves sont tombés, Jugurtha en premier,
    Si son âme pouvait parler»
    Matoub Lounès, est un flambeau qui illumine les sentiers dans les nuits obscures, il est également une ressource qui revaille les consciences endormies ; ses poèmes embrasent les esprits, il se demande où sont passés les vrais Imazighènes, les Berbères authentiques connus par leur hardiesse et leur amour fervent pour la liberté, « les lions »comme il les appelle, dans son premier album, la chanson intitulée Ay izem, «ô, lion», il chantait :
    «Où es-tu ? ô lion !
    A ta mort
    D’autres ont accaparé
    Ton héritage.»
    Comme il chantait dans Imazighen :
    «Réveillez vous ô Imazighenes !
    Redevenez des lions,
    Avant que l’on se transforme en caméléon.»
    «Le peuple au plus ardent de sa colère est pareil à un feu trop vif pour être éteint», a affirmé le grand poète tragique grec Euripide car un peuple qui se réveille après un long sommeil, aucune puissance ne pourra réduire sa colère…
    Il ressassait à chaque fois qu’il faut préserver notre langue avant qu’elle ne soit enfouie dans les ruines du temps ; il avait la même appréhension que celle de Mouloud Mammeri, celle qu’un jour le peuple berbère ne soit plus qu’une légende ou une civilisation lésée par la bourrasque de régression et emportée par le courant de l’oubli ; un sort qui sera similaire à celui du peuple aztèque,et de nos jours nous assistons au piétinement de notre langue comme il le proclamait : «Tamazight est foulée aux pieds.»
    Et «Ses origines sont bien connus». Lwennas avait maintenu le chemin esquissé par Mammeri et Tahar Djaout par sa volonté inébranlable et son combat qui ne se lasse.
    Son vocabulaire est d’une richesse inépuisable, il a puisé énormément de mots et d’expressions sur le point de tomber en désuétude et dans l’oubli et presque chaque poème contient des vocables et des termes nouveaux.
    Sa vie a été l’itinéraire des grands de ce monde, il ne se démoralisait jamais, il aspirait avec détermination à atteindre ses objectifs même si quelques fois ils lui semblaient utopiques, il chantait dans Assagui lligh ou “je suis” :
    «Si quatre murs m’enserrent,
    Si je ne vois que l’échafaud
    Si la misère m’aspire Et si mon chemin est une pente au gouffre Que l’on me dise :
    Ou crois-tu aller ? Je clamerai : je suis Amazigh !»
    Le dialecte kabyle pour certains n’est utile que pour la danse et la distraction et cela l’affligeait tellement qu’il se désolait de cette situation déplorable et dans son ultime album, il manifeste sa rage :
    «Cette langue adorée
    Eclose dans la vérité
    A leurs yeux
    Est juste pour les chansons.
    En somme, un peuple dépouillé de sa langue est indubitablement un peuple voué à la disparition, du fait que la langue est l’esprit d’un peuple, sa vie, son histoire y sont contenues…


    - La depeche de Kabylie
Chargement...
X