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Les islamistes appellent à la légalisation de la polygamie en Tunisie

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  • Les islamistes appellent à la légalisation de la polygamie en Tunisie

    Une vive controverse s'est développée le mois dernier en Tunisie après qu'une association islamiste eut appelé à la levée de l'interdiction de la polygamie pour remédier aux problèmes sociaux.

    Adel Almi a souhaité le 29 août que soit ré-ouvert un débat sur l'interdiction de la polygamie en Tunisie, pour permettre aux Tunisiens de bénéficier de ce qui est "autorisé par la charia et par Dieu".

    "L'alcool et le cannabis constituent des atteintes au corps humain, alors que la pratique de la polygamie résoud de nombreux problèmes physiques et sociaux", a déclaré Almi sur Shems FM.

    Almi est ce même prêcheur très controversé qui avait appelé à créer une police des moeurs en Tunisie. Il dirige "l'Association modérée pour la conscience et la réforme", une instance autrefois appelée Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice.

    Ce prêcheur islamiste estime que la levée de l'interdiction de la polygamie est une demande populaire émanant des hommes comme des femmes. Il affirme de plus que la polygamie est un droit divin et qu'elle est de ce fait étayée par un intérêt public légitime, expliquant que la Tunisie "doit ré-ouvrir le débat sur cette question et laisser la justice trancher".

    Comme Almi, d'autres voix souhaitent que la question soit de nouveau examinée. Elles font valoir que la polygamie est une solution au célibat ainsi qu'aux problèmes d'adultère et de viol.

    Bahri Jelassi, leader du Parti pour l'ouverture et la loyauté, a demandé à plusieurs reprises l'abrogation de la loi pénalisant la polygamie et son remplacement par une législation conforme à l'esprit de la loi islamique. Jelassi a demandé à l'assemblée constituante de stipuler "le droit de chaque Tunisien à avoir une concubine aux côtés de sa femme et à profiter de celles que possèdent leur main droite."

    "Une concubine est la solution la plus efficace à la restauration de l'équilibre social et moral de la société tunisienne, qui a été mise à mal par les lois laïques du Code sur le statut des personnes et a souffert pendant cinquante ans de la pénalisation de la polygamie", a affirmé ce responsable politique.

    La législation sur le statut des personnes édictée par le Président Habib Bourguiba en 1956 interdit la polygamie, en dépit de son caractère admissible dans l'Islam. Cette pratique conserve encore ses adeptes parmi certains Tunisiens.

    "Dans la mesure où la polygamie est autorisée, pourquoi l'interdire ?", a commenté Jaber Khedhiri. "Si un homme souhaite une autre femme, qu'il puisse l'avoir. En outre, nous ne sommes pas meilleurs que le reste des pays islamiques."

    Comme l'a expliqué Basset Rouichdi : "J'espère que cette idée sera appliquée sur le terrain, de manière à ne pas interdire ce que Dieu a permis, parce que la polygamie est l'un des plus offerts par notre religion pour veiller aux intérêts de la société, en particulier des femmes, et traiter les problèmes de la société."

    Pour Walid Salmi : "Je suis favorable à la polygamie, à condition qu'il existe des motifs convaincants pour la pratiquer, comme la stérilité ou la maladie d'une femme, et à condition que la première épouse y consente."

    Mais la situation matérielle que connaissent la plupart des Tunisiens pourrait empêcher l'application effective de la polygamie.

    "La situation financière de la Tunisie ainsi que les problèmes du chômage et de la pauvreté, et le coût de la vie, sont des facteurs qui empêcheront l'acceptation de cette idée et son application même à long terme", selon Kamel Attia.

    En revanche, cet appel a rencontré une forte opposition de la part de nombreux Tunisiens, notamment des femmes. Comme l'a expliqué Souha Hsini : "Je refuse d'emblée de discuter de cette question. C'est vrai que l'Islam l'autorise, mais la polygamie ne correspond plus à l'époque actuelle. Nous ne vivons plus comme les premiers Musulmans."

    "Je ne pense pas que les femmes de Tunisie renonceront facilement à cet acquis, parce que la femme tunisienne est de nature jalouse et n'acceptera jamais que son mari ait une autre femme qu'elle dans sa vie", a expliqué Aïcha Youssef.

    Rim Azzabi considère pour sa part que la polygamie saperait la stabilité de la famille et créerait des tragédies sociales non nécessaires. "Le mariage est une relation d'amitié, de convergence et de partenariat intégré, et une responsabilité partagée par les femmes et les hommes", a-t-elle déclaré.

    Même son de cloche chez son mari Jamel Bahri, qui explique que "pour ma part, je ne pourrais épouser une seconde femme, même si je le pouvais financièrement. Une seule me suffit, le nombre ne compte pas. Ce qui importe, c'est la paix de l'esprit et la bonne éducation des enfants. C'est cela, mon bonheur."

    Source: Magharebia
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