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G8: Le retour de la puissance russe

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  • G8: Le retour de la puissance russe

    La tenue à St Pétersbourg du sommet du G8 permet à Poutine de réaffirmer les nouvelles ambitions russes. Malgré certains handicaps persistants.

    La mort de Chamil Bassaïev le 10 juillet 2006 constitue un indéniable succès pour les forces de sécurité russes. « C’est un châtiment mérité pour nos enfants de Beslan, de Boudennovsk, pour tous les attentats qu’ils ont commis à Moscou et dans les autres régions de Russie, dont l’Ingouchie et la Tchétchénie », a commenté Vladimir Poutine, visiblement satisfait de la disparition du dernier chef historique de la rébellion tchétchène, après la mort, l’année dernière, de l’ancien président Aslan Mashkadov, éliminé par les Russes, tout comme le 17 juin dernier le « président » indépendantiste Abdoul-Khalim Saïdoullaïev.

    La manne énergétique


    Accueillant du 15 au 17 juillet les chefs d’Etat du G8, Vladimir Poutine ne manquera pas de souligner devant George Bush cette « victoire contre le terrorisme » et de mettre en parallèle l’élimination du concepteur de la sanglante prise d’otages de l’école de Beslan avec celle de Zarkaoui le 7 juin par les forces américaines.

    Derrières les félicitations d’usage, il n’est pas sûr que George Bush appréciera la comparaison car pour le chef de la Maison-Blanche, cette même « lutte antiterroriste » masque maintenant des intérêts contradictoires.

    De fait, les relations entre Moscou et Washington tournent nettement à l’aigre depuis le printemps dernier. Le point de départ a été le violent discours antirusse tenu par Dick Cheney, le 5 mai dernier à Vilnius (Lituanie). Lors d’un sommet réunissant 25 européens et plusieurs pays ex-communistes, le vice-président américain s’en est vivement pris au gouvernement de Poutine, accusé « d’avoir injustement et improprement restreint les droits de son peuple », d’avoir « utilisé ses fournitures de pétrole et de gaz pour l’intimidation et le chantage », et enfin de « miner l’intégrité territoriale d’un voisin (la Georgie) et d’interférer contre les mouvements démocratiques », telle la Révolution orange en Ukraine.

    Les buts de Dick Cheney étaient explicites: accélérer la désintégration de la CEI (Communauté des Etats indépendants) mise en place par la Russie à la chute de l’URSS et conforter la présence de l’Otan et des Etats-unis dans la région. Il est loin le temps où, au lendemain du 11 septembre 2001, George Bush proposait à la Russie un « partenariat stratégique »...
    Moscou en fut donc encore plus ulcéré: les propos de Dick Cheney furent même qualifiés de « sacrilèges » par Serguei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. Plus impavide, Vladimir Poutine en ressortit convaincu qu’il lui fallait durcir encore sa ligne: réaffirmer l’ambition internationale de la Russie notamment par la relance de liens bilatéraux avec ses principaux voisins, l’Union européenne, l’Inde et la Chine, renforcer les liens avec les pays de son ex-empire, à l’Ouest comme en Asie centrale, refuser toute ingérence dans les affaires intérieures russes.

    Le triplement du prix de l’énergie a apporté le carburant financier à de telles ambitions: dans les seuls quatre premiers mois de 2006, les réserves de change de la Banque centrale de Russie ont augmenté de 24,2%, passant à plus de 226 milliards de dollars contre 22 milliards d’endettement, puisque la Russie a récemment remboursé une grande partie de ses créanciers étrangers.

    Le péril démographique

    Le gaz et le pétrole donnent donc d’immenses marges de manoeuvre à Vladimir Poutine qui contrôle d’une main de fer toutes les entreprises russes de son secteur, dont le fleuron est le grand conglomérat Gazprom. Les ressources énergétiques sont résolument utilisées comme armes de pression tant vis-à-vis des « marches » de l’Ouest (comme l’Ukraine) que des pays membres de l’UE. Ces derniers viennent de prendre brutalement conscience qu’ils vivent dorénavant sous la menace d’un possible embargo russe sur le gaz...

    L’énergie représente 64% de ses exportations et restera un secteur en forte demande pour au moins les deux décennies à venir, mais le pays n’en reste pas moins un nain économique. La Russie, qui accueille cette semaine le G8, ne représente seulement que 2% du PIB global des pays réunis au sommet de St Pétersbourg !

    Ce n’est pas la seule faiblesse de la Russie à laquelle doit s’attaquer Vladimir Poutine. Facteur d’angoisse, la chute démographique: depuis la fin des années 80, la Russie perd 700.000 habitants par an ! Le spectre d’un pays de 100 millions d’habitants seulement hante le Kremlin qui règne, rappelons-le, sur un septième des terres émergées. Aucune solution n’est écartée, pas même un recours « raisonné » mais important à l’immigration.

    Troisième handicap dans cette période de fortes tensions internationales, la faiblesse du budget de défense et la lenteur de la modernisation des armées. Nostalgique de la puissance de l’ex-URSS et de la période du partage du monde en deux superpuissances, Vladimir Poutine souhaite des forces armées capables d’intervenir « simultanément dans un conflit global, un conflit régional et plusieurs conflits locaux ». Fichtre ! Ces projections militaires sont ambitieuses mais le budget militaire russe est moindre que celui de la France et 25 fois inférieur à celui des Etats-Unis...

    Un modèle de société encore à construire

    Avec un parti présidentiel ayant la majorité absolue à la Douma, ayant personnellement obtenu 71% des suffrages, Vladimir Poutine dispose d’une démocratie fortement encadrée sans réelle opposition structurée. Tout au moins jusqu’en 2008. Mais le chef du Kremlin n’écarte pas l’idée d’une réforme de la constitution lui permettant de briguer un troisième mandat.

    Peut-être la population acceptera-t-elle cette situation de libertés corsetées, le temps tout au moins du redressement de la Mère patrie fortement ébranlée par les politiques ultra-libérales appliquées brutalement sous Boris Eltsine. Mais dans un contexte de pénurie, l’arrivée de la manne énergétique risque également de réveiller les appétits revendicatifs d’une société qui a été longtemps marquée par l’égalitarisme soviétique. Vladimir l’a senti et vient de décréter des hausses importantes des salaires des fonctionnaires, une manière également de réduire une corruption endémique.

    Plus complexe encore à résoudre est l’épineuse question des minorités nationales. Il n’y a pas eu de réponses politiques aux différents mouvements indépendantistes tchétchènes, influencés ou non par l’islamisme radical: ils ont tous été écrasés dans le sang. A des degrés divers, l’ensemble des républiques et territoires du Caucase connaissent pourtant des tensions autonomistes. Et d’autres minorités, ouraliennes, turcophones, mongoles , sibériennes, ont les mêmes aspirations. Or, l’une des premières mesures de Vladimir Poutine a été de réduire le pouvoir des régions au profit de l’exécutif central.

    Vice à l’intérieur, vertu à l’extérieur: la Russie condamne les désirs d’indépendance dans le Caucase russe, mais dans cette même région, elle soutient les mouvements autonomistes de minorités dans des pays frontaliers, comme les Abkhases en Georgie.

    L’Ukraine reste le point sensible du Kremlin dans ses relations aux pays limitrophes. Historiquement, la notion « d’empire russe » est fortement liée par « l’alliance-domination » qu’impose la Russie à ce très grand « pays-frère ». La « Révolution orange », approuvée et largement soutenue par les Etats-Unis et l’UE, a donc été vécue comme un coup de poignard par les milieux politico-militaires comme par d’importantes fractions de la population russe. A l’inverse, les Européens, en fermant la porte à une adhésion ukrainienne à l’UE, ont considérablement affaibli le nouveau pouvoir.

    Aujourd’hui, les Russes, arme du gaz aidant, estiment que le temps joue dorénavant pour eux. Les stratèges du Kremlin jugent également que le mode occidental dit « démocratique », de résolution des conflits balkaniques, laisse à l’usage beaucoup à désirer. Selon eux, Américains et Européens n’ont su ni éviter les guerres longues et violentes pour les populations civiles, ni trouver de solutions satisfaisantes à l’éclatement total de la Yougoslavie.

    On voit, il est vrai, se multiplier des micro-Etats constitués sur des bases purement ethniques, peu ou pas viables sur un plan économique ou politique. C’est le cas du Monténégro, indépendant depuis le 5 juin dernier, demain de la Macédoine ou du Kosovo. L’absurde est atteint lorsqu’on apprend la demande d’un référendum d’autodétermination de la partie serbe de la Bosnie Herzégovine: la Républika Srpska (c’est son nom) veut à la fois se libérer de la tutelle de Sarajevo, capitale de la Bosnie, et de Belgrade, capitale de la Serbie. Dans un vote qui apparaît dérisoire, le parlement serbe a lui-même voté le 21 mai dernier « l’indépendance » de son propre pays.

    Europe ou Asie ?

    Parmi les orientations stratégiques que la Russie est en train de définir, il est au moins un choix qui reste ouvert: ce pays souhaite-t-il être une projection européenne en Asie ? Ou bien s’imposer comme puissance euro-asiatique avec une fenêtre à l’Ouest ? La diplomatie russe hésite entre ces deux pôles. Les Européens louvoient également entre coopération et rejet, entre intégration et exclusion de la Russie. Peut-être la réunion G8, où Poutine a invité la Chine et l’Inde, apportera quelques éclaircissements.

    Par Pierre de Morville -QO

  • #2
    C'est fou ce que le pétrole et le gaz peuvent avoir comme influence sur le monde. Vladimir Poutine, un dictateur qui ne dit pas son nom, se permet grâce aux hydrocarbures, de narguer les européens et leur donner des leçons de démocratie, lui qui a été incapable de protéger ses propres populations lorsqu'il a lancé ses incompétentes forces spéciales à l'assaut de l'opéra de Moscou...

    Le comble est que les européens ont intérêt de se taire et d'éviter de critiquer le tsar russe sous peine de passer l'hiver sans chauffage...

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