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Pourquoi EADS et BAE Systems veulent se marier

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  • Pourquoi EADS et BAE Systems veulent se marier

    C'est une véritable bombe qui vient de frapper le secteur européen de la défense. EADS et son concurrent britannique BAE Systems pourraient se marier. Aussi inattendue qu'elle soit, l'idée d'un rapprochement entre les deux groupes n'est pas dénuée de sens.

    Coup de tonnerre dans le ciel européen. Le groupe d'aéronautique et de défense EADS et son concurrent britannique BAE Systems ont indiqué mercredi 12 septembre discuter d'une "possible" fusion, qui créerait un géant du secteur. "BAE Systems et EADS confirment qu'ils sont en discussions à propos d'un possible rapprochement de leurs activités", ont indiqué les deux groupes après une fuite de l'information dans la presse.

    C'est l'agence Bloomberg la première qui a lâché la bombe. En milieu d'après-midi, heure française, l'agence affirme que les deux spécialistes de l'aéronautique de la défense discutent fusion, et que s'il n'est pas encore certain que l'accord aboutisse à un accord, les discussions seraient à un stade déjà bien avancé. Selon nos informations, elles auraient commencé voilà trois ou quatre mois, peu de temps avant la nomination de Tom Enders à la tête d'EADS, qui a déjà fortement fait bouger les lignes au sein du constructeur européen. Début septembre, il se séparait notamment de Stefan Zoller, le patron de Cassidian, la branche sécurité et défense d'EADS, qui n'a jamais réussi à décoller....

    Venir concurrencer Boeing

    Aussi inattendue qu'elle soit, l'idée d'un rapprochement n'est pas dénuée de sens. Grâce à la fusion, les deux groupes seraient en mesure de venir concurrencer les mastodontes américains du marché de la défense. Pour mieux peser sur ce secteur, rien de mieux en effet qu'un mariage en grande pompe. Ensemble, les deux groupes réaliseraient 94 milliards de dollars (75 milliards d'euros) de chiffre d'affaires, loin des 68,7 milliards de dollars de ventes de Boeing en 2011 et des 46,5 milliards de Lockheed Martin, le numéro un mondial de la défense.

    L'opération permettrait aussi à EADS de rééquilibrer ses activités civiles - qui représentent 80% de son chiffre d'affaires- et militaires, et de s'affirmer dans un secteur où il n'a jamais vraiment réussi à se positionner. La preuve avec les récents déboires de Cassidian: la filiale, qui réalise environ 5,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, a vu sa marge opérationnelle passer de 7,7% en 2011 à 4% au premier semestre 2012, tandis que Boeing et BAE conservaient des marges à deux chiffres. Cassidian a aussi subi deux échecs successifs avec l'élimination de l'Eurofighter de l'appel d'offres indien et suisse, et l'abandon du programme de drone Talarion, financé à pertes.

    Complémentarité géographique

    Les deux groupes sont habitués à travailler ensemble. BAE a été actionnaire d'Airbus jusqu'en 2006, avant de revendre ses parts à EADS. Ils sont coactionnaires dans le consortium Eurofighter, qui développe le Typhoon, et ils ont déjà à leur actif la grande réussite de MBDA, le numéro deux mondial des missiles.

    Géographiquement surtout, ils se complètent bien. BAE est extrêmement présent aux Etats-Unis- il y réalise 45% de son chiffre d'affaires (contre 19% au Royaume-Uni et 12% au reste de l'Europe) - et compte parmi les tout premiers fournisseurs du Pentagone, qui a justement tendance à résister à EADS, comme en attestent ses récentes mésaventures dans la bataille des avions Ravitailleurs.

    De son côté, le britannique le sait, il risque de faire les frais des coupes drastiques dans le budget de la défense américaine. S'il doit tout faire pour ne pas vexer un partenaire de longue date, il doit aussi sauvegarder ses arrières. EADS et BAE chercheraient une formule permettant de maintenir l'indépendance de ce dernier au sein du futur ensemble pour que l'entreprise puisse encore fournir l'armée américaine

    Redistribution des cartes pour les Etats actionnaires

    Selon les discussions en cours, la nouvelle entité serait détenue à 60% par les actionnaires d'EADS et à 40% par ceux de BAE. Les deux sociétés resteraient cotées respectivement à Paris et Londres mais seraient rassemblées sous la coupe d'un nouvel ensemble ayant une structure de direction unique. Celle-ci n'est pas encore finalisée, et EADS et BAE se donnent jusqu'au 10 octobre pour annoncer la transaction ou y renoncer. Sur un plan purement financier, EADS versera 200 millions de livres (environ 252 millions d'euros) de dividendes exceptionnels à ses actionnaires en cas de fusion avec BAE.

    Le mariage, avec tous les effets dilutifs qu'il comporte, aura aussi pour conséquence la redistribution des cartes s'agissant de la place des Etats au capital d'EADS. Daimler et Lagardère, qui détiennent encore tous deux 7,5% du capital, pourraient y trouver l'occasion tant attendue de se séparer de leurs parts. Tom Enders, lui, pourrait réaliser son rêve de soustraire en partie EADS de l'influence des Etats...

    Par Julie de la Brosse
    L'Expansion
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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