Radié par la Banque mondiale pour corruption, le chinois CSCEC coule le béton à la mosquée de Bouteflika .
Jeudi, 16 Août 2012, 22:00 | Tayeb Belmadi(papier paru le 31 octobre 2011 et actualisé) .
Le coulage de béton des fondations de la Grande mosquée d’Alger, surnommée la mosquée de Bouteflika, projet dont la réception est normalement prévue au deuxième semestre 2015, a été entamé jeudi 16 août 2012. La cérémonie s’est faite notamment en présence du ministre algérien des Affaires religieuses, de l’ambassadeur de Chine à Alger et du PDG adjoint de la société chinoise publique « China State Construction Engineering Corporation » (CSCEC) qui a obtenu le marché pour un montant qui avoisine le milliard d’euros.-------------------------------------------------------------------------------
C’est l’occasion de relire l’enquête publiée le 31 octobre 2011 par DNA sur cette entreprise chinoise qui prospère en Algérie alors qu’elle fait l’objet d’une mesure d’interdiction de tout contrat financé par la Banque mondiale jusqu’à janvier 2015 pour suspicion de corruption.
• Lire sur l'APS Grande mosquée d’Alger : le coulage de béton des fondations entamé
Notre enquête est plus que jamais d’actualité. La voici telle que nous l'avions publiée :
Blacklistée par la Banque Mondiale, choyée en Algérie. Les revers subis par la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) avec la Banque mondiale ne l’empêche pas de faire du business en Algérie. Depuis janvier 2009, le groupe chinois de BTP est interdit de contrats par la BM pour une période de six ans.
Alors qu’elle fait l’objet depuis janvier 2009 d’une mesure d’exclusion de la part de la Banque mondiale pour une durée de 6 ans, l’entreprise d’Etat chinoises CSCEC continue d’engranger contrat sur contrat en Algérie.
Le dernier en date étant le marché accordé par le gouvernement algérien pour la construction du centre international de conférences pour un montant de 688 millions de dollars. Quelques jours plutôt, CSCEC avait obtenu le marché de la réalisation de la grande mosquée d’Alger pour un milliard d’euros.
• Lire Centre international des conférences du Club des Pins : Et le gagnant est…le Chinois CSCE
A ces deux contrats s’ajoutent des dizaines d’autres engrangés au cours des dix dernières années.
La Banque mondiale pas sollicitée
Lancés à coups de centaines de milliards de dollars, ces programmes dits de grandes réalisations sont financés par des fonds publics, la Banque mondiale n’y étant rarement associée.
La manne pétrolière étant astronomique, les autorités algériennes ont décidé de ne pas recourir aux service de la Banque mondiale et autres organismes internationaux.
Si CSCEC prospère en Algérie, auprès de la Banque mondiale elle figure tout simplement sur une liste rouge contenant plus d’une centaine de compagnies à travers le monde.
• Voir liste complète des entreprises blacklistées par la Banque mondiale
Pourquoi le géant chinois est-il blacklisté ?
L’affaire remonte au 14 janvier 2009. Ce jour-là, la Banque mondiale annonçait avoir radié sept entreprises et un individu pour s’être livrés à des pratiques de collusion dans le cadre d’un important projet routier financé par cette institution aux Philippines.
Parmi les sanctionnés figurent quatre entreprises chinoises dont la fameuse China State Construction Engineering Corporation.
Radiée jusqu'à janvier 2015
Cette mesure d’exclusion interdit ainsi à CSCEC de soumissionner pour tous les marchés financés par la Banque mondiale à compter du 12 janvier 2009 jusqu'au 12 janvier 2015. A savoir une période de 6 années.
• Lire Autoroute, hôtels, barrages, hôpitaux, écoles, logements : L’empire des Chinois d’Algérie
La décision de radier ces entreprises faisait suite à des investigations menées par le Service de la déontologie institutionnelle (INT) en charge des enquêtes sur les allégations de fraude ou de corruption dans les opérations financées par la Banque mondiale.
Cartel
Selon cette dernière, « les enquêtes menées par INT ont permis de mettre au jour des preuves indiquant qu’un important cartel composé d’entreprises locales et internationales soumissionnait pour des marchés dans le cadre de la première phase du Programme d’amélioration et de gestion des routes nationales aux Philippines (NRIMP 1). »
Les enquêteurs de la BM avaient procédé à « un examen approfondi du processus de passation des marchés auquel ces entreprises ont participé et entrepris de nombreux entretiens avant de conclure les enquêtes et d'entamer les procédures de sanction contre les entreprises concernées. »
Contrat de 33 millions de dollars annulé
Résultat : l’intervention a pu « empêcher l'attribution d'un marché estimé à 33 millions de dollars ».
Le Conseil des sanctions, composé de hauts responsables de la Banque et de juristes externes, a motivé sa décision de radier ces entreprises parce qu'elles « avaient participé à des pratiques de collusion destinées à fixer le montant des offres à des niveaux artificiels et non-compétitifs et à empêcher le Bénéficiaire de tirer parti de la concurrence libre et ouverte ».
En janvier 2009, Leonard McCarthy, vice-président de la Banque mondiale chargé de la déontologie institutionnelle, commentait ainsi cette décision : « Cette affaire constitue l’une des plus importantes et des plus lourdes de conséquences que nous n’ayons jamais traitées ; elle met en lumière l’efficacité du processus d’enquête et de sanction de la Banque mondiale. À mesure que le Groupe de la Banque mondiale renforce ses activités de lutte contre la corruption, le Service de la déontologie institutionnelle fera preuve de vigilance, menant des enquêtes sur les allégations et tenant ceux qui se seraient rendus coupables d’actes répréhensibles comptables de leurs agissements ».
Un marché de 85 millions de dollars retiré aux Chinois au Vietnam
En mars 2010, les autorités vietnamiennes avaient annulé un contrat de 85 millions de dollar accordé à cette même CSCEC pour le drainage et la mise à niveau du canal Nhieu Loc-Thi Nghe, à Hanoï. Raison invoquée? Le groupe chinois figurait sur la liste noire de la Banque mondiale.
D'ici à janvier 2015 date de la levée de la sanction infligée par la Banque mondiale, la China State Construction Engineering Corporation peut toujours prospérer en Algérie.
Article publié le 31 octobre 2011 sous le titre : Il prospère en Algérie : le chinois CSCEC radié pour 6 ans par la Banque mondiale pour corruption
Lire l'article original : Radié par la Banque mondiale pour corruption, le chinois CSCEC coule le béton à la mosquée de Bouteflika | DNA - Dernières nouvelles d'Algérie
Jeudi, 16 Août 2012, 22:00 | Tayeb Belmadi(papier paru le 31 octobre 2011 et actualisé) .
Le coulage de béton des fondations de la Grande mosquée d’Alger, surnommée la mosquée de Bouteflika, projet dont la réception est normalement prévue au deuxième semestre 2015, a été entamé jeudi 16 août 2012. La cérémonie s’est faite notamment en présence du ministre algérien des Affaires religieuses, de l’ambassadeur de Chine à Alger et du PDG adjoint de la société chinoise publique « China State Construction Engineering Corporation » (CSCEC) qui a obtenu le marché pour un montant qui avoisine le milliard d’euros.-------------------------------------------------------------------------------
C’est l’occasion de relire l’enquête publiée le 31 octobre 2011 par DNA sur cette entreprise chinoise qui prospère en Algérie alors qu’elle fait l’objet d’une mesure d’interdiction de tout contrat financé par la Banque mondiale jusqu’à janvier 2015 pour suspicion de corruption.
• Lire sur l'APS Grande mosquée d’Alger : le coulage de béton des fondations entamé
Notre enquête est plus que jamais d’actualité. La voici telle que nous l'avions publiée :
Blacklistée par la Banque Mondiale, choyée en Algérie. Les revers subis par la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) avec la Banque mondiale ne l’empêche pas de faire du business en Algérie. Depuis janvier 2009, le groupe chinois de BTP est interdit de contrats par la BM pour une période de six ans.
Alors qu’elle fait l’objet depuis janvier 2009 d’une mesure d’exclusion de la part de la Banque mondiale pour une durée de 6 ans, l’entreprise d’Etat chinoises CSCEC continue d’engranger contrat sur contrat en Algérie.
Le dernier en date étant le marché accordé par le gouvernement algérien pour la construction du centre international de conférences pour un montant de 688 millions de dollars. Quelques jours plutôt, CSCEC avait obtenu le marché de la réalisation de la grande mosquée d’Alger pour un milliard d’euros.
• Lire Centre international des conférences du Club des Pins : Et le gagnant est…le Chinois CSCE
A ces deux contrats s’ajoutent des dizaines d’autres engrangés au cours des dix dernières années.
La Banque mondiale pas sollicitée
Lancés à coups de centaines de milliards de dollars, ces programmes dits de grandes réalisations sont financés par des fonds publics, la Banque mondiale n’y étant rarement associée.
La manne pétrolière étant astronomique, les autorités algériennes ont décidé de ne pas recourir aux service de la Banque mondiale et autres organismes internationaux.
Si CSCEC prospère en Algérie, auprès de la Banque mondiale elle figure tout simplement sur une liste rouge contenant plus d’une centaine de compagnies à travers le monde.
• Voir liste complète des entreprises blacklistées par la Banque mondiale
Pourquoi le géant chinois est-il blacklisté ?
L’affaire remonte au 14 janvier 2009. Ce jour-là, la Banque mondiale annonçait avoir radié sept entreprises et un individu pour s’être livrés à des pratiques de collusion dans le cadre d’un important projet routier financé par cette institution aux Philippines.
Parmi les sanctionnés figurent quatre entreprises chinoises dont la fameuse China State Construction Engineering Corporation.
Radiée jusqu'à janvier 2015
Cette mesure d’exclusion interdit ainsi à CSCEC de soumissionner pour tous les marchés financés par la Banque mondiale à compter du 12 janvier 2009 jusqu'au 12 janvier 2015. A savoir une période de 6 années.
• Lire Autoroute, hôtels, barrages, hôpitaux, écoles, logements : L’empire des Chinois d’Algérie
La décision de radier ces entreprises faisait suite à des investigations menées par le Service de la déontologie institutionnelle (INT) en charge des enquêtes sur les allégations de fraude ou de corruption dans les opérations financées par la Banque mondiale.
Cartel
Selon cette dernière, « les enquêtes menées par INT ont permis de mettre au jour des preuves indiquant qu’un important cartel composé d’entreprises locales et internationales soumissionnait pour des marchés dans le cadre de la première phase du Programme d’amélioration et de gestion des routes nationales aux Philippines (NRIMP 1). »
Les enquêteurs de la BM avaient procédé à « un examen approfondi du processus de passation des marchés auquel ces entreprises ont participé et entrepris de nombreux entretiens avant de conclure les enquêtes et d'entamer les procédures de sanction contre les entreprises concernées. »
Contrat de 33 millions de dollars annulé
Résultat : l’intervention a pu « empêcher l'attribution d'un marché estimé à 33 millions de dollars ».
Le Conseil des sanctions, composé de hauts responsables de la Banque et de juristes externes, a motivé sa décision de radier ces entreprises parce qu'elles « avaient participé à des pratiques de collusion destinées à fixer le montant des offres à des niveaux artificiels et non-compétitifs et à empêcher le Bénéficiaire de tirer parti de la concurrence libre et ouverte ».
En janvier 2009, Leonard McCarthy, vice-président de la Banque mondiale chargé de la déontologie institutionnelle, commentait ainsi cette décision : « Cette affaire constitue l’une des plus importantes et des plus lourdes de conséquences que nous n’ayons jamais traitées ; elle met en lumière l’efficacité du processus d’enquête et de sanction de la Banque mondiale. À mesure que le Groupe de la Banque mondiale renforce ses activités de lutte contre la corruption, le Service de la déontologie institutionnelle fera preuve de vigilance, menant des enquêtes sur les allégations et tenant ceux qui se seraient rendus coupables d’actes répréhensibles comptables de leurs agissements ».
Un marché de 85 millions de dollars retiré aux Chinois au Vietnam
En mars 2010, les autorités vietnamiennes avaient annulé un contrat de 85 millions de dollar accordé à cette même CSCEC pour le drainage et la mise à niveau du canal Nhieu Loc-Thi Nghe, à Hanoï. Raison invoquée? Le groupe chinois figurait sur la liste noire de la Banque mondiale.
D'ici à janvier 2015 date de la levée de la sanction infligée par la Banque mondiale, la China State Construction Engineering Corporation peut toujours prospérer en Algérie.
Article publié le 31 octobre 2011 sous le titre : Il prospère en Algérie : le chinois CSCEC radié pour 6 ans par la Banque mondiale pour corruption
Lire l'article original : Radié par la Banque mondiale pour corruption, le chinois CSCEC coule le béton à la mosquée de Bouteflika | DNA - Dernières nouvelles d'Algérie
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