Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Autour du soulèvement de 1871

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Autour du soulèvement de 1871

    Autour du soulèvement de 1871(1)
    Des différends de Chikh Mohand Oulhoucine avec Chikh Aheddad

    Il se produira entre les deux Chikhs une plus profonde divergence avant la révolte kabyle de 1871, connue sous la forme kabyle de nfaq n wahed usebâin . Le terme même par lequel on annonce l’événement prête à équivoque. En effet «nfaq» (terme emprunté à l’arabe) signifie écartement, éloignement par rapport à une recommandation, à un raisonnement, à une voie ou encore à une logique ou option. Ainsi nommé, l’événement permet plusieurs interprétations.

    Le soulèvement engagé par Chikh Aheddad contre le colon français répondait à une circonstance événementielle. En effet, en 1871, la guerre franco-allemande éclata en Europe. La plupart des contingents militaires français stationnés en Algérie avaient été alors rapatriés en métropole pour faire face à l’empire allemand réunifié. Les forces d’occupation avaient été ainsi réduites en Algérie et particulièrement en Kabylie.

    Le Bachaga Mohand At Meqwran (plus connu sous le nom arabisé par l’histoire officielle en El Mokrani), Chikh Aziz et son père Chikh Aheddad croyaient alors opportune l’occasion qui leur a été donnée, d’engager un soulèvement. Chikh Mohand, lui, ne percevait pas les choses ainsi. Il doutait de l’entreprise qu’il rejeta catégoriquement en raison des très faibles moyens militaires dont disposait la Kabylie face à une armée coloniale régulière et dotée d’un armement moderne. Pour Chikh Mohand, un tel soulèvement allait plonger la région dans un bain de sang sans précédent.

    La tendance de Chikh Aheddad prend l’option de justifier l’événement en soutenant que le bain de sang allait justement marquer définitivement la ligne de démarcation entre la France coloniale et l’Algérie.

    Il y a lieu de signaler également qu’en même temps que Chikh Aheddad officiait dans la confrérie Ramhania, il y avait dans la même région et précisément à Illoula Ousammer à 12 kilomètres d’Akbou, la famille du Bachaga Ben Ali Chérif qui était, elle, de la confrérie des Chellata créée vers 1700. Nous sommes amenés à nous poser la question de savoir si Chikh Mohand Oulhocine ne redoutait pas qu’en même temps que s’organisait l’insurrection, il n’y avait pas non plus, une lutte pour le pouvoir entre les deux confréries. Nous sommes en possession de peu d’éléments pour confirmer ou infirmer cette thèse. Mais une étude, autrement plus poussée, mériterait d’être faite sur le sujet

  • #2
    Autour du soulèvement de 1871 (2)

    Chikh Mohand tentera de persuader Chikh Aheddad de surseoir au soulèvement.

    Mammeri note, dans son ouvrage sur Chikh Mohand, que le Chikh Aheddad, de par son âge très avancé – il avait 80 ans-, n’était pas chaud pour une telle action. C’est son fils, Chikh Aziz, aidé d’Amokrane (El Mokrani), qui l’aurait poussé à engager l’insurrection.

    Chikh Mohand, comme dit précédemment, savait que militairement la Kabylie était loin, très loin derrière les moyens d’agression français. La suprématie coloniale était évidente et sans commune mesure.

    La stratégie de Chikh Mohand était de prendre à revers l’occupant par sa propre école qui dispensait le savoir scientifique dont avait grandement besoin la Kabylie. Il voyait en l’école française la solution intelligente et salvatrice. Pour lui il fallait faire dans un faux-semblant face à l’administration coloniale et préparer, par l’instruction et l’intelligence, la future génération révolutionnaire. Il fallait donc plutôt envoyer le plus grand nombre possible de kabyles s’instruire. L’histoire donnera raison au Chikh, puisque ce sera de cette école que, plus tard, émergeront les penseurs de la révolution algérienne de 1954.

    Dans une dernière tentative, Chikh Mohand lui envoya un émissaire pour lui demander de ne pas engager le mouvement de révolte. Il lui dira : « Ahheqq At Butetchur ; d wid ur nessidir i lecfur ; a kra bwin ara yemten ur das tetchur ; s rray at llghur; bbwid ittebdaden ghef uqiccur ; ar taggara-nnsen d leghrur. » (Par les Ait Boutetchour ; et les hommes qui veillent ; quiconque mourra pour rien ; par la faute d’imprudents et d’orgueilleux ; finiront mal). Chikh Mohand avertit le maître de la confrérie Rahmania de la lourde responsabilité qu’il endossera pour tous les morts qui surviendront lors du soulèvement non encore opportun.

    Nous remarquerons que le Chikh Mohand jure souvent par le village des Ait Boutetchour, car connu pour la piété de ses habitants. C’est également une pratique très courante en Kabylie. Il existe ainsi plusieurs villages, ou groupes de villages, par lesquels on jure encore aujourd’hui, à l’exemple des At Yetsoura à Iferhounène. Chikh Mohand savait, sans doute, que le retrait du contingent français de Kabylie vers l’Allemagne n’était que momentané. Il dira à ce propos: « izem si tzegwa yeffegh ; awtul yughal d aseggad » ; (quand le lion quitte la forêt ; le lapin se transforme en chasseur). Le dit n’est pas destiné à la personne de Chikh Aheddad. Chikh Mohand quête plutôt une forte persuasion avec laquelle il espérait convaincre le maître de la confrérie Tarehmanit.(A suivre. )


    Abdennour Abdesselam, la dépêche de kabylie

    Commentaire


    • #3
      Le soulèvement engagé par Chikh Aheddad contre le colon français répondait à une circonstance événementielle. En effet, en 1871, la guerre franco-allemande éclata en Europe. La plupart des contingents militaires français stationnés en Algérie avaient été alors rapatriés en métropole pour faire face à l’empire allemand réunifié. Les forces d’occupation avaient été ainsi réduites en Algérie et particulièrement en Kabylie.
      Un aspect très important n'est pas mentionné, l'Algérie d'une année terrible de famines et d'épidémies. Les stocks étaient maigres. En outre, il faut y ajouter une politique de spoliation des terres par les Français. Dans une situation aussi tragique, la révolte était quasi-inévitable, en plus de l'oppression coloniale.
      Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

      Commentaire

      Chargement...
      X