Quels sont les préférences littéraires des Algériens et l’impact du Sila sur le monde de l’édition ?
Les réponses de l’éditrice Selma Hellal et de l’auteur-éditeur Bachir Mefti.
Selma Hellal. Co-éditrice aux éditions Barzakh : La fournée de nouveaux titres est riche en romans
- Le Sila est un rendez-vous incontournable, marquant la «rentrée littéraire» en Algérie. Un concept qui vous dérange, non ?
Il ne me dérange pas. C’est juste un abus de langage, une facilité. Car la formule «rentrée littéraire» fait strictement référence à un rituel français, à une balise du champ éditorial exclusivement français. Et c’est heureux ! C’est un moment palpitant, que nous suivons chaque fois, en tant qu’éditeurs, avec une grande excitation. On peut remarquer aussi que cette période si particulière en France accorde une visibilité exceptionnelle aux écrivains et pas seulement des auteurs de best-sellers. Ainsi par exemple, ils passent au JT de 20h de chaînes de télévision, chose qui, le restant de l’année est plutôt rare. C’est vraiment un moment passionnant de mise à l’honneur de la littérature, de célébration de celle-ci. Cependant ailleurs, cela n’existe pas. Aux Etats-Unis, en Allemagne, au Liban, en Egypte, les livres sortent toute l’année, à une cadence régulière et continue, sans «rentrée» particulière. Chaque pays donc invente et fabrique sa propre manière de façonner son champ éditorial, d’en scander le rythme. Et l’Algérie, me semble-t-il, fait résolument partie des pays qui n’ont pas de «rentrée» littéraire. A notre décharge à tous, il y a sans doute une confusion qui, au gré des années, s’est installée et explique peut-être cette banalisation de la formule : on parle volontiers de «rentrée éditoriale» en septembre, car c’est à ce moment-là que se tient le Salon international du livre. Or il est vrai que, pour ce rendez-vous, nous nous préparons tous avec une énergie décuplée, nous avons tous le souci de surprendre le public, de le séduire avec des nouveautés, etc.
- Quels sont les auteurs que présenteront les éditions Barzakh lors de ce rendez-vous ?
La «fournée» de nouveaux titres est riche. Notamment en romans. Difficile, donc, d’en isoler un ou deux seulement du lot. Habib Ayyoub nous revient avec un court texte satirique, dans le prolongement de sa prose caustique et pleine d’humour qui nous est désormais familière, Le Remonteur d’horloge. L’insolence de ce livre est bienfaisante ! Amin Zaoui nous propose un nouveau roman, prolongeant sa quête dans l’imaginaire, l’érotisme et la liberté Le Dernier Juif de Tamentit. Il y a également le roman de Abdelwahab Benmansour Les Voies de l’errance. A l’origine écrit en arabe et édité chez Barzakh en 2006 (Foussous Ettih), nous l’éditons aujourd’hui en français, traduction en tous points remarquable effectuée par Lotfi Nia, traducteur compétent et inspiré. C’est un roman magnifique, relatant une quête spirituelle, roman rythmé, énigmatique et qui, littéralement, hypnotise le lecteur. Lotfi Nia l’a rendu dans toute sa beauté. Nous sommes très fiers de ce travail. Quant aux essais, s’il faut en souligner un, c’est bien celui que nous publions en co-édition avec les éditions La Découverte, Histoire de l’Algérie à la période coloniale. Une œuvre collective colossale, une somme, qui réunit les contributions de spécialistes algériens, français, mais aussi (et c’est probablement une des originalités, entre autres, de ce livre) américains, britanniques, allemands, canadiens. Le cosmopolitisme des regards, la diversité des approches donnent à cette publication une qualité exceptionnelle, et en font d’ores et déjà un ouvrage de référence. Nombre d’auteurs (ceux cités plus haut) seront présents pour des dédicaces. Sans compter, bien évidemment, l’auteur de notre best-seller de l’année 2011, La Martingale algérienne, Abderrahmane Hadj Nacer, qui sera présent pour signer son livre, avant que la version arabe de celui-ci ne soit disponible fin octobre prochain.
En 17 ans d’existence, le Sila est devenu une plaque tournante pour les éditeurs, auteurs et lecteurs. L’objectif de création d’un réseau homogène a-t-il été atteint ?
Rares sont les salons du livre destinés à créer des réseaux homogènes. Seul, sans doute, celui de Francfort a atteint cet objectif, alimentant le réseau mondial des achats de droits. Tel n’est pas leur objectif. Le SILA reste avant tout une foire. C’est-à-dire un endroit où on vend des livres. Le bénéficiaire incontestable est l’éditeur, puisqu’il fait des ventes directes sans passer par le libraire, «court-circuité» en quelque sorte, pendant cette période et le plus souvent importantes : c’est le rendez-vous par excellence entre l’éditeur et le lecteur/l’acheteur. Pas seulement pour les éditeurs algériens d’ailleurs. Le SILA est parmi l’un des salons, en Méditerranée, les plus convoités. Nombre d’éditeurs internationaux (beaucoup du Monde arabe) ne le rateraient pour rien au monde, car le marché algérien est très important. Ce Salon est, en fait, un épisode essentiel pour nous, un point de convergence de tous nos efforts, de nos désirs, de nos engagements. C’est un moment très fort sur le plan tant commercial que symbolique. On y fait d’excellentes ventes en effet. Mais il y a aussi quelque chose d’éminemment gratifiant à rencontrer le public, à lui parler, à échanger avec lui. Le Salon est un moment privilégié, il nous régénère, et redonne du sens à notre action.
Les réponses de l’éditrice Selma Hellal et de l’auteur-éditeur Bachir Mefti.
Selma Hellal. Co-éditrice aux éditions Barzakh : La fournée de nouveaux titres est riche en romans
- Le Sila est un rendez-vous incontournable, marquant la «rentrée littéraire» en Algérie. Un concept qui vous dérange, non ?
Il ne me dérange pas. C’est juste un abus de langage, une facilité. Car la formule «rentrée littéraire» fait strictement référence à un rituel français, à une balise du champ éditorial exclusivement français. Et c’est heureux ! C’est un moment palpitant, que nous suivons chaque fois, en tant qu’éditeurs, avec une grande excitation. On peut remarquer aussi que cette période si particulière en France accorde une visibilité exceptionnelle aux écrivains et pas seulement des auteurs de best-sellers. Ainsi par exemple, ils passent au JT de 20h de chaînes de télévision, chose qui, le restant de l’année est plutôt rare. C’est vraiment un moment passionnant de mise à l’honneur de la littérature, de célébration de celle-ci. Cependant ailleurs, cela n’existe pas. Aux Etats-Unis, en Allemagne, au Liban, en Egypte, les livres sortent toute l’année, à une cadence régulière et continue, sans «rentrée» particulière. Chaque pays donc invente et fabrique sa propre manière de façonner son champ éditorial, d’en scander le rythme. Et l’Algérie, me semble-t-il, fait résolument partie des pays qui n’ont pas de «rentrée» littéraire. A notre décharge à tous, il y a sans doute une confusion qui, au gré des années, s’est installée et explique peut-être cette banalisation de la formule : on parle volontiers de «rentrée éditoriale» en septembre, car c’est à ce moment-là que se tient le Salon international du livre. Or il est vrai que, pour ce rendez-vous, nous nous préparons tous avec une énergie décuplée, nous avons tous le souci de surprendre le public, de le séduire avec des nouveautés, etc.
- Quels sont les auteurs que présenteront les éditions Barzakh lors de ce rendez-vous ?
La «fournée» de nouveaux titres est riche. Notamment en romans. Difficile, donc, d’en isoler un ou deux seulement du lot. Habib Ayyoub nous revient avec un court texte satirique, dans le prolongement de sa prose caustique et pleine d’humour qui nous est désormais familière, Le Remonteur d’horloge. L’insolence de ce livre est bienfaisante ! Amin Zaoui nous propose un nouveau roman, prolongeant sa quête dans l’imaginaire, l’érotisme et la liberté Le Dernier Juif de Tamentit. Il y a également le roman de Abdelwahab Benmansour Les Voies de l’errance. A l’origine écrit en arabe et édité chez Barzakh en 2006 (Foussous Ettih), nous l’éditons aujourd’hui en français, traduction en tous points remarquable effectuée par Lotfi Nia, traducteur compétent et inspiré. C’est un roman magnifique, relatant une quête spirituelle, roman rythmé, énigmatique et qui, littéralement, hypnotise le lecteur. Lotfi Nia l’a rendu dans toute sa beauté. Nous sommes très fiers de ce travail. Quant aux essais, s’il faut en souligner un, c’est bien celui que nous publions en co-édition avec les éditions La Découverte, Histoire de l’Algérie à la période coloniale. Une œuvre collective colossale, une somme, qui réunit les contributions de spécialistes algériens, français, mais aussi (et c’est probablement une des originalités, entre autres, de ce livre) américains, britanniques, allemands, canadiens. Le cosmopolitisme des regards, la diversité des approches donnent à cette publication une qualité exceptionnelle, et en font d’ores et déjà un ouvrage de référence. Nombre d’auteurs (ceux cités plus haut) seront présents pour des dédicaces. Sans compter, bien évidemment, l’auteur de notre best-seller de l’année 2011, La Martingale algérienne, Abderrahmane Hadj Nacer, qui sera présent pour signer son livre, avant que la version arabe de celui-ci ne soit disponible fin octobre prochain.
En 17 ans d’existence, le Sila est devenu une plaque tournante pour les éditeurs, auteurs et lecteurs. L’objectif de création d’un réseau homogène a-t-il été atteint ?
Rares sont les salons du livre destinés à créer des réseaux homogènes. Seul, sans doute, celui de Francfort a atteint cet objectif, alimentant le réseau mondial des achats de droits. Tel n’est pas leur objectif. Le SILA reste avant tout une foire. C’est-à-dire un endroit où on vend des livres. Le bénéficiaire incontestable est l’éditeur, puisqu’il fait des ventes directes sans passer par le libraire, «court-circuité» en quelque sorte, pendant cette période et le plus souvent importantes : c’est le rendez-vous par excellence entre l’éditeur et le lecteur/l’acheteur. Pas seulement pour les éditeurs algériens d’ailleurs. Le SILA est parmi l’un des salons, en Méditerranée, les plus convoités. Nombre d’éditeurs internationaux (beaucoup du Monde arabe) ne le rateraient pour rien au monde, car le marché algérien est très important. Ce Salon est, en fait, un épisode essentiel pour nous, un point de convergence de tous nos efforts, de nos désirs, de nos engagements. C’est un moment très fort sur le plan tant commercial que symbolique. On y fait d’excellentes ventes en effet. Mais il y a aussi quelque chose d’éminemment gratifiant à rencontrer le public, à lui parler, à échanger avec lui. Le Salon est un moment privilégié, il nous régénère, et redonne du sens à notre action.
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