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Ministre de la Propreté de la ville !
Le nouveau PM est-il plus courageux que ses prédécesseurs, plus propre qu'eux en annonçant un toilettage profond des villes du pays, ou tout simplement plus soucieux d'un service public qui fait tant défaut à un pays qui, pourtant, veut maîtriser le nucléaire pour en exploiter son énergie ? Ou bien M. Sellal est-il tout simplement un Algérien qui se lave beaucoup, qui aime la propreté et les choses bien faites ? Ce n'est donc pas une surprise lorsqu'il a répondu aux voeux de tous ces Algériens qui désespéraient de revoir leur ville plus propre, plus accueillante et moins polluée par des tonnes de déchets. Dans son ex-département et alors qu'il laissait le flambeau à son successeur, il a dit ceci (ce qu'aucun ministre avant lui n'a osé dire): «'L'Algérie est actuellement en panne en matière de service public en général. L'une des opérations que nous allons lancer incessamment est le nettoyage des villes, car le service public a légèrement diminué dans ce domaine». M. Sellal, ministre de la Propreté de la ville ? Les préoccupations du PM sont en réalité le résultat d'une incroyable débandade des services municipaux en matière de nettoyage et d'enlèvement des ordures dans les grandes villes du pays, mais également un laisser-aller coupable de citoyens, dans un environnement social où l'incivisme est dominant. Cette saleté de nos villes est devenue un phénomène de société, pire, une gangrène qui menace la vie citadine et le confort d'habiter en ville en tant que tel. Les opérations de nettoyage (on se demande pourquoi des opérations de nettoyage après les déclarations du PM et pas avant ?) ont commencé par exemple à Alger au moment où, phénomène rarissime, une usine décidait de fermer ses ateliers après une invasion de moustiques. Non, c'est la réalité, et pas un film de science fiction. L'usine de la SNVI de Rouiba a fermé ses ateliers après que les travailleurs eurent été piqués par des moustiques, et certains envoyés à l'infirmerie. Face au danger de maladies à transmission hydrique, le complexe a tout simplement fermé jusqu'à aujourd'hui dimanche.
Question: pourquoi le PM a-t-il dit qu'il y a «une panne en terme de service public» ? Anodins en apparence, ces deux faits (nettoyage des villes et usine envahie par des moustiques) n'en reflètent pas moins toute l'étendue du désastre social et écologique dans lequel les grandes villes du pays ont été plongées depuis des décennies par une gestion catastrophique par des élus locaux souvent absents et incompétents. Il n'est pas nécessaire ici de faire l'inventaire des villes algériennes, naguère réputées pour la qualité de vie qu'elles offraient à leurs habitants. Il est juste utile de rappeler aujourd'hui que ce qui reste de trottoirs débordés par les détritus est le résultat d'une gestion urbaine catastrophique des élus, plus soucieux de ravaler des façades et refaire, tous les quatre ans, des trottoirs où passent les cortèges présidentiels ou ministériels que d'améliorer le service public en rendant la vie de ceux qui ont voté pour eux moins difficile, en leur enlevant au moins les soucis du ramassage des ordures, le transport public, l'AEP. Du reste, M. Sellal parviendra-t-il à faire oublier aux Algériens de dire à tout bout de champ: «A l'époque, ce n'était pas comme ça».
par Yazid Alilat
Le Quotidien d'Oran
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