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Tunisie : les salafistes profitent du laxisme du gouvernement provisoire d’Ennahda

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  • Tunisie : les salafistes profitent du laxisme du gouvernement provisoire d’Ennahda

    Violente attaque menée par des assaillants armés de sabres et de bâtons lors d’un festival, interdiction de monter sur scène faite à une troupe musicale iranienne de confession chiite et annulation d’un spectacle humoristique jugé peu conforme à la religion… Depuis quelques semaines, des groupes salafistes multiplient les actions spectaculaires et violentes en Tunisie. Au grand dam d’une partie de la société civile qui pointe du doigt l’inertie du gouvernement. Intervenant au cours de l’élaboration de la nouvelle constitution tunisienne mais aussi à quelques mois des élections présidentielles et législatives prévues le 20 mars 2013, elles inquiètent de plus en plus les Tunisiens et suscitent de nombreuses interrogations sur le devenir de la « révolution du jasmin".

    « Le mouvement salafiste n’est pourtant pas enraciné dans la société tunisienne »

    Pourtant, malgré les craintes et les appréhensions qu’ils suscitent, les islamistes radicaux ne sont pas très nombreux en Tunisie. « Il y a deux grandes tendances dans le salafisme en Tunisie : la première est réformiste, avec 30 000 à 40 000 adeptes et la deuxième, djihadiste, en compte quelque 7 000 », explique Alaya Allani, historien et chercheur tunisien en islamisme au Maghreb.

    Le nombre des adeptes de cette mouvance ne pourrait dépasser les 50 000 au total, selon lui. « Il ne s’agit pas d’un mouvement enraciné. Il n’y a pas d’infrastructures salafistes en Tunisie », assure‑t‑il.


    « Le laxisme de l’État l’encourage »

    Mais la montée de la violence islamiste est bien réelle. Plusieurs raisons l’expliquent. Celle évoquée le plus souvent par les militants des droits de l’Homme, les ONG et les analystes est le laxisme de l’État incarné par le nouveau gouvernement islamiste d’Ennahda. « Deux facteurs encouragent les salafistes à se comporter violemment contre les artistes. Le premier est le projet de loi présenté par Ennahda à la Chambre de la Constituante pénalisant toute personne, artiste, peintre ou écrivain qui oserait porter atteinte au sacré. La deuxième est la souplesse du parti au pouvoir [Ennahda] vis‑à‑vis des salafistes », souligne Alaya Allani.

    « La première chose que je remets en cause est le laxisme de l’État face à cette minorité », affirme pour sa part Sarah Ben Hamadi, une bloggeuse tunisienne qui a activement participé à la révolution du jasmin. Selon elle, Ennahda, qui dirige la coalition au gouvernement, se contente de dénoncer les actes d’agression et les attaques des salafistes. Mais il oublie que son rôle principal est d’intervenir et d’empêcher ces agressions. La militante en veut pour preuve « le peu d’arrestations effectuées dans les rangs des salafistes ».


    « Pour détourner l’opinion publique des vrais problèmes socio‑économiques »

    « Des analystes estiment que cette politique d’hésitation d’Ennahda vis‑à‑vis des salafistes est une déviation de l’opinion publique », explique Alaya Allani. C’est que le parti islamiste, actuellement au pouvoir, fait face à de grands problèmes socio‑économiques et à l’angoisse de l’échec lors du prochain scrutin. « Les indices économiques ne sont pas bons. Les problèmes sociaux persistent et la sécurité constitue un vrai défi », analyse le chercheur tunisien. Mais face à la montée des violences, le gouvernement de transition sera contraint d’agir pour contenir les salafistes.
    TSA
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