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Chaâbet L'Akhera, le pittoresque et l'histoire

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  • Chaâbet L'Akhera, le pittoresque et l'histoire

    A la sortie de la ville de Kherrata (Béjaïa), en prenant l’ancienne route, on débouche sur les gorges ravinées de Chaâbet L’Akhera, paysage pittoresque et hautement symbolique.


    Un canyon impressionnant faisant le lit du cours impétueux de l’oued Agrioun. L’empreinte sanglante de la légion étrangère gravée en grosses majuscules sur le granit noir. Le souvenir du docteur Hanouz et des martyrs du 8-Mai 1945 immortalisé sur de petits carreaux de céramique.

    Ce lieu sauvage est, en effet, le témoin de nombreux crimes coloniaux.
    «Dans les Gorges de Kherrata, du haut d’une falaise qui surplomb l’oued, d’un coup de pied, les justiciers font basculer dans le ravin les corps de prisonniers exécutés d’une rafale dans le dos, rangée après rangée», témoigne Henri Alleg dans son ouvrage intitulé De la guerre d’Algérie. Révoltés par la répression sauvage de la manifestation qui eut le même jour à Sétif, les populations de Kherrata ont pris une part active aux manifestations historiques du 8 Mai 1945.

    Pour la petite histoire, le jeune Sâal Bouzid, premier martyr de ces événements sanglants, fusillé alors qu’il brandissait le drapeau algérien, est originaire de cette même ville.

    Dans son rapport sur ces événements, le général Tubert évoque des barricades dressées sur la RN9 au niveau de la commune mixte de Takitount et des troubles dans toute la région qui vont, ensuite, s’étendre aux localités voisines comme El Ouricia, Aokas, Fedj M’Zala et Ammoucha.

    La répression fut immédiate et sans commune mesure. «Blindés et artillerie lourde, aidés par l’aviation, pilonnent la zone de dissidence. Depuis la côte de Bougie, les canons du Duguay-Trouin écrasent les douars de la région d’Oued Marsa. On tire à vue. It was an open season (c’était la chasse à volonté)», écrira un journaliste américain. La route, jalonnée de minuscules tunnels creusés à même le massif rocheux et de petits ponts en maçonnerie, a aussi sa petite histoire.

    En 1852, lors de l’ouverture de ce passage étroit pour relier les villes de Sétif et Béjaïa, les autorités coloniales rencontrèrent une farouche résistance
    . Le général Maïssiat, qui protège le chantier, se déclarera vite «débordé». Les expéditions punitives des généraux Randon (1853), Bonvalet (1864), atténuèrent momentanément l’audace des insurgés, mais sans vaincre leur détermination. C’est seulement en 1865 que les armées du général Périgot, soutenues par les goumiers des Ou Rabah et Khatri, réussirent à «nettoyer» systématiquement la région.

    Villages incendiés, résistants fusillés, population déportée, voilà pour le prix de cette route.


    L’endroit séduit aujourd’hui plus par son panorama vertigineux que par ces considérations historiques qui restent, pour l’essentiel, méconnues. Le jet argenté de la source verte qui alimente le littoral en eau potable, les pinèdes luxuriantes surplombant des falaises abruptes et la charmante présence du singe magot qui y a aussi creusé ses grottes, rajoutent, il est vrai, une pointe exotique à la féerie des lieux. On est cependant nombreux à plaider pour l’érection d’un mémorial en hommage aux centaines de martyrs et de combattants tombés dans ces lieux chargés d’histoire.


    ar Kamel Amghar , La Tribune
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