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Autorités et TV virtuelles face aux souks informels

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  • Autorités et TV virtuelles face aux souks informels

    Ce qu’il y a d’immuable dans le journal télévisé officiel du 20 heures est le respect scrupuleux des codes de la préséance dans la hiérarchie des sujets traités. Jamais il n’a été question de bousculer un ordonnancement qui sent la naphtaline d’une autre époque, laquelle révulse pourtant le téléspectateur patient.

    C’est ainsi que l’on n’a pas encore osé déroger à la lecture ennuyeuse, parce qu’inutile, des messages de sympathie que tout chef d’Etat adresse à ses alter-ego dans le monde en certaines occasions. Une besogne protocolaire qu’accomplissent les scribes du palais et que l’on veut nous présenter comme une preuve quotidienne et tangible que le Président est bien présent à son poste et veille, comme le ferait une vigie installée au bastingage du pays, à la paisible marche de la nation. En se prêtant à une si grossière supercherie, la télévision n’abuse guère ceux qui la regardent.

    Elle fait pire en les prenant pour des demeurés. Mais ces derniers ne sont jamais au bout de leur peine et du mépris qu’ils inspirent. Elle leur donne ensuite à voir des images qui bougent de quelques rares ministres qui miment le travail d’inspection de leur secteur.

    Et ce n’est que quelque dix longues minutes plus tard qu’elle ouvre la boîte de Pandore des évènements réels. Encore que, même ceux-là sont rabotés, équarrissés et transformés en «pipi de chat» par les commentaires, qu’ils en deviennent des sujets «people». Et ce travail de démolition de l’information ne s’arrête pas aux propos, nuancés à l’excès, qui l’accompagnent. Il concerne aussi l’injustifiable recours à la mise en exergue de certaines d’entre elles et l’occultation délibérée de la multitude d’autres qui prennent pour sujet ce qui se commet dans l’arrière-pays.

    Par conséquent, l’on devine aisément que cette chaîne n’a pas failli à sa tradition jeudi 30 août en amplifiant une opération coup-de-poing pour démanteler un ilôt du commerce informel à Bachdjarah tout en passant sous silence l’immense «bled essiba» des provinces. Une médiatisation qui ne dura, certes, que 2 ou 3 minutes, cependant, elle est chargée de certains sens presque pervers lorsque ceux-là sont rapportés et relativisés par ce qui se passe dans l’ensemble du pays et dont on ne parle guère officiellement. En effet Bachdjarah étant une banlieue du Grand-Alger, c’est donc à la porte de la maison du pouvoir qu’il faut d’abord réactiver une autorité publique depuis longtemps défaillante. Le signal aurait été clair s’il avait été donné bien plus tôt.
    Quand par exemple en 2009 au moment où Bouteflika entrait en campagne de réélection pour un 3e mandat et que des directives (injonctions !) sommèrent les walis et les mairies peuplées de godillots de laisser faire le squat des lieux publics par le commerce à la voltige. C’était cela la réalité du moment que justement un commerçant «illicite» de Bachdjarah opposa au pitoyable maire qui découvrait un peu tard et seulement devant la caméra de l’ENTV la rigueur de la loi. Et que disait ce jeune marchand de «quatre saisons» privé de sa baraque ? Ceci : «Il y a un peu plus de 2 ans (Oh la coïncidence des époques), c’est l’APC qui a fermé les yeux lorsque nous nous sommes réinstallés ici ! Jamais elle ne s’y opposa, se chargeant même de nous recenser pour légaliser notre situation !». Il est clair donc que l’opération algéroise n’est pas en soi la bonne riposte aux activités informelles même si elle doit être étendue et généralisée à la totalité des grandes cités. Faire la chasse à un nomadisme commercial illicite procède notamment du seul souci d’apaiser des riverains qui se plaignent d’une réelle nuisance.

    Car, faute de volonté politique affirmée et d’une vision claire en matière d’assainissement des activités de ce genre, l’Etat ne fera que transférer vers d’autres «ailleurs» la problématique. En fait, il opère ainsi pour à la fois manifester de sa présence et dans le fond gagner quelques sursis auprès de l’opinion. Avec ses lourdeurs et ses maladroites assertions, la télévision était présente pour positiver la mise en scène de la traque au cœur de la capitale tout en se taisant sur ce qui reste de plus vaste et plus désespéré dans ce pays : les provinces. Il est vrai que le temps est passé sur les envolées lyriques qui sanctifiaient celles-ci. Quand, par nécessité politique, le pouvoir les donnait en modèle de sagesse et de discipline.

    Aujourd’hui, l’arrière-pays étant quasiment en dissidence larvée, il n’est plus possible pour la télévision de réactiver cette contre-vérité élevée au rang de dogme populiste à opposer aux «élites trop cajolées» — sic : Bouteflika en 2000 à l’université d’Oran —. Ce pays profond «qui a toujours eu bon dos et ne devait survivre qu’en tant que postulat politique existe-t-il toujours tel que le souhaite le régime ? Certainement pas. Car dès l’instant où la capitale- vitrine découvrait les miasmes du sous-développement galopant, elle était de fait condamnée à une étrange peine capitale quand le reste des provinces n’en était qu’à la réclusion perpétuelle ! Mais de ce terrible malheur qui égalise la condition de l’ensemble des Algériens comment une télévision pourrait en parler lorsqu’elle est privée de sa béquille de la négation ? Aux ordres d’un pouvoir, informel lui aussi, que dérange le miroir de ces souks, elle en était réduite à faire pitoyablement l’éloge des engins qui labourent les baraques de la misère.


    Par Boubakeur Hamidechi ,Le Soir

  • #2
    excellente chronique de B. H. dont la plume, ma foi, ne fait que se bonifier avec l'âge...

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    • #3
      à quand la chasse aux barons de l'informel ???
      Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

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      • #4
        Tres juste

        Aux ordres d’un pouvoir, informel lui aussi, que dérange le miroir de ces souks, elle en était réduite à faire pitoyablement l’éloge des engins qui labourent les baraques de la misère.

        C'est ça la tv algerienne.Informelle elle aussi.
        one two three rahet meskina l'algerie.

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        • #5
          à quand la chasse aux barons de l'informel ???

          That is the Big question

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          • #6
            Excellent article..

            Merci.

            ∑ (1/i²) = π²/6
            i=1

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