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Si la place du 1er Novembre m’était contée…

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  • Si la place du 1er Novembre m’était contée…

    Avant de devenir cette esplanade qui accueille régulièrement les festivités de commémoration du déclenchement de la guerre de libération nationale ou de la fête de l’indépendance, les manifestations de soutien aux peuples opprimés ou de protestation contre telle ou telle avanie sociale et cette promenade courue par les touristes, la place du 1er Novembre 1954, sans doute la plus connue d’Oran, a d’abord été le lieu où a été élevé un monument à la mémoire des soldats français morts lors de la bataille de Sidi Brahim en 1845.

    Les historiens racontent - et les archives sont disponibles sur Internet – que, pour commémorer le cinquantenaire de cette mémorable bataille qui vit «les cavaliers de l’Emir Abdelkader infliger, après une résistance de trois jours et autant de nuits, une cruelle défaite aux troupes françaises commandées par le Général Lamoricière, les autorités municipales d’Oran décidèrent d’ériger sur cet immense plateau servant de champs de manœuvres militaires, une obélisque surmontée d’une gloire ailée présentant une couronne de palmes, et plaquée contre une de ses faces, une statue de femme tenant un drapeau, symbolisant la France (…)» Plus tard, cette place changea d’appellation au gré de l’humeur du colon, devenant successivement la place Marechal Foch, place Napoléon et, enfin, place d’Armes, dénomination qu’elle garda jusqu’à l’indépendance en juillet 1962.

    Le 1er juillet de cette année-là, raconte dans l’un de ses ouvrages, Fouad Soufi, conservateur en chef aux Archives nationales d’Algérie et chercheur au Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d’Oran, un premier meeting de l’Algérie indépendante rassemblait sur la place en question 4 000 personnes et, en présence des membres de la Commission mixte de réconciliation, le capitaine Bakhti, commandant la Zone autonome d’Oran, avait eu ces mots rassurants: «Un voile épais a séparé les deux communautés. Ne cherchons plus les responsables, ayons seulement la force d’âme propre à oublier tout ce qui a pu nous séparer.»


    Aujourd’hui encore, cinquante ans après, de nombreuses zones d’ombre entourent les tragiques événements qui eurent lieu ce 5 juillet entre 12h et 17h et aboutirent au massacre de plusieurs dizaines d’Européens (les chiffres n’ont pas été déterminés avec exactitude). Depuis la révolution de 1988, la place du 1er-Novembre -dont la stèle a subi quelques changements postindépendance, dont la sculpture sur ses flancs du visage de l’Emir Abdelkader- constitue le lieu de prédilection des manifestants de tous bords : des meetings organisés contre le terrorisme, dans les années 90, aux manifestations de soutien au président de la République en passant par le mouvement des dizaines de journalistes qui s’y sont rassemblés en 2 000 pour manifester leur rejet du code pénal-bis d’Ahmed Ouyahia, les manifestations des milliers de citoyens qui y dénoncé le printemps noir de Kabylie en 2001 ou le massacre perpétré contre les Palestiniens de Ghaza en 2009, celle réprimée du Cncd dénonçant le pouvoir ou tous les rassemblements ou tentatives de rassemblements initiés pour dénoncer le chômage, la crise du logement…, l’ex-place d’Armes est devenue le symbole de la contestation populaire à Oran.


    Située en plein centre-ville d’Oran, à proximité de l’Hôtel de Ville et du Théâtre régional Abdelkader- Alloula, l’esplanade a également été le symbole du renouveau -malheureusement raté- du secteur de la culture, puisqu’elle abrite régulièrement les festivités culturelles (elle a été le théâtre de l’ouverture en grandes pompes de la deuxième édition du Festival international du film arabe en 2008, a servi à la projection des films plein-air en nocturne, a accueilli une partie du Festival Panafricain…). Aujourd’hui, la place du 1er novembre 1954, anciennement place d’Armes, ex-place du Maréchal Foch, ex-place Napoléon, est au centre des travaux de réalisation du tramway qui entame ainsi (il faut l’espérer) la dernière ligne droites afin de permettre l'accueil les festivités du cinquantenaire de l’Indépendance .


    Par la tribune.
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