La route de Syrie, du djihad à la prison
Un journaliste occidental a obtenu pour la première fois l’accès aux prisonniers détenus par l’armée d’Assad
Jamel Amer al-Khodoud [un nom qui ne sonne pas algérien, sans doute un pseudo, NdT], un Algérien dont la femme et les enfants vivent à Marseille et qui a servi dans le 1er régiment de transport de l’armée française, est un homme de 48 ans plus discret et son histoire assez pathétique de la quête du djihad – encouragée par les informations d’al Jazeera sur la souffrance des Musulmans en Syrie, dit-il – qui laisse un homme quelque peu désillusionné. Né à Blida, il avait émigré en France mais, quoique parlant le français couramment, il n’avait qu’une vie de petits boulots et de chômage puis, «après une longue hésitation, j’ai décidé d’aller en Turquie pour aider les réfugiés Syriens.»
Il était, dit-il, un «salafiste modéré, » mais dans les camps en Turquie, il a rencontré un cheikh Libyen, de nombreux Tunisiens et un imam Yémenite « qui m’ont donné des leçons sur le djihad.» Il a franchi la frontière avec un fusil de chasse et, avec d’autres hommes, il a attaqué des barrages de l’armée et dormi dans des maisons abandonnées et dans une mosquée dans les montagnes au-dessus de Lattaquié. Entraîné avec de l’armement français, il n’avait jamais tiré avec une Kalashnikov – on lui avait permis de tirer trois cartouches sur une pierre pour d’entraîner, dit-il – mais après quelques semaines de misère où il a découvert que le djihad en Syrie n’était pas pour lui, il a résolu de retourner en Turquie pour rentrer en France. «Ce que j’avais vu à lé télévision, je ne l’avais pas vu en Syrie. »
Capturé par des villageois soupçonneux, il a été emmené dans une ville (probablement Alep) et puis transféré par hélicoptère à Damas. Pourquoi n’a-t-il pas choisi la Palestine plutôt que la Syrie pour son djihad, lui avons-nous demandé. «Un ami palestinien m’avait dit que son peuple avait plus besoin d’argent que d’hommes,» a-t-il répondu. «En plus, c’est une frontière difficile à franchir.» Quand je lui ai demandé s’il avait été maltraité en captivité, il a répondu : «Dieu merci, je vais bien.» A la même question il a fait la même réponse.
Par Robert Fisk, The Independent (UK) 2 septembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Un journaliste occidental a obtenu pour la première fois l’accès aux prisonniers détenus par l’armée d’Assad
Jamel Amer al-Khodoud [un nom qui ne sonne pas algérien, sans doute un pseudo, NdT], un Algérien dont la femme et les enfants vivent à Marseille et qui a servi dans le 1er régiment de transport de l’armée française, est un homme de 48 ans plus discret et son histoire assez pathétique de la quête du djihad – encouragée par les informations d’al Jazeera sur la souffrance des Musulmans en Syrie, dit-il – qui laisse un homme quelque peu désillusionné. Né à Blida, il avait émigré en France mais, quoique parlant le français couramment, il n’avait qu’une vie de petits boulots et de chômage puis, «après une longue hésitation, j’ai décidé d’aller en Turquie pour aider les réfugiés Syriens.»
Il était, dit-il, un «salafiste modéré, » mais dans les camps en Turquie, il a rencontré un cheikh Libyen, de nombreux Tunisiens et un imam Yémenite « qui m’ont donné des leçons sur le djihad.» Il a franchi la frontière avec un fusil de chasse et, avec d’autres hommes, il a attaqué des barrages de l’armée et dormi dans des maisons abandonnées et dans une mosquée dans les montagnes au-dessus de Lattaquié. Entraîné avec de l’armement français, il n’avait jamais tiré avec une Kalashnikov – on lui avait permis de tirer trois cartouches sur une pierre pour d’entraîner, dit-il – mais après quelques semaines de misère où il a découvert que le djihad en Syrie n’était pas pour lui, il a résolu de retourner en Turquie pour rentrer en France. «Ce que j’avais vu à lé télévision, je ne l’avais pas vu en Syrie. »
Capturé par des villageois soupçonneux, il a été emmené dans une ville (probablement Alep) et puis transféré par hélicoptère à Damas. Pourquoi n’a-t-il pas choisi la Palestine plutôt que la Syrie pour son djihad, lui avons-nous demandé. «Un ami palestinien m’avait dit que son peuple avait plus besoin d’argent que d’hommes,» a-t-il répondu. «En plus, c’est une frontière difficile à franchir.» Quand je lui ai demandé s’il avait été maltraité en captivité, il a répondu : «Dieu merci, je vais bien.» A la même question il a fait la même réponse.
Par Robert Fisk, The Independent (UK) 2 septembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
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