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La profondeur stratégique de l’offensive du 20 Août 1955

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  • La profondeur stratégique de l’offensive du 20 Août 1955

    Par Abdelmadjid Merdaci, historien et sociologue

    Le samedi 20 Août 1955 à midi pile, trente quatre centres, villages et villes du nord constantinois faisaient l’objet d’attaques coordonnées d’éléments de l’ALN renforcés ici ou là par des civils à l’armement rudimentaire. Etaient ciblés les casernes de gendarmerie, les commissariats de police, les réserves de carburant et les symboles du pouvoir colonial. Concepteur et dirigeant de l’offensive, Zighoud Youssef avait aussi clairement désigné les collaborateurs de l’administration – El Bayoua’a – comme objectif et sur un plan plus expressément politique visé – principalement à Constantine- les personnalités sollicitées par le gouverneur général Jacques Soustelle comme partenaires d’une possible « troisième voie » à opposer au FLN.

    L’ampleur de l’offensive menée en plein jour, par la diversité de ses objectifs, la coordination des actions, l’étendue du territoire, l’implication aussi des populations civiles pour rappeler les opérations du 1er novembre 1954 notamment par le contexte particulier de cette première année de résistance conduite par le FLN/ALN.

    « La Révolution », pour reprendre les mots de « Si Ahmed » comme ses proches aimaient à appeler Zighoud, traversait un cap difficile et le chef de la zone 2 du nord constantinois en était particulièrement conscient qui confessait à ses cadres rassemblés au douar Zamane « qu’il avait appréhendé ce jour ou le destin de la révolution reposerait sur mes épaules ». C’est au terme d’un mois d’isolement et d’évaluation de la situation dans le douar de Boussatour que Zighoud convoque les cadres de la zone 2 – Bentobbal, Mostefa Benaouda, Boubnider, Kafi, Smain Zighed, Messaoud Boudjeriou, entre autres- et les informe de ses décisions.

    Successeur de Zighoud Youssef à la tête de la wilaya 2, Abdallah Bentobbal dira plus tard « J’avoue que j’avais éprouvé un sentiment de peur en écoutant Si Ahmed » et la lucidité de l’analyse développée par le patron de la zone témoignait autant de la qualité de son engagement et de son courage que de sa compétence de grand dirigeant politique.

    La veille de l’offensive qui devait redistribuer radicalement les cartes politiques et militaires du conflit, la situation du FLN :ALN était particulièrement précaire.

    Outre l’offensive du nouveau gouverneur général de l’Algérie Jacques Soustelle en vue de susciter une troisième voie indigène qui ferait barrage aux prétentions du FLN, il y a les questions de la direction de la résistance, des liaisons entre zones, de l’armement des maquis qui faisaient peser un risque réel sur le devenir de l’insurrection lancée le premier novembre.

    Il faut en effet rappeler que la réunion prévue en janvier 1955 par les fondateurs du FLN – Boudiaf, Benboulaid, Didouche, Krim, Bitat, Ben M’Hidi – n’avait pu se tenir. Boudiaf, Ben M’Hidi, requis par la question de l’armement étaient à, l’extérieur, Didouche tombé au champ d’honneur le 18 janvier, Ben Boulaid et Bitat arrêtés respectivement en février et en mars laissaient le seul Krim sur le terrain du combat.

    La lecture, essentiellement politique que Zighoud faisait de cette situation l’avait conduit à la nécessité de « la relance de la révolution » et faut-il ainsi prendre acte de la profondeur stratégique de l’offensive du 20 Août 1955 qui, les évènements devaient vite le vérifier, excédaient les seules limites territoriales du nord constantinois.

    Selon les chiffres rendus publics par les autorités françaises les attaques du 20 Août ont fait soixante et onze victimes européennes alors que la répression, conduite par l’armée française et les milices civiles européennes ont fait entre douze et quatorze mille victimes musulmanes selon un rapport rendu public par le FLN et jamais démenti.

    Au-delà des polémiques qu’avaient pu susciter les opérations du 20 Août 1955 lors du congrès de la Soummam – Abane reprochant aux constantinois « d’avoir mené le peuple à l’abattoir »- celles-ci ont entrainé un changement radical dans la nature du conflit. L’historien Benjamin Stora pouvait écrire à raison que « La France entrait en guerre » ; à preuve, les décisions du gouvernement Edgar Faure portant extension de l’état d’urgence, alors appliqué dans les Aurès et en Kabylie, à l’ensemble du territoire algérien et plus particulièrement celle du renforcement du contingent combattant de quelque cent quatre vingt mille hommes par le maintien et le rappel de classes d’appelés.

    Au plan politique, outre la réactivation des contacts en vue de la tenue d’un congrès du Front dont la première initiative revient à Zighoud Youssef, le « manifeste des soixante et un élus indigènes » signale un début de basculement de supports traditionnels de l’administration.

    Sur le terrain même le FLN/ALN, en dépit de toutes les difficultés et de la répression, affirmait de nouveau avec force sa capacité d’agir et nul doute que l’offensive du nord constantinois aura pesé sur l’opinion algérienne.

    Elle aura eu le mérite de prolonger l’action initiée en novembre et de poser au FLN et aux Algériens les questions décisives de sa poursuite tant au plan militaire que politique.

    Par Abdelmadjid Merdaci, pour Bab edd'Art
    le Mercredi 22 Aoùt 2012.


    Source.


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    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

  • #2
    Merci pour le partage, c'était très instructif
    Les moudjahidines algériens n'ont pas laisser de répits à la France, ils l'ont écœuré .
    veni vidi vici .

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