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Fuckin’ dream. Le rêve américain est mort

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    Fuckin’ dream. Le rêve américain est mort


    Par Bernard Dugué




    Drôle de 21ème siècle, destiné à plus de spiritualité et de religieux pensait Malraux sans y croire vraiment, alors qu’il se préparait à quitter la scène en plein rêve américain. Un rêve pénétré certainement d’illusion, porté par des classes moyennes en pleine ascension industrielle. Plusieurs symboles, et surtout cette année 1969 où deux événements se télescopèrent, un homme sur la lune et 500 000 jeunes rassemblés pour un festival de rock à Woodstock. Un autre festival eut lieu, à l’opposé du précédent, à Altamont en Californie. Les Stones sur un terrain vague envahi par des milliers de grosses voitures américaines voraces en essence et conduite par les gosses de la middle class venus écouter les dieux du rock british mais un événement occasionna une tâche indélébile avec un colt et un mort. Auparavant, un autre mort célèbre, MLK sur fond d’émancipation de la population noire américaine. Et bien avant, JFK lui aussi assassiné, ce qui montre que le cauchemar n’est jamais très loin du rêve américain et que ce rêve fut toute de même une illusion, comme du reste le rêve communiste. En regardant avec un grand angle on voit bien les détails qui fâchent, les mauvais coups du pouvoir, la police et la mafia, les délinquances diverses, physiques, financières, avec beaucoup de recalés. Mais du moment que la société américaine s’est pensée à partir des classes moyennes, alors les observateurs peu regardants ont émis une appréciation favorable sur le cours de l’histoire à la fin du 20ème siècle.
    Maintenant que les classes moyennes américaines commencent à douter, pour ne pas dire désespérer, alors les analystes donnent de la voix et dressent un constat plutôt inquiétant, pour ne pas dire alarmant, sur l’état actuel de l’Amérique.Kelly McParland a titré récemment sur le National Post : « dix ans de mauvaise gouvernance ont poussé les Etats-Unis au bord du gouffre ». Et David Lawder de donner un écho avec un titre aussi percutant sur ce même média « les Etats-Unis face à leur pire décade, se prennent la tête à propos du gouffre budgétaire : CBO ». Le National Post est un média canadien de tendance conservatrice, ce qui incite à prendre avec circonspection les lignes publiées qui peut-être, sacrifient à l’alarmisme de circonstance. Mais les faits sont bien présents et les propos du CBO sont à prendre au sérieux. Le CBO, bureau du budget du Congrès américain, est une agence censée être indépendante et donner quelques indications aux instances législatives du Congrès quant à la situation des finances fédérales. C’est une sorte de Cour des comptes à l’américaine dont le directeur vient de signaler que faute d’une action décisive du Congrès, le pays se dirige vers une récession significative assortie d’une perte de deux millions d’emplois. Une autre institution, le Pew Research Center, sorte d’Insee indépendante, vient de publier le résultat de son enquête sur le moral des ménages américains moyens. Le constat est net. 85 % des Américains moyens jugent qu’ils rencontrent des difficultés maintenir leur niveau de confort matériel en comparant leur situation actuelle à celle qu’ils ont connue il y a une décade. Un autre institut dresse le constat d’une décennie perdue, la pire depuis 1945, avec des chiffres significatifs. A critères constants, la proportion des classes moyennes a chuté de 61 % à 51 % en quarante ans. Alors que pendant la même période, la part du revenu national reçue par ces mêmes classes moyennes est tombée de 62 % à 45 %. Alors on comprend que beaucoup d’Américains doutent, ne nourrissant plus beaucoup d’espoirs pour l’avenir, étant surtout inquiets pour leur progéniture auxquelles ils pronostiquent un niveau de vie inférieur.
    McParland résume de manière laconique la situation : « peu importe si les Américains moyens ont peu d’espoir pour l’avenir, du moment qu’ils se lèvent du bon pied le matin et s’en vont travailler (du moins ceux qui ont la chance d’avoir un emploi) alors que les gouvernants qu’ils ont élus ne cessent de saboter leurs efforts. Peut-être y a-t-il trop de discussions sur l’alternative entre gouvernements rétréci ou bien élargi, alors qu’il faudrait débattre sur l’ineptie gouvernementale ». Avant d’énoncer ce sombre verdict, les années Clinton et notamment son second mandat ont été évoquées comme s’il s’agissait d’une belle époque faite de prospérité, de bonne gestion, de santé économique. On pourrait le penser au vu du chômage qui descendit sous la barre des 4 points, ainsi que sur l’état des finances avec pendant quelques années un excédent budgétaire. Alors que s’est-il passé ? Eh bien McParland n’hésite pas à pointer une erreur colossale de l’administration Clinton qui a libéralisé le secteur bancaire en supprimant des mesures datant de la Grande dépression ayant été décidées pour éviter les dérives en édictant des règles de bonne conduite pour les banques, avec une cloison entre les activités spéculatives à risques et la gestion des comptes des particuliers. Ensuite, l’administration Bush décréta que tout Américain devait un jour être propriétaire d’un logement et les banques ont inventé les subprimes pour permettre aux travailleurs d’acheter leur maison (dont le crédit ne sera jamais remboursé pour nombre d’entre eux). On a vu le résultat. Le système financier a failli s’effondrer en 2008. Enfin, c’est ce qui se raconte dans les milieux autorisés. Ces mêmes milieux qui affirment avoir sauvé le système en intervenant de manière massive et coordonnée. Pourtant rien n’est résolu et si dépression il y a, celle-ci est plus sociale qu’économique car les affaires continuent à prospérer dans les milieux de la haute finance. La firme Rolls Royce s’est sauvée de ses difficultés et ce n’est pas malgré mais sans doute grâce à la crise qui offre des opportunités. Mais pour des millions d’Américains, le rêve s’est évanoui. Il est inutile de s’indigner ou de chercher des causes conjoncturelles. Le lent délitement social en Occident est maintenant une donnée plus structurelle basée sur des fondamentaux anthropologique et idéologique.
    L’Europe évidemment va emboîter le pas. En France, il faut s’attendre à 300, voire 400 000 chômeurs de plus d’ici un à deux ans. Dans le reste de l’Europe ce sera le même tarif. En cet automne, je ressens ce désenchantement et même un certain énervement lorsque je pars déambuler dans la grande ville. Un seul enjeu alors pour les politiques, maîtriser le cauchemar européen.

  • #2
    Le rêve américain est mort
    le rêve américain, c'est qu'en partant moins que rien tout en bas de l'échelle, il est possible de finir tout en haut au sommet de "la chaîne alimentaire." le rêve américain, ce n'est pas le bien être pour tous. ça, c'est le socialisme.

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