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Tunisie : le gouvernement essaie de domestiquer les médias publics

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  • Tunisie : le gouvernement essaie de domestiquer les médias publics

    Dar Assabah était, le 14 janvier 2011, propriété à hauteur de 70% de Sakhr Al Materi, le gendre de Ben Ali. C’est désormais le gouvernement qui gère la maison d’édition.


    Le journal télévisé de 20h de la chaîne nationale constitue l’enjeu principal de la bataille qui fait rage ces jours-ci en Tunisie autour de la ligne de rédaction des médias publics, dix mois après la victoire des islamistes aux élections du 23 octobre 2011.

    A coups de nominations de leurs proches, les islamistes d’Ennahda essaient de rééquilibrer un paysage médiatique qui leur est quasiment hostile.

    Ainsi, le gouvernement vient de nommer l’animatrice Imane Bahroun à la tête de la Télévision nationale à la place de Adnène Khedher, et le journaliste Lotfi Touati à la tête de Dar Assabah, éditrice de deux quotidiens (Assabah et le Temps) et d’un hebdomadaire (Al Ousbouï).

    Pourtant, la nomination de Adnène Khedher à la télé, le 9 janvier dernier, a été l’une des premières décisions du gouvernement de Hamadi Jebali, avec les mêmes objectifs assignés à Mme Bahroun : rééquilibrer l’info en faveur des islamistes.

    «Mais, huit mois après, le gouvernement a constaté que la ligne de rédaction du journal télévisé est restée indépendante.

    Loin de là, même Saïd Khezami, le directeur de l’information à la télé nationale, ramené du Golfe pour les besoins de cette cause, s’est dressé contre la domestication des médias», a souligné Nejiba Hamrouni, la présidente du Syndicat des journalistes tunisiens. «La position de Saïd Khezami, un produit d’Al Jazeera, montre à quel degré de manipulation ils veulent procéder», a-t-elle conclu.

    Pour ce qui est de la nomination de Lotfi Touati à la tête de Dar Assabah, elle a soulevé un tollé général chez les journalistes de cet établissement.

    «C’est un RCDiste, doublé d’un ancien flic, qui n’a rien à voir avec les médias de la révolution», a expliqué la journaliste Monia Ben Hamadi, venue soutenir ses collègues de Dar Assabah. Les éditions du vendredi 17 août des journaux Assabah et le Temps sont sorties avec des rectangles blancs en guise d’éditoriaux pour marquer leur protestation contre cette nomination.

    Par ailleurs, les journalistes ont publié sur les mêmes éditions un communiqué où ils expriment «leur refus catégorique de cette nomination» et insistent sur «leur attachement à l’indépendance de la ligne éditoriale de leur établissement et les principes sur lesquels il œuvre depuis plus d’un demi-siècle, ainsi qu’à la défense d’une presse libre, indépendante et pluraliste après la révolution du 14 janvier.»


    Résistance


    «Les journalistes de Dar Assabah vont également organiser aujourd’hui un sit-in devant le siège du gouvernement pour exprimer leur rejet de la nomination de Lotfi Touati. Nous n’allons pas abandonner notre bataille pour l’indépendance des médias», a ajouté Sana Farhat, journaliste au quotidien le Temps.

    Par ailleurs, une assemblée générale est prévue demain par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour «envisager une action commune en vue de préserver les acquis de la révolution en matière d’indépendance des médias», a souligné son secrétaire général, Mongi Khadhraoui. Selon ce dernier, la nomination d’Imane Bahroun confirme les appréhensions de Saïd Khezami, le directeur de l’information sur la chaîne nationale, qui a averti que «le gouvernement veut faire de la chaîne, qui est l’un des médias les plus réputés, un moyen pour servir ses intérêts».

    Du côté du gouvernement, on plaide l’attachement à la liberté de la presse. «Il n’y a aucun risque sur les lignes de rédaction dans la mesure où les conseils de rédaction sont élus aussi bien à la Télévision nationale qu’à Dar Assabah», explique le chargé de l’information et de la communication au Premier ministère,
    Ridha Kazdoghli.

    De notre correspondant Mourad Sellami, El Watan.
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