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MAROC ;Anticrise: Benkirane se mobilise

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  • MAROC ;Anticrise: Benkirane se mobilise

    Abdelilah Benkirane compte réaliser des économies de l’ordre de 18,5 milliards de DH. Mais cela ne suffira pas pour combler le déficit budgétaire
    Abdelilah Benkirane se met progressivement à l’économie. Le chef du gouvernement n’y est pas aussi à l’aise comme en politique, mais il a compris qu’il fallait prendre ce dossier à bras-le-corps. C’est d’ailleurs ce qu’il a montré lundi dernier lors de la séance mensuelle sur la politique générale devant la Chambre des représentants, consacrée à la crise économique. Au cours de cette prestation, qui a coïncidé avec la clôture de la session du printemps au Parlement, il a déploré le fait que la consommation intérieure s’est orientée vers des produits importés, ce qui aggrave le déficit commercial. D’ailleurs, le gouvernement a pris des mesures pour réduire la part des importations dans les projets d’investissement de l’Etat et des établissements publics. Des clauses seront introduites dans les cahiers des charges des appels d’offres. L’importation des biens d’équipement absorbe 37 milliards de DH. Celle des produits de consommation canalise 33 milliards de DH, particulièrement en provenance de Turquie et de Chine. Il faudra recourir aux barrières non tarifaires pour limiter les importations qui inondent le marché local et concurrencent les produits nationaux. En somme, Benkirane a fini par prendre conscience de l’impact négatif de la crise internationale sur notre économie, particulièrement avec le recul de la demande européenne adressée au Maroc.
    Il a profité de cette sortie pour décliner les mesures prises par son gouvernement pour faire face à la crise, en ressortant l’application partielle du système d’indexation des prix pétroliers. Ainsi, la dernière hausse du prix des carburants devra dégager une économie de 5,7 milliards de DH. Les efforts de recouvrement des impôts, plus connus par les «restes à recouvrer», devront se traduire par des recettes supplémentaires de 2,8 milliards de DH. Le chef du gouvernement a trouvé une autre économie à réaliser et qu’il a estimée à 10 milliards de DH. Il le fera en rationalisant les dépenses de fonctionnement de l’Administration et le transfert des établissements publics en fonction de leurs capacités à réaliser les projets. Cependant, ces économies ne suffiront pas à faire face au déficit budgétaire, au déficit commercial et au recul des transferts des MRE et des recettes touristiques. Pour compléter le tableau, Benkirane a annoncé la mobilisation de financements extérieurs possibles dans la limite de 20 milliards de DH, comme prévu par la loi de Finances en vigueur. Et cela pour préserver les avoirs extérieurs. Il a réitéré le recours au marché financier international pour lever environ 1 milliard de dollars. Sur l’ouverture d’une ligne de précaution et de liquidité auprès du FMI d’une valeur de 6,2 milliards de dollars, il a aussi dit ce qu’il en pensait, en la qualifiant de «garantie qui rassure les investisseurs et les agences de notation mondiales sur les perspectives économiques et financières». Il n’y voit donc aucun lien avec le Programme d’ajustement structurel (PAS), abordé par l’opposition. Une allusion faite à la sortie de l’ancien ministre des Finances, Fathallah Oualalou, qui a qualifié d’«erreur le retour du FMI au Maroc».
    A cette occasion, il a rappelé le mémorandum signé avec l’ancienne direction de la CGEM. D’ailleurs, une réunion avec la nouvelle présidence de la CGEM est prévue aujourd’hui mercredi, a-t-il annoncé.
    Mais c’est sur le terrain politique qu’il improvise. Il l’a montré encore une fois lors de ses commentaires sur les interventions des différents groupes parlementaires. Il est à l’origine de la révélation des indicateurs économiques ayant choqué les députés en commission: «j’ai dit au ministre des Finances de parler le langage de la vérité et si des difficultés apparaissent, nous y ferons face ensemble», a souligné Benkirane pour «couper avec les pratiques du passé, basées sur une politique qui cachait la réalité. Les groupes parlementaires déployaient des efforts pour les découvrir. La situation économique d’ici la fin de l’année est maîtrisable». Reste que Benkirane fait une distinction: «la crise économique est réelle et pourrait causer des problèmes. Mais ces derniers peuvent être réglés. Ce n’est pas le cas pour une crise politique après le printemps arabe, beaucoup plus dangereuse, et qui aurait pu ouvrir le Maroc vers l’inconnu». Le chef du gouvernement a terminé son intervention par un jeu de mots qui claque comme une menace: «Nous n’avons pas amené la crise. C’est la crise qui nous a amenés au gouvernement».

    M C
    L'ECONOMISTE MA
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