Dans quel but et à quelles fins vous rendez-vous en Algérie ?
J’entends marquer dans ce déplacement l’attachement que les socialistes portent à l’approfondissement des relations entre la France et l’Algérie. Près de 3 millions de citoyens français puisent une part de leurs racines en Algérie. Nos deux pays sont liés par l’histoire, par la géographie, mais aussi, par des valeurs communes que les échanges entre nos populations contribuent de diffuser. Enfin, la place de l’Algérie au cœur du Maghreb en font pour moi le partenaire naturel de la France pour promouvoir une politique ambitieuse en méditerranée.
Votre dernier ouvrage s’intitule Devoirs de vérité, ce devoir de vérité concerne-t-il la période coloniale ? Vous avez affirmé récemment face à des correspondants de la presse étrangère : « Nous sommes prêts à ce qu’on dise ce qui s’est passé pendant la guerre d’Algérie. » Il n’y a pas que la période de la guerre, il y a toute la période coloniale (1830-1962). L’Etat français doit-il reconnaître et assumer sa responsabilité en la matière ? Si la gauche remportait l’élection présidentielle de 2007 le ferait-elle ?
La colonisation a été un système inéquitable et oppresseur. La guerre d’Algérie a produit, comme toute guerre, des tragédies humaines. Dire cette vérité, n’est pas rajouter du malheur à la douleur, c’est accomplir notre devoir à l’égard de toutes les victimes de cette période. Le retour sur notre passé est nécessaire pour préparer l’avenir.
Que propose le PS pour une écriture, sinon objective du moins honnête, de notre histoire commune ?
C’est un travail qui doit mobiliser les acteurs de cette période, les historiens, mais surtout les sociétés de nos deux pays. Il ne peut pas s’agir pour la France d’écrire toute seule ce qu’est son histoire, alors qu’elle est, pour un temps, celle aussi de l’Algérie. C’est ensemble que nous devons faire cet exercice de reconnaissance et de clarté.
Le traité d’amitié franco-algérien est-il enterré ? Quel contenu votre parti lui assignerait-il ?
L’idée ne vient pas de nous, mais dès lors qu’elle a été lancée et reprise des deux côtés de la Méditerranée, je suis attaché à la signature de ce traité d’amitié. Mais, je sais que la loi du 28 février 2005, votée par la majorité de droite, en France, a suscité incompréhension et colère ici en Algérie mais aussi en France. C’est pourquoi la gauche s’est mobilisée pour l’abrogation de son article 4 qui reconnaissait le caractère positif de la colonisation. Nous avons obtenu gain de cause et Jacques Chirac a fini par faire annuler cette disposition. Aujourd’hui, il faut donc reprendre le dialogue pour aboutir à lever tous les obstacles qui demeurent jusqu’à la conclusion de ce traité.
Quel type de partenariat, avec quels contenus et dans quels domaines prioritaires envisagez-vous d’entretenir avec l’Algérie si la gauche revenait au pouvoir en France ?
Il s’agit pour nous de faire en sorte que l’Europe engage une coopération renforcée avec l’ensemble du Maghreb, et en particulier avec l’Algérie, sur les domaines-clés du développement, les infrastructures, la question énergétique, l’éducation. De cette dynamique nouvelle, nous devons pouvoir espérer une croissance économique plus soutenue de chaque côté de la Méditerranéenne. Dans ce monde qui se globalise, l’Europe et l’ensemble des pays de la Méditerranée doivent se construire une communauté d’intérêt commune. C’est en tout cas le sens que nous entendons donner à notre politique envers l’ensemble du Maghreb. Dans ce cadre européen, il va de soi que des relations privilégiées doivent être développées entre la France et l’Algérie tant nos deux pays ont des intérêts communs.
Vous avez passé un an en Algérie. Quelles images, quels sentiments gardez-vous ?
J’ai effectivement séjourné plus de huit mois à l’ambassade de France à Alger, lors de ma scolarité à l’ENA, c’était il y a plus de vingt-huit ans ! Je découvrais une Algérie fière de son indépendance, mais qui, déjà, attendait beaucoup de la France. Je mesurais le potentiel de l’économie algérienne, trop bridé par les rigidités bureaucratiques. Mais, je garde surtout l’image d’Alger pleine d’une jeunesse qui a fait l’Algérie d’aujourd’hui et déjà de ses antennes de télévision qui nous relient au-delà de la Méditerranée.
Le PS s’est élevé contre la Loi Sarkozy sur l’immigration ? Que propose concrètement votre parti ?
Cette loi introduit plus de précarité et d’instabilité, avec en particulier la suppression de la possibilité de régularisation au bout de 10 ans de présence sur le territoire. Elle aboutira à augmenter le nombre de clandestins, qu’il ne sera pas possible, pour des raisons humaines, d’expulser. Déjà, le gouvernement français rencontre cette contradiction avec la difficulté qui est la sienne face aux problèmes posés par les enfants étrangers, scolarisés, dont la situation dramatique a fait naître un puissant mouvement de solidarité en France. Je suis donc favorable à une politique de régularisation sur la base de critères, comme ce fut le cas entre 1997 et 2002, et nous nous inscrivons dans une logique d’immigration partagée et non pas choisie, car c’est dans le partenariat et le dialogue avec les pays d’émigration dans le co-développement que nous trouverons les bonnes solutions pour maîtriser les flux de population.
Préconisez-vous un assouplissement de la politique des visas ?
Je sais l’exaspération des Algériens vis-à-vis de la politique restrictive des visas aujourd’hui. Et le caractère injuste de ces dispositions. Je souhaite donc que la France intervienne auprès des partenaires européens de l’espace Schengen pour que les contraintes appliquées aux Algériens soient aujourd’hui abrogées au regard de l’évolution positive de la situation en Algérie. Il n’y a pas de raison d’exiger plus des Algériens que de leurs voisins tunisiens ou marocains.
J’entends marquer dans ce déplacement l’attachement que les socialistes portent à l’approfondissement des relations entre la France et l’Algérie. Près de 3 millions de citoyens français puisent une part de leurs racines en Algérie. Nos deux pays sont liés par l’histoire, par la géographie, mais aussi, par des valeurs communes que les échanges entre nos populations contribuent de diffuser. Enfin, la place de l’Algérie au cœur du Maghreb en font pour moi le partenaire naturel de la France pour promouvoir une politique ambitieuse en méditerranée.
Votre dernier ouvrage s’intitule Devoirs de vérité, ce devoir de vérité concerne-t-il la période coloniale ? Vous avez affirmé récemment face à des correspondants de la presse étrangère : « Nous sommes prêts à ce qu’on dise ce qui s’est passé pendant la guerre d’Algérie. » Il n’y a pas que la période de la guerre, il y a toute la période coloniale (1830-1962). L’Etat français doit-il reconnaître et assumer sa responsabilité en la matière ? Si la gauche remportait l’élection présidentielle de 2007 le ferait-elle ?
La colonisation a été un système inéquitable et oppresseur. La guerre d’Algérie a produit, comme toute guerre, des tragédies humaines. Dire cette vérité, n’est pas rajouter du malheur à la douleur, c’est accomplir notre devoir à l’égard de toutes les victimes de cette période. Le retour sur notre passé est nécessaire pour préparer l’avenir.
Que propose le PS pour une écriture, sinon objective du moins honnête, de notre histoire commune ?
C’est un travail qui doit mobiliser les acteurs de cette période, les historiens, mais surtout les sociétés de nos deux pays. Il ne peut pas s’agir pour la France d’écrire toute seule ce qu’est son histoire, alors qu’elle est, pour un temps, celle aussi de l’Algérie. C’est ensemble que nous devons faire cet exercice de reconnaissance et de clarté.
Le traité d’amitié franco-algérien est-il enterré ? Quel contenu votre parti lui assignerait-il ?
L’idée ne vient pas de nous, mais dès lors qu’elle a été lancée et reprise des deux côtés de la Méditerranée, je suis attaché à la signature de ce traité d’amitié. Mais, je sais que la loi du 28 février 2005, votée par la majorité de droite, en France, a suscité incompréhension et colère ici en Algérie mais aussi en France. C’est pourquoi la gauche s’est mobilisée pour l’abrogation de son article 4 qui reconnaissait le caractère positif de la colonisation. Nous avons obtenu gain de cause et Jacques Chirac a fini par faire annuler cette disposition. Aujourd’hui, il faut donc reprendre le dialogue pour aboutir à lever tous les obstacles qui demeurent jusqu’à la conclusion de ce traité.
Quel type de partenariat, avec quels contenus et dans quels domaines prioritaires envisagez-vous d’entretenir avec l’Algérie si la gauche revenait au pouvoir en France ?
Il s’agit pour nous de faire en sorte que l’Europe engage une coopération renforcée avec l’ensemble du Maghreb, et en particulier avec l’Algérie, sur les domaines-clés du développement, les infrastructures, la question énergétique, l’éducation. De cette dynamique nouvelle, nous devons pouvoir espérer une croissance économique plus soutenue de chaque côté de la Méditerranéenne. Dans ce monde qui se globalise, l’Europe et l’ensemble des pays de la Méditerranée doivent se construire une communauté d’intérêt commune. C’est en tout cas le sens que nous entendons donner à notre politique envers l’ensemble du Maghreb. Dans ce cadre européen, il va de soi que des relations privilégiées doivent être développées entre la France et l’Algérie tant nos deux pays ont des intérêts communs.
Vous avez passé un an en Algérie. Quelles images, quels sentiments gardez-vous ?
J’ai effectivement séjourné plus de huit mois à l’ambassade de France à Alger, lors de ma scolarité à l’ENA, c’était il y a plus de vingt-huit ans ! Je découvrais une Algérie fière de son indépendance, mais qui, déjà, attendait beaucoup de la France. Je mesurais le potentiel de l’économie algérienne, trop bridé par les rigidités bureaucratiques. Mais, je garde surtout l’image d’Alger pleine d’une jeunesse qui a fait l’Algérie d’aujourd’hui et déjà de ses antennes de télévision qui nous relient au-delà de la Méditerranée.
Le PS s’est élevé contre la Loi Sarkozy sur l’immigration ? Que propose concrètement votre parti ?
Cette loi introduit plus de précarité et d’instabilité, avec en particulier la suppression de la possibilité de régularisation au bout de 10 ans de présence sur le territoire. Elle aboutira à augmenter le nombre de clandestins, qu’il ne sera pas possible, pour des raisons humaines, d’expulser. Déjà, le gouvernement français rencontre cette contradiction avec la difficulté qui est la sienne face aux problèmes posés par les enfants étrangers, scolarisés, dont la situation dramatique a fait naître un puissant mouvement de solidarité en France. Je suis donc favorable à une politique de régularisation sur la base de critères, comme ce fut le cas entre 1997 et 2002, et nous nous inscrivons dans une logique d’immigration partagée et non pas choisie, car c’est dans le partenariat et le dialogue avec les pays d’émigration dans le co-développement que nous trouverons les bonnes solutions pour maîtriser les flux de population.
Préconisez-vous un assouplissement de la politique des visas ?
Je sais l’exaspération des Algériens vis-à-vis de la politique restrictive des visas aujourd’hui. Et le caractère injuste de ces dispositions. Je souhaite donc que la France intervienne auprès des partenaires européens de l’espace Schengen pour que les contraintes appliquées aux Algériens soient aujourd’hui abrogées au regard de l’évolution positive de la situation en Algérie. Il n’y a pas de raison d’exiger plus des Algériens que de leurs voisins tunisiens ou marocains.
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