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LIM BENYACOUB, ORNITHOLOGUE, PROFESSEUR EN ÉCOLOGIE ANIMALE À L'UNIVERSITÉ DE ANNABA, RESPONSABLE D'UNE STATION DE RECHERCHE EN ÉCOLOGIE, :
Slim Benyacoub, ornithologue, revient, dans cet entretien, sur la perturbation des populations de goélands car, comme il l’explique, cela bouleverse avec elles d’autres espèces rares qui cohabitent.
S
oir magazine : Pouvez-vous faire connaître à nos lecteurs le goéland ?
Slim Benyacoub : Il existe 6 espèces de goélands en Algérie. 4 sont hivernantes et 2 nicheuses. L’espèce nicheuse la plus rare est le goéland d’Audouin. La plus commune, comme celle de Skikda, est le goéland leucophée. La population algérienne se situe aux environs de 3 000 couples nicheurs, localisés surtout à l'ouest, du côté d'Oran. Des individus erratiques s’ajoutent parfois à cette population qui peut passer alors à 10-12 000 individus.
On dit que les œufs du goéland ont des vertus contre l'allergie. Qu’en pensez-vous ?
Ce sont des mythes qui ont la peau dure. On obtient tout au plus un effet placebo, qui disparaît très vite du reste. Le maximum que l'on puisse faire avec des œufs de goéland c'est une omelette qui aura, de toute manière, mauvais goût à cause des déchets de toute sorte dont se nourrit l'oiseau ! L'espèce est omnivore, mais plus souvent nécrophage. Elle se nourrit volontiers de déchets pourrissants dans les décharges et de cadavres d’animaux marins.
Des personnes s'adonnent au commerce des œufs, on rapporte que le prix de l'unité dépasse les 400 DA...
Malheureusement, il existera toujours des personnes cupides qui profiteront de la détresse et de l’ignorance d’autrui pour gagner de l’argent facilement.
Cependant, leur cupidité a souvent des conséquences graves sur les populations animales (pillage d’œufs) comme par exemple, sous d’autres cieux, le pillage de cornes de rhinocéros, foie et bile de tigre ou d’ours, foie et cornes de gazelle, etc. pour réaliser des soi-disant remèdes ou des filtres d’amour pour des personnes sexuellement impuissantes mais surtout naïves.
Leur multiplication s'est faite au détriment d'autres espèces comme le cormoran ?
Il est possible en effet que l’augmentation du nombre de couples nicheurs de goélands ait un effet négatif sur les populations de cormoran. Il s’agira alors ici du cormoran huppé dont les populations sont bien moins nombreuses que celles du goéland leucophée. De toute façon, il faut éviter de perturber les populations de goéland car on perturbe avec celles d’autres espèces, plus rares, qui cohabitent.
Est-il vrai que lorsque le goéland ne trouve pas ses œufs, il change de lieu de ponte ?
Oui, effectivement de nombreuses espèces d'oiseau changent de nid, ou se déplacent dans un autre site de reproduction lorsqu'elles constatent un dérangement ou une prédation.
Une source nous a affirmé que les colonies de goélands se sont multipliées depuis qu'elles s'approvisionnent en déchets ménagers. Qu’en pensez- vous ?
Les décharges publiques à ciel ouvert sont connues pour être la cause de la prolifération des laridés d'une manière générale : mouettes et goélands, qui sont des espèces opportunistes (qui profitent des déchets des hommes). C’est une source de nourriture supplémentaire qui permet une croissance démographique supérieure à celle des conditions naturelles.
Un dernier mot ?
L'Algérie va souffrir du changement climatique, notamment par une réduction des ressources en eau. Les conséquences de cette réduction seront négatives sur la diversité de nos ressources biologiques, ce qui expose notre territoire à des risques certains de désertification. Il faudra donc consentir beaucoup d'efforts pour préserver ce qui reste. C'est l'affaire de tous les citoyens. Il faut respecter la vie sous toutes ses formes, surtout en période de crise écologique. La nature nous le rendra forcément un jour.
Par le soir
Slim Benyacoub, ornithologue, revient, dans cet entretien, sur la perturbation des populations de goélands car, comme il l’explique, cela bouleverse avec elles d’autres espèces rares qui cohabitent.
S
oir magazine : Pouvez-vous faire connaître à nos lecteurs le goéland ?
Slim Benyacoub : Il existe 6 espèces de goélands en Algérie. 4 sont hivernantes et 2 nicheuses. L’espèce nicheuse la plus rare est le goéland d’Audouin. La plus commune, comme celle de Skikda, est le goéland leucophée. La population algérienne se situe aux environs de 3 000 couples nicheurs, localisés surtout à l'ouest, du côté d'Oran. Des individus erratiques s’ajoutent parfois à cette population qui peut passer alors à 10-12 000 individus.
On dit que les œufs du goéland ont des vertus contre l'allergie. Qu’en pensez-vous ?
Ce sont des mythes qui ont la peau dure. On obtient tout au plus un effet placebo, qui disparaît très vite du reste. Le maximum que l'on puisse faire avec des œufs de goéland c'est une omelette qui aura, de toute manière, mauvais goût à cause des déchets de toute sorte dont se nourrit l'oiseau ! L'espèce est omnivore, mais plus souvent nécrophage. Elle se nourrit volontiers de déchets pourrissants dans les décharges et de cadavres d’animaux marins.
Des personnes s'adonnent au commerce des œufs, on rapporte que le prix de l'unité dépasse les 400 DA...
Malheureusement, il existera toujours des personnes cupides qui profiteront de la détresse et de l’ignorance d’autrui pour gagner de l’argent facilement.
Cependant, leur cupidité a souvent des conséquences graves sur les populations animales (pillage d’œufs) comme par exemple, sous d’autres cieux, le pillage de cornes de rhinocéros, foie et bile de tigre ou d’ours, foie et cornes de gazelle, etc. pour réaliser des soi-disant remèdes ou des filtres d’amour pour des personnes sexuellement impuissantes mais surtout naïves.
Leur multiplication s'est faite au détriment d'autres espèces comme le cormoran ?
Il est possible en effet que l’augmentation du nombre de couples nicheurs de goélands ait un effet négatif sur les populations de cormoran. Il s’agira alors ici du cormoran huppé dont les populations sont bien moins nombreuses que celles du goéland leucophée. De toute façon, il faut éviter de perturber les populations de goéland car on perturbe avec celles d’autres espèces, plus rares, qui cohabitent.
Est-il vrai que lorsque le goéland ne trouve pas ses œufs, il change de lieu de ponte ?
Oui, effectivement de nombreuses espèces d'oiseau changent de nid, ou se déplacent dans un autre site de reproduction lorsqu'elles constatent un dérangement ou une prédation.
Une source nous a affirmé que les colonies de goélands se sont multipliées depuis qu'elles s'approvisionnent en déchets ménagers. Qu’en pensez- vous ?
Les décharges publiques à ciel ouvert sont connues pour être la cause de la prolifération des laridés d'une manière générale : mouettes et goélands, qui sont des espèces opportunistes (qui profitent des déchets des hommes). C’est une source de nourriture supplémentaire qui permet une croissance démographique supérieure à celle des conditions naturelles.
Un dernier mot ?
L'Algérie va souffrir du changement climatique, notamment par une réduction des ressources en eau. Les conséquences de cette réduction seront négatives sur la diversité de nos ressources biologiques, ce qui expose notre territoire à des risques certains de désertification. Il faudra donc consentir beaucoup d'efforts pour préserver ce qui reste. C'est l'affaire de tous les citoyens. Il faut respecter la vie sous toutes ses formes, surtout en période de crise écologique. La nature nous le rendra forcément un jour.
Par le soir
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