Le projet de construction de la Grande Mosquée d’Alger revient, une fois de plus, au-devant de la scène. Cette fois, ce sont les architectes et les experts en la matière qui s’insurgent contre les déclarations du ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, à propos de la constructibilité du terrain choisi pour ce projet et le risque sismique.
Le représentant du gouvernement avait regretté, lors du lancement des travaux de bétonnage de 800 m2, que «des personnes qui ne sont pas habilitées s’expriment sur le choix du terrain alors que l’Algérie a fait appel à des spécialistes issus de pays à forte activité sismique, notamment le Japon et les USA, qui ont tous conclu que la qualité du sol est tout à fait appropriée et que sa résistance est formidable». Le ministre avait insisté plus loin sur le fait que «même si un séisme de 9 sur l’échelle de Richter survenait, la construction ne subirait le choc que d’un niveau 3 sur la même échelle».
En sa qualité d’expert, chercheur et formateur de centaines d’ingénieurs, le professeur Abdelkrim Chelghoum met en garde contre «une sous estimation des risques sismiques» et ne comprend pas «comment un ouvrage aussi complexe sur le plan technique, économique et sécuritaire (par rapport aux risques majeurs) n’a fait l’objet d’aucun débat national entre experts ayant une expérience avérée dans les domaines de la conception, du suivi, du contrôle et de la réalisation des grands projets». Dans une contribution publiée par notre confrère le Soir d’Algérie, M. Chelghoum répond au ministre et relève une contradiction des plus flagrantes concernant le premier point. Il explique que «si la qualité du sol est si appropriée et sa résistance si formidable, pourquoi avoir recours au système d’appuis parasismiques au niveau de l’infrastructure, bel et bien prévus ? Cette disposition, pour mémoire, n’est préconisée que lorsque les sols sont mauvais et lâches car son impact financier est exorbitant sur le coût global de l’ouvrage. Est-il besoin de souligner le ridicule du commentaire émis à propos de l’atténuation de 70% du choc primaire d’un séisme via un système d’isolateurs ?» Le spécialiste poursuit son argumentaire et note qu’«une conférence serait sans doute nécessaire pour expliquer aux conseillers et aux experts comment quantifier et évaluer les effets engendrés par une secousse sismique, puis quels en sont les paramètres qui sont susceptibles d’être atténués par un isolateur et dans quelle proportion».
Pour ce qui est du deuxième point soulevé par le ministre, relatif à la stabilité de l’ouvrage sous une secousse de 9 sur l’échelle de Richter, le professeur pense que cela relève «d’un esprit avéré d’irresponsabilité». Pour comprendre comment sont définis les dommages et désordres subis sous une magnitude de 8,5 à 9 sur l’échelle ouverte de Richter, M. Chelghoum explique que «rien ne demeure des œuvres humaines, tout l’environnement est bouleversé avec un changement radical dans la topographie de la région, la disparition de collines et l’apparition d’autres, la formation de grandes failles, des dislocations horizontales et un cisaillement des couches de sol dans toutes les directions ; rivières et oueds détournés de leurs cours initiaux». Sur la base de cette définition universelle, comment, s’interroge M. Chelghoum, «peut-on accepter des propos aussi fantaisistes émanant d’un responsable gouvernemental, des propos qui tiennent plutôt de la ‘fiction’ dans un pays soumis régulièrement à l’occurrence d’au moins 10 risques majeurs sur les 14 identifiés par l’ONU à travers le monde ?»
Dans un entretien accordé il y a quelques mois au site électronique TSA, M. Chelghoum avait déclaré que le site choisi pour la construction de la mosquée fait partie du lit majeur du célèbre oued El Harrach, donc un sol sédimentaire et lâche à plus de cinquante mètres de profondeur. Aussi, «ce type de sol est reconnu pour être un parfait amplificateur des ondes sismiques en cas de secousse tellurique. Une investigation géotechnique dynamique très fine des couches de sol en place aurait dû être élaborée mais, malheureusement, rien n’a été fait dans ce sens et en cas de séisme, la probabilité que l’ouvrage résiste est très faible».
De son côté, Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes, déplore le mépris du représentant du gouvernement à l’égard des experts algériens qui ont construit des universités, des lycées, des mosquées… Plusieurs experts algériens ont estimé que le terrain sur lequel sera érigée la Grande Mosquée est marécageux… Dans le cas d’une sévère secousse sismique, l’ouvrage ne résistera pas. En plus des risques sismiques, le coût final du projet peut atteindre cinq fois l’évaluation initiale qui est de 1,5 milliard de dollars, à cause de la nature du terrain.
Source: El Watan
Le représentant du gouvernement avait regretté, lors du lancement des travaux de bétonnage de 800 m2, que «des personnes qui ne sont pas habilitées s’expriment sur le choix du terrain alors que l’Algérie a fait appel à des spécialistes issus de pays à forte activité sismique, notamment le Japon et les USA, qui ont tous conclu que la qualité du sol est tout à fait appropriée et que sa résistance est formidable». Le ministre avait insisté plus loin sur le fait que «même si un séisme de 9 sur l’échelle de Richter survenait, la construction ne subirait le choc que d’un niveau 3 sur la même échelle».
En sa qualité d’expert, chercheur et formateur de centaines d’ingénieurs, le professeur Abdelkrim Chelghoum met en garde contre «une sous estimation des risques sismiques» et ne comprend pas «comment un ouvrage aussi complexe sur le plan technique, économique et sécuritaire (par rapport aux risques majeurs) n’a fait l’objet d’aucun débat national entre experts ayant une expérience avérée dans les domaines de la conception, du suivi, du contrôle et de la réalisation des grands projets». Dans une contribution publiée par notre confrère le Soir d’Algérie, M. Chelghoum répond au ministre et relève une contradiction des plus flagrantes concernant le premier point. Il explique que «si la qualité du sol est si appropriée et sa résistance si formidable, pourquoi avoir recours au système d’appuis parasismiques au niveau de l’infrastructure, bel et bien prévus ? Cette disposition, pour mémoire, n’est préconisée que lorsque les sols sont mauvais et lâches car son impact financier est exorbitant sur le coût global de l’ouvrage. Est-il besoin de souligner le ridicule du commentaire émis à propos de l’atténuation de 70% du choc primaire d’un séisme via un système d’isolateurs ?» Le spécialiste poursuit son argumentaire et note qu’«une conférence serait sans doute nécessaire pour expliquer aux conseillers et aux experts comment quantifier et évaluer les effets engendrés par une secousse sismique, puis quels en sont les paramètres qui sont susceptibles d’être atténués par un isolateur et dans quelle proportion».
Pour ce qui est du deuxième point soulevé par le ministre, relatif à la stabilité de l’ouvrage sous une secousse de 9 sur l’échelle de Richter, le professeur pense que cela relève «d’un esprit avéré d’irresponsabilité». Pour comprendre comment sont définis les dommages et désordres subis sous une magnitude de 8,5 à 9 sur l’échelle ouverte de Richter, M. Chelghoum explique que «rien ne demeure des œuvres humaines, tout l’environnement est bouleversé avec un changement radical dans la topographie de la région, la disparition de collines et l’apparition d’autres, la formation de grandes failles, des dislocations horizontales et un cisaillement des couches de sol dans toutes les directions ; rivières et oueds détournés de leurs cours initiaux». Sur la base de cette définition universelle, comment, s’interroge M. Chelghoum, «peut-on accepter des propos aussi fantaisistes émanant d’un responsable gouvernemental, des propos qui tiennent plutôt de la ‘fiction’ dans un pays soumis régulièrement à l’occurrence d’au moins 10 risques majeurs sur les 14 identifiés par l’ONU à travers le monde ?»
Dans un entretien accordé il y a quelques mois au site électronique TSA, M. Chelghoum avait déclaré que le site choisi pour la construction de la mosquée fait partie du lit majeur du célèbre oued El Harrach, donc un sol sédimentaire et lâche à plus de cinquante mètres de profondeur. Aussi, «ce type de sol est reconnu pour être un parfait amplificateur des ondes sismiques en cas de secousse tellurique. Une investigation géotechnique dynamique très fine des couches de sol en place aurait dû être élaborée mais, malheureusement, rien n’a été fait dans ce sens et en cas de séisme, la probabilité que l’ouvrage résiste est très faible».
De son côté, Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes, déplore le mépris du représentant du gouvernement à l’égard des experts algériens qui ont construit des universités, des lycées, des mosquées… Plusieurs experts algériens ont estimé que le terrain sur lequel sera érigée la Grande Mosquée est marécageux… Dans le cas d’une sévère secousse sismique, l’ouvrage ne résistera pas. En plus des risques sismiques, le coût final du projet peut atteindre cinq fois l’évaluation initiale qui est de 1,5 milliard de dollars, à cause de la nature du terrain.
Source: El Watan
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