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Les «oligarques» américains pèsent sur la campagne

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  • Les «oligarques» américains pèsent sur la campagne

    Depuis l'apparition des comités d'action politique (PAC) en 2010, la présidentielle américaine peut être financée sans limite par des citoyens ou des entreprises.

    Avec qui Paul Ryan, le colistier du candidat républicain Mitt Romney, avait-il rendez-vous le 14 août dans une chambre de l'hôtel-casino Venetian de Las Vegas? Le secret de Polichinelle fut rapidement éventé: il s'agissait de Sheldon Adelson, propriétaire des casinos Las Vegas Sands et très généreux donateur pro-républicain dans la course à la Maison-Blanche.

    Ayant promis au total 100 millions de dollars pour installer Romney à la magistrature suprême, Adelson pouvait se permettre de convoquer Ryan séance tenante, afin de jauger sur pièce le jeune parlementaire du Wisconsin. «Il y a fort à parier qu'Israël a été mis sur la table», assure un proche du magnat, Adelson exigeant des candidats auxquels il apporte son aide qu'ils se muent en farouches défenseurs de l'État hébreu. Ryan se devait d'aller prêter allégeance au roi des machines à sous dans le Nevada.

    Annoncé comme particulièrement «sale» à cause du volume sans précédent de negative ads («publicités négatives») que depuis des mois les deux camps déversent à l'égard de leurs adversaires respectifs, le cru 2012 des présidentielles outre-Atlantique brille surtout pour l'invasion de la sphère électorale par les oligarques américains, dont les ressources illimitées pourraient bien faire basculer le scrutin en alimentant la course aux extrêmes de ce matraquage médiatique.

    Généreux mécènes

    Depuis la création des «super PAC», les premiers à s'engouffrer dans la brèche furent les républicains. Vite convaincus du parti qu'ils pourraient retirer de ces nouveaux canaux de financement, ils garantissaient à leurs contributeurs une discrétion très appréciée. Depuis, les généreux mécènes affluent dans le camp républicain. Ex-éminence grise de George W. Bush à la Maison-Blanche de 2000 à 2007, le très influent Karl Rove a fondé un super PAC appelé American Crossroads (voir nos éditions du 27 juillet). Il s'est fixé pour objectif de collecter un milliard de dollars afin d'évincer Obama et de reprendre la main au Congrès.

    Tout aussi discrets que Sheldon Adelson, les frères Koch, David et Charles, 4e fortune d'Amérique tirée des revenus du pétrole, pèsent de tout leur poids financier dans la campagne présidentielle de Mitt Romney. Pesant au bas mot 50 milliards de dollars, les fondateurs du mouvement Américains for Prosperity, proche des Tea Party et de Paul Ryan, envisageraient d'y contribuer pour 400 millions de dollars. Le 4 juillet dernier, une somptueuse garden-party dans leur propriété familiale des Hamptons, à l'est de New York sur Long *Island, a réuni tout l'establishment républicain de la côte Est, loin des caméras et du tapage médiatique.

    D'autres tels que Joe Ricketts, fondateur de la société de courtage TD Ameritrade et patron de l'équipe de base-ball des Chicago Cubs, s'embarrassent moins de scrupules: Ricketts a accolé son nom et 10 millions de dollars à une publicité nauséabonde accusant Obama de suivre les préjugés raciaux de son ex-mentor spirituel Jeremiah Wright, avant de se rétracter face au scandale naissant.

    Manipulation de l'opinion

    Cette capacité croissante des oligarques d'orienter la campagne et de manipuler l'opinion à leur guise inquiète les candidats eux-mêmes, gênés aux entournures par cette dérive préoccupante. Du côté démocrate, de vives tensions auraient surgi au sein de l'équipe de campagne, Barack Obama a lui-même exprimé son hostilité au phénomène des super PAC, avant de finalement reconnaître le danger incarné par Rove, Ricketts et les frères Koch… et accepter d'employer les mêmes armes. Trop tard pour certains bienfaiteurs amèrement déçus par son premier mandat et peu enclins à mettre les mains dans le cambouis, à l'instar de Penny Pritzker.

    Distancé dans cette frénétique course aux dollars, Barack Obama peut-il rattraper le temps perdu? À New York, plus une semaine ne s'écoule sans que retentisse le vrombissement saccadé de «Marine One», l'hélicoptère présidentiel Sea King vert olive et blanc, dans le ciel de Manhattan. Où, comme à *Hollywood, autre fief démocrate traditionnel, a sonné le rappel des grands argentiers démocrates, tels le réalisateur et producteur Steven Spielberg, le philanthrope George Soros, la chanteuse Beyoncé, les acteurs George Clooney et Morgan Freeman, ainsi que l'investisseur Warren Buffett qui, en 2011, appelait ses pairs à faire des donations volontaires au fisc pour alléger le fardeau de la dette publique. Dernier venu, Irwinn Mark Jacobs, ex-patron de Qualcomm, le leader mondial des brevets 3G et des puces de téléphones mobiles, a offert en juillet 2 millions de dollars à Priorities Action USA, le plus actif des super PAC démocrates. Qui paraît toujours étrangement atrophié face à ses richissimes rivaux républicains.

    source: lefigaro.fr
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