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Le Maroc et l'Algérie, pays voisins, espèrent l'ouverture des frontières.

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  • Le Maroc et l'Algérie, pays voisins, espèrent l'ouverture des frontières.

    Aux yeux des Algériens vivant au Maroc et des Marocains vivant en Algérie, la frontière fermée est un peut-être un problème pour les hommes politiques, mais pas pour le peuple.

    Le sujet est prompt à être abordé dans les discussions de tous, dans la rue, et tout débat portant sur les relations bilatérales existant entre les pays avoisinants en arrive toujours à mentionner le fait que ce sont les tensions politiques qui ont bloqué le projet de l'Union du Maghreb Arabe (UMA).

    "Mais les gens peuvent faire une distinction entre des relations de voisinage et des affaires politiques," souligne Ichrak Tawafi, une étudiante marocaine qui compte dans son cercle d'amis des membres de la communauté algérienne.

    "Personnellement, j'ai décidé d'arrêter de discuter de politique avec les Algériens que je connais. C'est un sujet extrêmement compliqué", dit Tawafi.

    Plus qu'elle n'attise l'hostilité, l'affaire de la frontière est dorénavant un sujet susceptible d'être traité avec humour. "Diwana", avec le comédien marocain Hassan El Fad et l'acteur algérien Abdelkader Secte dans le rôle de deux douaniers, a été diffusé durant le Ramadan sur la chaîne marocaine 2M. Cette série a su provoquer des tempêtes de rires sur la question plutôt grave de la fermeture de la frontière, qui dure depuis presque 20 ans.

    Les querelles politiques entre les gouvernements n'ont que peu d'impact sur les relations inter-personnelles. Les craintes que les ressortissants d'un des deux pays vivant dans l'autre subissent l'isolement ou des traitements discriminatoires ne sont pas fondées.

    "Je constate toujours que les Algériens qui vivent parmi nous ne ressentent pas le fait qu'ils sont d'une nationalité différente", dit Tawafi, qui est en train de passer son doctorat.

    Houcine Boulmanem, jeune entrepreneur marocain faisant des affaires en Algérie, a vécu des expériences similaires. "Les Algériens se sont toujours montrés accueillants envers moi. Je n'ai jamais subi aucune forme de discrimination, que ce soit de la part de la population ou des autorités, et ce où que j'aille", explique-t-il à Magharebia.

    "Quand j'ai fait mon tout premier voyage, je ne me suis jamais senti désorienté, pourtant je passais d'un pays à un autre", raconte-t-il.

    L'avion décolle même de Dar El Beida au Maroc, atterrissant à Dar El Beida en Algérie, remarque Boumanem.

    L'Algérien Samir Abdelmalek, qui travaille dans le secteur de la presse au Maroc, n'a jamais rencontré de problèmes lors de son intégration dans le monde des médias, de l'autre côté de la frontière. Il s'est de surcroît rendu compte qu'il pouvait passer facilement d'un emploi à un autre pour développer sa carrière.

    Les Marocains vivant en Algérie ressentent la même chose. Nada, une jeune femme qui vient de s'établir à Alger en compagnie de son mari, affirme ne jamais avoir subi une seule discrimination.

    "Les Algériens sont amicaux et ils s'intéressent à nous, ils nous demandent si nous nous sommes bien intégrés dans la société. Et c'est ainsi que les choses doivent se passer, parce que nous sommes, virtuellement, la même nation et que nous avons de nombreuses choses en commun", indique Nada.

    "Nous n'avons rien à voir avec les différences politiques", ajoute-t-elle.


    Yasmina Si Abderrahmane, membre de l'association Maghreb 21, est particulièrement gênée par les conséquences dans les familles que peut entraîner la fermeture des frontières.

    "A Oujda, il y a des gens qui ont des proches en Algérie, à seulement quelques kilomètres au-delà de la frontière. Ce n'est vraiment pas une situation agréable à vivre. Les deux nations veulent pouvoir se rapprocher", déclare-t-elle.

    "Quand on se trouve en contact les uns avec les autres, on se rend compte qu'on s'entend très bien", poursuit-elle. "Je pense que nous ne formons qu'une seule nation, avec les mêmes traditions et la même culture".

    La tendance au réchauffement dans les rues trouve un écho dans l'arène politique. Les choses ont pris une tournure positive ces derniers mois.

    Les relations entre l'Algérie et le Maroc ont connu une amélioration spectaculaire au mois de janvier, à l'occasion de la visite, à Alger, du ministre marocain des Affaires étrangères Saad Eddine El Othmani. Ce séjour - le premier d'un chef de la diplomatie marocaine en Algérie depuis 2003 - avait pour objectif de redonner un élan à l'Union du Maghreb arabe (UMA).

    Les frontières entre l'Algérie et le Maroc devront s'ouvrir "tôt ou tard", a déclaré pour sa part le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia au journal El Khabar en date du 14 mars.

    "Les choses avancent maintenant d'une manière excellente, sur la base de visites mutuelles et de réunions, et ce des deux côtés, ce qui indique un réchauffement des relations", a-t-il dit. "Les frontières devront donc être réouvertes".

    Il a ajouté que c'était spécialement le cas puisque "nous sommes deux pays voisins obligés de compter l'un avec l'autre au vu de tout ce qui nous unit, la langue, la religion, les traditions communes, notre histoire et notre avenir partagés."

    A la fin du mois dernier, le Roi Mohammed VI a répété son appel à "sortir (l'Union du Maghreb de son état actuel d'inertie pour lui donner un dynamisme qui nous aidera à réaliser un développement durable et intégré".

    "Le Maroc continuera ses efforts visant à renforcer ses relations bilatérales avec tous ses partenaires du Maghreb - notamment avec notre voisine et notre soeur, la nation algérienne - afin de répondre aux aspirations pressantes et légitimes des populations de la région", a déclaré le souverain lors d'un discours télévisé prononcé à l'occasion de la Journée du Trône.

    Le commerce entre l'Algérie et les autres pays del'Union du Maghreb arabe a connu une amélioration de 18,14 % en 2011. Et le Maroc est resté le premier partenaire commercial de l'Algérie l'année dernière.

    Mais un nouveau rapport publié au début du mois par la Banque Africaine de Développement (AfDB) indique que la région du Maghreb se classe dernière au niveau de l'intégration économique dans le monde.

    La frontière entre l'Algérie et le Maroc, fermée depuis 1994, est l'un des plus grands obstacles à la réalisation de l'Union du Maghreb arabe toujours en sommeil, remarque l'AfDB.

    Et pourtant, malgré l'impasse politique, "le potentiel est énorme", dit Emanuele Santi, économiste à l'AfDB.

    "Le nouveau contexte politique en Afrique du Nord et la crise en Europe, qui oblige les pays à diversifier les marchés, offrent une opportunité en or de se concentrer à nouveau sur l'agenda de l'intégration régionale en tant que moteur de croissance pour tous les pays", explique Santi.


    Peu importe ce qui peut survenir entre les gouvernements marocain et algérien, les citoyens de ces pays frères partagent les mêmes objectifs, déclare Taghzout Ghezali du Mouvement des Jeunes Indépendants pour le Changement (MJIC) et membre fondateur de l'Union de la Jeunesse Euro-Maghreb (UJEM).

    "Ce que le peuple veut, c'est que la frontière soit ouverte", dit-il à Magharebia. "Ce n'est pas agréable de voir des gens, qui vivent seulement à quelques kilomètres les uns des autres, être dans l'incapacité de traverser la frontière en raison de conflits politiques entre les deux pays".

    "Je pense que la moitié de la population algérienne veut simplement que la frontière soit ouverte, de manière à pouvoir circuler librement partout dans le Maghreb et sur le continent africain", ajoute Ghezali. "C'est très frustrant pour les gens de pouvoir voyager en Tunisie et en Libye, mais pas au Maroc."

    Les jeunes du Maghreb partagent les mêmes aspirations pour leur région et il doivent travailler de concert s'ils veulent voir leur objectif se réaliser, selon l' UJEM.

    "La tentative visant à construire un Grand Maghreb de haut en bas a échoué, et nous pensons qu'on doit finalement le construire de bas en haut", a déclaré Abdessamad Filali à Magharebia.

    De chaque côté de la frontière fermée, les Algériens et les Marocains paraissent prêts à relever le défi.


    Magharebia
    Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir
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