Mali : Le tonitruant silence du «planqué de Dakar»
«Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir». Gandhi
Paris – Un an après la chute de Kadhafi, la zone sahélienne prend l’allure d’une zone de non droit de 4 millions de km2, fief de groupements salafistes, qui auront mis à profit les chaos libyen et malien pour sanctuariser durablement leurs bases dans le Nord du Mali.
La talibanisation de la Libye sur le modèle Afghan tant redoutée lors de l’intervention atlantiste contre Tripoli s’est ainsi réalisée, en fait, dans le pays voisin, au Mali, un an plus tard.
Vers la talibanisation du Nord Mali.
Au point que l’Algérie a invité le Conseil de Sécurité à mettre en œuvre une intervention internationale, le Maroc a réclamé une «internationalisation de la crise malienne» et que Français et Américains envisagent une intervention conjointe sous couvert de leur pupille africain, la CEDEAO, dans la foulée du saccage des lieux saints de Tombouctou, en juin 2012, qualifiée par le président de la Cour Pénale Internationale de «crime contre l’Humanité».
Ferme soutien de la Libye tout comme la plupart des pays africains, au nom du principe de non-ingérence, le Mali apparaît comme la victime collatérale d’un jeu de billards à trois bandes entre le Qatar, le libyen Mouammar Kadhafi et le français Nicolas Sarkozy, à l’arrière-plan de l’intervention de l’OTAN contre ce pays africain, au printemps 2011, sous couvert d’ingérence humanitaire.
La chute de Tripoli aux mains des islamistes pro-Qatar, en projetant dans l’espace malien les soldats perdus de l’ancienne populocratie (Jamahiryah), a accentué la déstabilisation du Mali, considérablement fragilisé auparavant par trente ans d’une gestion calamiteuse doublée d’une forme d’abdication de la souveraineté nationale, dont le fait le plus pervers aura été la cession à la Libye de terres arables pour une durée de cent ans, la forme insidieuse d’un néocolonialisme économique.
Recrutés pour sécuriser le sud de la Jamahiriya et soutenir la croissance économique libyenne, en véritables soldats laboureurs dans l’optique de Kadhafi, le reflux massif des Touaregs vers leur ancienne zone de déploiement au Mali et au Niger, a provoqué une modification de la donne régionale.
Anciens vigiles de l’empire islamique, dont ils constituaient avant terme les forces de déploiement rapide, les Touaregs, littéralement en arabe, «Al- Tawareq-Les urgences» caressent le projet de détacher du Mali, le territoire de l’Azawad, dans le nord du pays.
Géographiquement, à des milliers de kilomètres de la capitale malienne, Bamako, en concurrence avec Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a développé à Ménaka, Gao et Tombouctou, une action en vue de réunifier, sous son égide, l’ensemble des populations azawadies dans toutes leur composantes: Songhay, Touareg, Arabes, Peuhls, afin de réussir l’Unité du Peuple de l’Azawad.
Jouant de l’effet de surprise, visant tout à la fois à crédibiliser leurs revendications et à impressionner la population, «Ansar Eddine» (Les partisans de la religion) supplanteront au poteau les combattants de l’Azawad, infligeant une série de revers militaires aux troupes gouvernementales, fragilisant considérablement le pouvoir central, en révélant au grand jour son impéritie.
En deux mois de combats, l’armée malienne a perdu le contrôle de la plus grande partie de l’Azawad, avec des pertes de militaires tués, capturés ou déserteurs estimées à un millier d’hommes environ. Les deux tiers du territoire malien échappent ainsi depuis mars 2012 à l’autorité du pouvoir central.
Le Qatar avec en point de mire l’Algérie
Anticipant la perte de ses deux alliés régionaux, le clan Sarkozy en France et la dynastie Wade au Sénégal, alors que sa bataille de Syrie marquait le pas avec le revers de Bab Amro, en février 2012, le Qatar a entrepris de financer la guérilla dans le Nord du Mali afin de disposer d’un levier d’influence dans une zone stratégique pour son protecteur américain, aux confins des gisements d’uranium du Niger et de la zone pétrolifère de l’Algérie.
Premier de toute la presse à désigner du doigt le Qatar, le journal Malien «l’Indépendant» a annoncé le 6 avril 2012, au lendemain de l’enlèvement du consul d’Algérie par «le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest», une livraison d’armes du Qatar par avion-cargo à l’aéroport de Gao, à destination des rebelles. Un comité d’accueil avait même été formé autour de l’appareil sous la conduite d’Iyad Ag Ghaly, le chef du mouvement islamiste salafiste Ansar Eddine, nouveau maître de Tombouctou et de Kidal en coopération avec l’AQMI. L’ancien consul du Mali à Djeddah (Arabie Saoudite), avait profité de son statut de diplomate pour nouer des relations avec des organisations islamiques de la région.
Une deuxième opération cargo a eu lieu après la prise de Tessalit le 10 mars 2012, déversant une importante quantité d’armes sophistiquées, des munitions et des 4×4 pour le compte des assaillants, probablement lorsque Ansar Eddine a évincé le MNLA de la région.
Le «Canard Enchaîné» a enfoncé le clou, le 6 juin 2012, précisant que le Qatar a livré une aide financière aux mouvements armés qui ont pris le contrôle du Nord du Mali, notamment le groupe Mujao qui retient en otage sept diplomates algériens depuis le 5 avril 2012. Trois d’entre eux ont été, depuis lors, libérés.
Dans cet article intitulé «Notre ami du Qatar finance les islamistes du Mali», l’hebdomadaire satirique soutient que la Direction du renseignement militaire (DRM), qui relève du chef d’état-major des armées françaises, a recueilli des renseignements selon lesquels «les insurgés du MNLA (indépendantistes et laïcs), les mouvements Ansar Dine, Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) et Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu une aide en dollars du Qatar».
Un an après la chute de Kadhafi, la zone sahélienne a ainsi pris l’allure d’une zone de non droit de 4 millions de km2, un périmètre, sous surveillance électronique de l’aviation américaine, vers où convergent désormais les islamistes du Sud du Niger, du Tchad et du Nigeria (Boko Haram), plaçant l’Algérie face à un redoutable dilemme d’accepter le développement de l’insurrection islamiste à sa frontière sud, ou de tolérer une intervention militaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sous forte tutelle des Etats-Unis et la France.
On prête aux pays occidentaux l’intention d’obtenir de la future République Azawad ce qu’ils n’ont pu obtenir du Mali, à savoir la base de Tessalit hautement stratégique au plan économique et militaire, ainsi que de la fermeté dans la lutte contre l’émigration «clandestine».
Une manœuvre destinée, en complément, à prendre de revers l’Algérie, l’alliée de la Russie, le protecteur de la Syrie, de surcroît, le dernier état séculier arabe à avoir échappé aux manœuvres de déstabilisation des pétromonarchies du Golfe que le Qatar avait menacé de représailles pour s’être opposé à l’exclusion du régime alaouite de la Ligue arabe.
L’Algérie s’est opposée à l’intervention de l’Otan en Libye pour dégager Kadhafi et à la déstabilisation de la Syrie. Elle est hostile à un débarquement de troupes étrangères sur le sol malien. Un engagement militaire de sa part est d’autant plus aléatoire que sept diplomates algériens sont détenus depuis le 5 avril 2012 par le Mujao qui réclamerait quinze millions d’euros contre leur libération. ((Trois d’entre eux ont été libérés le 13 juillet 2012)).
L’Algérie, qui partage plus de 1 300 km de frontières avec le Mali, conditionnerait son éventuelle intervention à l’acquisition de drones américains de surveillance, mais se heurte sur ce point au refus des Américains de céder ce matériel sophistiqué à un pays proche de la Russie et de la Syrie.
«Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir». Gandhi
Paris – Un an après la chute de Kadhafi, la zone sahélienne prend l’allure d’une zone de non droit de 4 millions de km2, fief de groupements salafistes, qui auront mis à profit les chaos libyen et malien pour sanctuariser durablement leurs bases dans le Nord du Mali.
La talibanisation de la Libye sur le modèle Afghan tant redoutée lors de l’intervention atlantiste contre Tripoli s’est ainsi réalisée, en fait, dans le pays voisin, au Mali, un an plus tard.
Vers la talibanisation du Nord Mali.
Au point que l’Algérie a invité le Conseil de Sécurité à mettre en œuvre une intervention internationale, le Maroc a réclamé une «internationalisation de la crise malienne» et que Français et Américains envisagent une intervention conjointe sous couvert de leur pupille africain, la CEDEAO, dans la foulée du saccage des lieux saints de Tombouctou, en juin 2012, qualifiée par le président de la Cour Pénale Internationale de «crime contre l’Humanité».
Ferme soutien de la Libye tout comme la plupart des pays africains, au nom du principe de non-ingérence, le Mali apparaît comme la victime collatérale d’un jeu de billards à trois bandes entre le Qatar, le libyen Mouammar Kadhafi et le français Nicolas Sarkozy, à l’arrière-plan de l’intervention de l’OTAN contre ce pays africain, au printemps 2011, sous couvert d’ingérence humanitaire.
La chute de Tripoli aux mains des islamistes pro-Qatar, en projetant dans l’espace malien les soldats perdus de l’ancienne populocratie (Jamahiryah), a accentué la déstabilisation du Mali, considérablement fragilisé auparavant par trente ans d’une gestion calamiteuse doublée d’une forme d’abdication de la souveraineté nationale, dont le fait le plus pervers aura été la cession à la Libye de terres arables pour une durée de cent ans, la forme insidieuse d’un néocolonialisme économique.
Recrutés pour sécuriser le sud de la Jamahiriya et soutenir la croissance économique libyenne, en véritables soldats laboureurs dans l’optique de Kadhafi, le reflux massif des Touaregs vers leur ancienne zone de déploiement au Mali et au Niger, a provoqué une modification de la donne régionale.
Anciens vigiles de l’empire islamique, dont ils constituaient avant terme les forces de déploiement rapide, les Touaregs, littéralement en arabe, «Al- Tawareq-Les urgences» caressent le projet de détacher du Mali, le territoire de l’Azawad, dans le nord du pays.
Géographiquement, à des milliers de kilomètres de la capitale malienne, Bamako, en concurrence avec Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a développé à Ménaka, Gao et Tombouctou, une action en vue de réunifier, sous son égide, l’ensemble des populations azawadies dans toutes leur composantes: Songhay, Touareg, Arabes, Peuhls, afin de réussir l’Unité du Peuple de l’Azawad.
Jouant de l’effet de surprise, visant tout à la fois à crédibiliser leurs revendications et à impressionner la population, «Ansar Eddine» (Les partisans de la religion) supplanteront au poteau les combattants de l’Azawad, infligeant une série de revers militaires aux troupes gouvernementales, fragilisant considérablement le pouvoir central, en révélant au grand jour son impéritie.
En deux mois de combats, l’armée malienne a perdu le contrôle de la plus grande partie de l’Azawad, avec des pertes de militaires tués, capturés ou déserteurs estimées à un millier d’hommes environ. Les deux tiers du territoire malien échappent ainsi depuis mars 2012 à l’autorité du pouvoir central.
Le Qatar avec en point de mire l’Algérie
Anticipant la perte de ses deux alliés régionaux, le clan Sarkozy en France et la dynastie Wade au Sénégal, alors que sa bataille de Syrie marquait le pas avec le revers de Bab Amro, en février 2012, le Qatar a entrepris de financer la guérilla dans le Nord du Mali afin de disposer d’un levier d’influence dans une zone stratégique pour son protecteur américain, aux confins des gisements d’uranium du Niger et de la zone pétrolifère de l’Algérie.
Premier de toute la presse à désigner du doigt le Qatar, le journal Malien «l’Indépendant» a annoncé le 6 avril 2012, au lendemain de l’enlèvement du consul d’Algérie par «le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest», une livraison d’armes du Qatar par avion-cargo à l’aéroport de Gao, à destination des rebelles. Un comité d’accueil avait même été formé autour de l’appareil sous la conduite d’Iyad Ag Ghaly, le chef du mouvement islamiste salafiste Ansar Eddine, nouveau maître de Tombouctou et de Kidal en coopération avec l’AQMI. L’ancien consul du Mali à Djeddah (Arabie Saoudite), avait profité de son statut de diplomate pour nouer des relations avec des organisations islamiques de la région.
Une deuxième opération cargo a eu lieu après la prise de Tessalit le 10 mars 2012, déversant une importante quantité d’armes sophistiquées, des munitions et des 4×4 pour le compte des assaillants, probablement lorsque Ansar Eddine a évincé le MNLA de la région.
Le «Canard Enchaîné» a enfoncé le clou, le 6 juin 2012, précisant que le Qatar a livré une aide financière aux mouvements armés qui ont pris le contrôle du Nord du Mali, notamment le groupe Mujao qui retient en otage sept diplomates algériens depuis le 5 avril 2012. Trois d’entre eux ont été, depuis lors, libérés.
Dans cet article intitulé «Notre ami du Qatar finance les islamistes du Mali», l’hebdomadaire satirique soutient que la Direction du renseignement militaire (DRM), qui relève du chef d’état-major des armées françaises, a recueilli des renseignements selon lesquels «les insurgés du MNLA (indépendantistes et laïcs), les mouvements Ansar Dine, Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) et Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu une aide en dollars du Qatar».
Un an après la chute de Kadhafi, la zone sahélienne a ainsi pris l’allure d’une zone de non droit de 4 millions de km2, un périmètre, sous surveillance électronique de l’aviation américaine, vers où convergent désormais les islamistes du Sud du Niger, du Tchad et du Nigeria (Boko Haram), plaçant l’Algérie face à un redoutable dilemme d’accepter le développement de l’insurrection islamiste à sa frontière sud, ou de tolérer une intervention militaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sous forte tutelle des Etats-Unis et la France.
On prête aux pays occidentaux l’intention d’obtenir de la future République Azawad ce qu’ils n’ont pu obtenir du Mali, à savoir la base de Tessalit hautement stratégique au plan économique et militaire, ainsi que de la fermeté dans la lutte contre l’émigration «clandestine».
Une manœuvre destinée, en complément, à prendre de revers l’Algérie, l’alliée de la Russie, le protecteur de la Syrie, de surcroît, le dernier état séculier arabe à avoir échappé aux manœuvres de déstabilisation des pétromonarchies du Golfe que le Qatar avait menacé de représailles pour s’être opposé à l’exclusion du régime alaouite de la Ligue arabe.
L’Algérie s’est opposée à l’intervention de l’Otan en Libye pour dégager Kadhafi et à la déstabilisation de la Syrie. Elle est hostile à un débarquement de troupes étrangères sur le sol malien. Un engagement militaire de sa part est d’autant plus aléatoire que sept diplomates algériens sont détenus depuis le 5 avril 2012 par le Mujao qui réclamerait quinze millions d’euros contre leur libération. ((Trois d’entre eux ont été libérés le 13 juillet 2012)).
L’Algérie, qui partage plus de 1 300 km de frontières avec le Mali, conditionnerait son éventuelle intervention à l’acquisition de drones américains de surveillance, mais se heurte sur ce point au refus des Américains de céder ce matériel sophistiqué à un pays proche de la Russie et de la Syrie.
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