Bernard DESCHAMPS réfute les arguments d’un "sant’egidiote" attardé cherchant à disculper de leurs crimes les dirigeants du Front islamique du Salut *
Dans les années 90, alors que l’Algérie faisait face, dans des conditions très difficiles, à la terreur islamiste, le journal LIBERATION, par la formule « Qui tue qui ? » jetait le doute sur les auteurs des tueries, accréditant l’idée que le pouvoir algérien en serait le véritable responsable.
Aujourd’hui 24 août 2012, un universitaire Ahmed Henni reprend à son compte cette thèse dans les colonnes de L’HUMANITE. Mais à la différence de LIBÉRATION, il n’interroge pas, il affirme que « l’appareil militaire algérien » engagea « une sale guerre » contre des « rebelles islamistes » qu’il qualifie de « militants ». Selon lui, c’est la « violente riposte de l’appareil militaire » à la « protestation armée, [à la ] lutte de guérilla, [aux] actions terroristes » qui est la cause des « 150 000 morts, 700 000 blessés ou estropiés, près de 10 000 disparus, des dizaines de milliers d’arrestations. » Il n’écrit pas que ces morts, ces blessés, ces disparus sont le fait de « l’appareil militaire algérien », mais il le laisse entendre. Ainsi, d’une phrase, est évacuée la responsabilité du FIS (Front Islamique du Salut) et du GIA (Groupe islamique armé) dont, pratiquement plus personne aujourd’hui, ne nie qu’ils furent les auteurs des crimes de masse commis pendant la décennie 90.
L’auteur se réclame de la Plate-forme de Sant Egidio, élaborée en janvier 1995, à l’initiative de la communauté catholique éponyme dont le siège est à Rome. Ce texte fut signé par les partis et formations suivants : La Ligue Algérienne des Droits de l’Homme ; le FLN, le FFS (socialiste) ; le MDA (Ben Bella), le PT (trostkyste), Ennahda (Frères musulmans), JMC (musulman) et …le FIS (Front Islamique du Salut).
Les Communistes algériens, les syndicats et des partis laïcs y étaient farouchement opposés. J’ai le texte intégral sous les yeux. Il ne porte aucune condamnation des crimes commis par le FIS qui en est signataire, mais il en impute la responsabilité au « climat de terreur » dont le pouvoir algérien serait coupable. Il dénonce l’arrêt du « processus électoral » après le succès remporté par le FIS et condamne « l’état d’urgence » décrété, rappelons-le, en 1992 par le Président du Haut Comité d’Etat, Mohamed Boudiaf, pour faire face à une situation insurrectionnelle, et qui sera assassiné quelques mois plus tard.
Ce texte exige « la libération effective des responsables du FIS… » et l’assurance « aux dirigeants du FIS [de] tous les moyens et garanties nécessaires leur permettant de se réunir librement entre eux et avec tous ceux dont ils jugent la participation nécessaire à la prise de décision. » (Paragraphe B.1). Il exige également : L’annulation de la dissolution du FIS. »(Paragraphe B.2) Et ceci alors même que des mercenaires entraînés en Afghanistan défilaient, drapeau de l’Arabie Saoudite en tête, dans les rues d’Alger ! Enfin, il appelle (Paragraphe F.) « la communauté internationale à une solidarité agissante avec le peuple algérien. »
La Plate-forme de Sant Egidio, bien que signée par le responsable du FLN, fut rejetée par le pouvoir algérien auquel l’auteur reproche d’avoir préféré « poursuivre la sale guerre (sic ! ndlr) jusqu’à amener par la force, les « terroristes » (les guillemets sont de Ahmed Henni ! ndlr) à résipiscence. » On reste confondu devant une telle appréciation ! Ahmed Henni aurait-il préféré que les tueurs poursuivent leurs crimes en toute impunité ?
On pourrait croire après cela qu’il est favorable à la politique de Réconciliation Nationale approuvée par référendum le 29 septembre 2005. Il n’en est rien. Celle-ci ne trouve pas grâce à ses yeux. On comprend pourquoi en étudiant le texte de la Charte de Réconciliation nationale. Celle-ci se prononce ( Chapitre II-Deuxièmement) en faveur de l’ : « Extinction des poursuites à l’encontre de tous les individus qui mettent fin à leur activité armée et remettent les armes en leur possession.
Cette extinction des poursuites ne s’appliquera pas aux individus impliqués dans des massacres collectifs, les viols et les attentats à l’explosif dans les lieux publics. » et l’interdiction du FIS est maintenue. On est effectivement loin de la Plate-forme de Sant Egidio qui se prononçait en faveur de la légalisation du parti des assassins.
L’article de Ahmed Henni fait un parallèle avec la situation en Syrie où, selon lui, règne également « un appareil militaire ». Il s’étonne du tapage médiatique qui accompagne la guerre qui s’y déroule alors que la « communauté internationale » s’était tue pendant la décennie de sang en Algérie. Il oublie de rappeler que plusieurs pays occidentaux dont la France de François Mitterrand servirent de bases arrière et de refuges à plusieurs dirigeants du FIS. Derrière l’ambiguïté de certaines phrases, on croit comprendre que l’auteur qui regrette l’absence d’intervention occidentale en Algérie dans les années 90, serait favorable à une intervention en Syrie. D’autant qu’il considère que l’opposition syrienne a été contrainte de prendre les armes, ce que pourtant nie l’opposition démocratique.
Pourquoi ce parallèle entre l’Algérie et la Syrie et pourquoi maintenant ? Il y a quelques jours un responsable israélien déclarait que l’Algérie est le pays le plus dangereux pour Israël en Méditerranée. On est donc en droit de se poser la question : après la Libye, la Syrie ? l’Iran ? l’Algérie ?
Volontairement ou non, l’article de Ahmed Henni apporte sa pierre à la dangereuse campagne de dénigrement de l’Algérie qui se développe actuellement.
Bernard DESCHAMPS
PS/ Sur des questions aussi sensibles, j’aurais compris que mon quotidien L’HUMANITE (dont je suis un lecteur depuis 61 ans) publie l’article de Ahmed Henni en même temps qu’un argumentaire différent, afin que les lecteurs se fassent leur propre opinion. Malheureusement cela n’a pas été le cas. Je le regrette car le journal, en dépit de l’avertissement selon lequel cet article n’engage que son auteur, donne ainsi le sentiment de prendre cette opinion à son compte
* Le titre est de la rédaction d’Alger républicain.
Dans les années 90, alors que l’Algérie faisait face, dans des conditions très difficiles, à la terreur islamiste, le journal LIBERATION, par la formule « Qui tue qui ? » jetait le doute sur les auteurs des tueries, accréditant l’idée que le pouvoir algérien en serait le véritable responsable.
Aujourd’hui 24 août 2012, un universitaire Ahmed Henni reprend à son compte cette thèse dans les colonnes de L’HUMANITE. Mais à la différence de LIBÉRATION, il n’interroge pas, il affirme que « l’appareil militaire algérien » engagea « une sale guerre » contre des « rebelles islamistes » qu’il qualifie de « militants ». Selon lui, c’est la « violente riposte de l’appareil militaire » à la « protestation armée, [à la ] lutte de guérilla, [aux] actions terroristes » qui est la cause des « 150 000 morts, 700 000 blessés ou estropiés, près de 10 000 disparus, des dizaines de milliers d’arrestations. » Il n’écrit pas que ces morts, ces blessés, ces disparus sont le fait de « l’appareil militaire algérien », mais il le laisse entendre. Ainsi, d’une phrase, est évacuée la responsabilité du FIS (Front Islamique du Salut) et du GIA (Groupe islamique armé) dont, pratiquement plus personne aujourd’hui, ne nie qu’ils furent les auteurs des crimes de masse commis pendant la décennie 90.
L’auteur se réclame de la Plate-forme de Sant Egidio, élaborée en janvier 1995, à l’initiative de la communauté catholique éponyme dont le siège est à Rome. Ce texte fut signé par les partis et formations suivants : La Ligue Algérienne des Droits de l’Homme ; le FLN, le FFS (socialiste) ; le MDA (Ben Bella), le PT (trostkyste), Ennahda (Frères musulmans), JMC (musulman) et …le FIS (Front Islamique du Salut).
Les Communistes algériens, les syndicats et des partis laïcs y étaient farouchement opposés. J’ai le texte intégral sous les yeux. Il ne porte aucune condamnation des crimes commis par le FIS qui en est signataire, mais il en impute la responsabilité au « climat de terreur » dont le pouvoir algérien serait coupable. Il dénonce l’arrêt du « processus électoral » après le succès remporté par le FIS et condamne « l’état d’urgence » décrété, rappelons-le, en 1992 par le Président du Haut Comité d’Etat, Mohamed Boudiaf, pour faire face à une situation insurrectionnelle, et qui sera assassiné quelques mois plus tard.
Ce texte exige « la libération effective des responsables du FIS… » et l’assurance « aux dirigeants du FIS [de] tous les moyens et garanties nécessaires leur permettant de se réunir librement entre eux et avec tous ceux dont ils jugent la participation nécessaire à la prise de décision. » (Paragraphe B.1). Il exige également : L’annulation de la dissolution du FIS. »(Paragraphe B.2) Et ceci alors même que des mercenaires entraînés en Afghanistan défilaient, drapeau de l’Arabie Saoudite en tête, dans les rues d’Alger ! Enfin, il appelle (Paragraphe F.) « la communauté internationale à une solidarité agissante avec le peuple algérien. »
La Plate-forme de Sant Egidio, bien que signée par le responsable du FLN, fut rejetée par le pouvoir algérien auquel l’auteur reproche d’avoir préféré « poursuivre la sale guerre (sic ! ndlr) jusqu’à amener par la force, les « terroristes » (les guillemets sont de Ahmed Henni ! ndlr) à résipiscence. » On reste confondu devant une telle appréciation ! Ahmed Henni aurait-il préféré que les tueurs poursuivent leurs crimes en toute impunité ?
On pourrait croire après cela qu’il est favorable à la politique de Réconciliation Nationale approuvée par référendum le 29 septembre 2005. Il n’en est rien. Celle-ci ne trouve pas grâce à ses yeux. On comprend pourquoi en étudiant le texte de la Charte de Réconciliation nationale. Celle-ci se prononce ( Chapitre II-Deuxièmement) en faveur de l’ : « Extinction des poursuites à l’encontre de tous les individus qui mettent fin à leur activité armée et remettent les armes en leur possession.
Cette extinction des poursuites ne s’appliquera pas aux individus impliqués dans des massacres collectifs, les viols et les attentats à l’explosif dans les lieux publics. » et l’interdiction du FIS est maintenue. On est effectivement loin de la Plate-forme de Sant Egidio qui se prononçait en faveur de la légalisation du parti des assassins.
L’article de Ahmed Henni fait un parallèle avec la situation en Syrie où, selon lui, règne également « un appareil militaire ». Il s’étonne du tapage médiatique qui accompagne la guerre qui s’y déroule alors que la « communauté internationale » s’était tue pendant la décennie de sang en Algérie. Il oublie de rappeler que plusieurs pays occidentaux dont la France de François Mitterrand servirent de bases arrière et de refuges à plusieurs dirigeants du FIS. Derrière l’ambiguïté de certaines phrases, on croit comprendre que l’auteur qui regrette l’absence d’intervention occidentale en Algérie dans les années 90, serait favorable à une intervention en Syrie. D’autant qu’il considère que l’opposition syrienne a été contrainte de prendre les armes, ce que pourtant nie l’opposition démocratique.
Pourquoi ce parallèle entre l’Algérie et la Syrie et pourquoi maintenant ? Il y a quelques jours un responsable israélien déclarait que l’Algérie est le pays le plus dangereux pour Israël en Méditerranée. On est donc en droit de se poser la question : après la Libye, la Syrie ? l’Iran ? l’Algérie ?
Volontairement ou non, l’article de Ahmed Henni apporte sa pierre à la dangereuse campagne de dénigrement de l’Algérie qui se développe actuellement.
Bernard DESCHAMPS
PS/ Sur des questions aussi sensibles, j’aurais compris que mon quotidien L’HUMANITE (dont je suis un lecteur depuis 61 ans) publie l’article de Ahmed Henni en même temps qu’un argumentaire différent, afin que les lecteurs se fassent leur propre opinion. Malheureusement cela n’a pas été le cas. Je le regrette car le journal, en dépit de l’avertissement selon lequel cet article n’engage que son auteur, donne ainsi le sentiment de prendre cette opinion à son compte
* Le titre est de la rédaction d’Alger républicain.
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