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Alep: la bombe vient de pulvériser un immeuble, des fantômes émergent de la poussière

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  • Alep: la bombe vient de pulvériser un immeuble, des fantômes émergent de la poussière

    Cela pourrait être une explosion comme les autres, comme tant d'autres depuis des heures à Alep, mais celle-ci est un coup au but de la pire espèce. Au grand carrefour de Tarik al-Bab, à l'est de la ville, la bombe larguée par un avion gouvernemental vient de frapper de plein fouet un immeuble d'habitation.

    La taille du projectile est de celle qui ouvre des cratères grands comme des piscines lorsqu'elles frappent le sol, ou écrasent un bâtiment. Cette fois-ci, c'est un immeuble où de nombreuses familles habitent encore. Alors, dans le gigantesque nuage de poussière, émergent les formes fantômatiques du massacre. Des blessés sortent des décombres, regards vides, corps en lambeaux. Il y a des miraculés, un peu, et beaucoup d'atroces choses qui sortent du béton fracassé. On emporte un garçonnet blessé à la bouche qui promène sur la scène un regard étonné qui donne envie de pleurer. Des véhicules comme fous arrachent les blessés aux décombres, à la foule qui grossit, pour les amener vers l'hôpital le plus proche.

    Trois étages, peut-être quatre, ont été volatilisés par le tir, l'immeuble aussi est défiguré à un point tel qu'il est impossible de dire. Il y a des survivants qui essayent de rejoindre le sol depuis des chambres coupées en deux, ouvrant désormais sur quinze mètres de vide, au risque de chuter comme les tonnes de pierres et de gravats qui jonchent toute la place. Il n'est même pas question de compter les vivants, les morts, les abîmés. Des hommes et des femmes hurlent, mais bientôt, ces hurlements sont couverts par d'autres cris.

    "ILS ONT DES CRIS, ET UNE ENVIE DE TUER"

    Des hommes se sont rassemblés un peu plus loin, juste à quelques dizaines de mètres, et ils sortent, tout à coup, les longs gourdins des nervis du pouvoir. Ils ont des pierres à la main, c'est facile, il n'y a qu'à se baisser pour les ramasser. Ils ont des cris, et une envie de tuer. Voilà, c'est un groupe de manifestants pro-Bachar al-Assad, qui crie à l'Armée syrienne libre de s'en aller, de foutre le camp, et qui fond sur les quelques responsables insurgés avec l'intention manifeste de les lyncher. Ces derniers tirent en l'air, s'extraient en catastrophe du carrefour de la mort, tandis qu'on continue de tirer encore des blessés et des morts de dessous des pans entiers d'étages écroulés.

    Sous l'horreur, il y a une leçon, et personne ne peut dire qu'elle constitue une surprise. D'abord, le contexte : depuis 24 heures, une nouvelle phase de la bataille d'Alep est engagée, et elle sert de révélateur. L'Armée syrienne libre (ASL) est engagée contre les forces gouvernementales dans de nombreuses villes de Syrie, mais Alep a quelque chose de particulier. En plus du fait d'être la grande ville économique du pays et de rivaliser, en terme de population, avec Damas, les groupes insurgés y ont d'abord conquis des poches dans les campagnes environnantes, et longuement préparé l'attaque de la ville en se ménageant des couloirs vers les bases arrières rurales. Ils ont conquis la moitié est d'Alep, à peu de choses près, vers la fin juillet et évité le piège des autres villes de Syrie, où les hommes de l'ASL sont encerclés et réduits à s'infiltrer à travers les lignes gouvernementales, tout en subissant des bombardements.

    Alep est donc capitale pour l'ASL, et lors de la première phase de sa conquête de la ville, les environs de Tarik al-Bab ont été un point important de contrôle important des zones insurgées. Dès le lendemain de l'entrée dans Alep, une myriade de groupes de l'ASL (souvent formés, à l'origine, sur la base de noyaux de déserteurs établis dans les villes du Nord, comme Mar'a, Tarif At, Azaz, etc...) a réussi un premier effort d'unification, précisément en créant une division (liwa) baptisée al tawid (unification).

    UNE OFFENSIVE PRÉPARÉE DANS LE PLUS GRAND SECRET

    Puis, dans les semaines suivantes, une forme de guerre d'usure s'est mise en place. Aucun des fronts n'a été enfoncé, ni par un camp, ni par une autre, même si on s'y bat chaque jour. C'est à cette phase que les unités de l'ASL tentent depuis vendredi 7 septembre de mettre fin, par une offensive préparée dans le plus grand secret. Des combattants ont été massés – de différentes divisions, car il en existe quatre à Alep – pour lancer l'assaut sur une position stratégique du nord-est de la ville, Hanano. Grand complexe militaire où les appelés de l'armée syrienne en provenance de tout le nord du pays (et jusqu'à Deir es-Zor) étaient regroupés avant d'être envoyés vers leurs unités respectives, mais aussi base de feu pour l'artillerie qui s'en donne à cœur joie, ces jours-ci, sur les quartiers pris par l'ASL.

    LES ALBATROS, D'UNE EFFICACITÉ REDOUTABLE

    La bataille, samedi, a été féroce, non seulement en raison des combats au sol, mais aussi parce que l'armée syrienne maîtrise totalement les airs. Depuis la veille, les avions du régime multiplient les largages de bombe sur le périmètre conquis à Hanano par l'ennemi, mais aussi dans les environs pour couper les lignes d'approvisionnement, ou plus simplement les voies de circulation des combattants de l'ASL.

    Pour bombarder dans Alep, l'armée de l'air syrienne a recours à des petits avions à réaction conçus à l'origine pour l'entraînement, les Albatros (L39) de fabrication tchèque, si maniables pour évoluer au dessus des différents quartiers. Chargé de bombes, l'Albatros n'est pas équipé d'un viseur, obligeant le pilote à larguer son projectile en piqué pour choisir sa cible. Mais avec l'absolue liberté dont jouissent les jets au dessus d'Alep, la multiplication des passages et des largages rend leur efficacité redoutable.

    L'ARMÉE SYRIENNE PERD HANANO

    Pendant toute la journée, aucune bombe n'est tombée sur Tarik al-Bab, qui se trouve suffisamment en retrait par rapport à la ligne de front, pour ne pas être frappé par une erreur de bombardement. Mais vers le début d'après midi, selon plusieurs sources rebelles, les forces gouvernementales ont fini par perdre le dernier quart de Hanano, dans lequel les soldats loyalistes se battaient depuis la veille sans relâche. Point important : l'armée syrienne vient ainsi de perdre une position clef du nord de la capitale économique, construite sur une colline pour dominer les environs.

    Reste à déterminer, pour commencer, si l'ASL compte poursuivre son avancée à partir de cette victoire et avancer en direction du nord-ouest, au delà du rond point de Mysaloun (autre position gouvernementale), vers le bâtiment de la sécurité d'Asyasya, autre base de feu gouvernementale selon les rebelles. Mais si l'avancée se poursuit, l'ASL devra aussi faire face à un nouveau danger, dont certains de ses responsables ont une conscience aiguë.

    DES QUARTIERS PAS HOMOGÈNES

    Les quartiers conquis sur l'armée ne sont pas homogènes, certains abritent même des habitants fidèles dans leur soutien au président Bachar al-Assad, ainsi que les nombreux troupiers des services de sécurité et leurs homologues d'invention plus récente, les chabihas, gros bras faits pour faire mal et faire peur avec les moyens du bord. Leur nombre est impossible à déterminer avec précision, et la période ne se prête pas aux sondages. Du reste, l'habitude d'exprimer en public et en toute honnêteté ses opinions n'est pas exactement le trait de comportement le plus frappant dans une Syrie qui vit depuis des décennies sous l'emprise des multiples services de sécurité, de l'espionnage de voisinage, des dénonciations et de la torture.

    A Tarik al-Bab, quartier peuplé et considéré comme en partie fidèle au pouvoir syrien, pourquoi un seul et unique projectile gouvernemental est-il venu frapper à l'heure où les habitants, même en ces temps difficiles, sortent pour faire des courses ? La bombe a détruit un immeuble, des vies, mais l'horreur était peut-être l'arme que souhaitaient utiliser ceux qui ont fixé ce point précis à l'Albatros – dans la confusion générale, certains habitants se demandaient s'ils n'avaient pas été frappés plutôt par un engin explosif lancé depuis un hélicoptère, ce qui revient au même dans l'effet recherché. La "manifestation", par sa violence, par sa soudaineté, a peut-être surpris sur le moment. Mais elle révèle l'un des problèmes cruciaux qui accompagneront l'Armée syrienne libre dans Alep.

    Le Monde

  • #2
    mais aussi parce que l'armée syrienne maîtrise totalement les airs

    Normalement la première pensée qui devrait effleurer l esprit de Jean-Philippe Rémy (envoyé spécial) ..

    Pourquoi la proposition française " NFZ " n était pas passée à l ONU aussi pour la Syrie , comme ce fut en Libye ...?

    *Puisque la supercherie politique française " droit d ingérence humanitaire avait été démasqué en Libye .... ...

    mon avis !!

    c est ça l essentiel : plus de crédibilité française à l ONU ...
    les amerloques sont très fin en manip , ainsi aux actions par proxy .. ils abattent efficacement la géopolitique française en Afrique -monde arabe en catimini sans froisser la France ..ce n est pas nous , c est les russes et les chinois ..
    A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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    • #3
      LIXUS
      Alep: la bombe vient de pulvériser un immeuble, des fantômes émergent de la poussière
      Tu as oublié de poster la photo des fantômes que L'Immonde utilise comme preuve !!!






      Il n'a ni femmes ni enfants ni vieillards ça doit être un immeuble pour célibataires mâles !!!!!!!!
      "Les petits esprits parlent des gens, les esprits moyens parlent des événements, les grands esprits parlent des idées, et les esprits supérieurs agissent en silence."

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      • #4

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        • #5
          Par Jean-Philippe Rémy (envoyé spécial)
          Ce qui me fera toujours rire avec ces journaux de propagande gouvernementale (Le Monde), c'est qu'il n'y a aucun journaliste de ce journal en Syrie...Ils sont au Liban...
          A lire son récit, on le croirait sur place....
          Ou est l'éthique journalistique? Sommes nous condamner à ne lire que de la basse propagande?
          « En politique, on ne flétrit le mensonge d’hier que pour flatter le mensonge d’aujourd’hui » (Jean Rostand).

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          • #6
            "ils ont des cris, et une envie de tuer"
            des hommes se sont rassemblés un peu plus loin, juste à quelques dizaines de mètres, et ils sortent, tout à coup, les longs gourdins des nervis du pouvoir. Ils ont des pierres à la main, c'est facile, il n'y a qu'à se baisser pour les ramasser. Ils ont des cris, et une envie de tuer. Voilà, c'est un groupe de manifestants pro-bachar al-assad, qui crie à l'armée syrienne libre de s'en aller, de foutre le camp, et qui fond sur les quelques responsables insurgés avec l'intention manifeste de les lyncher. Ces derniers tirent en l'air, s'extraient en catastrophe du carrefour de la mort, tandis qu'on continue de tirer encore des blessés et des morts de dessous des pans entiers d'étages écroulés.
            "Les petits esprits parlent des gens, les esprits moyens parlent des événements, les grands esprits parlent des idées, et les esprits supérieurs agissent en silence."

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