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Les walis bloquent le fichier national Logement : les raisons d’une politique désastreuse

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  • Les walis bloquent le fichier national Logement : les raisons d’une politique désastreuse

    L’Algérie s’apprête à donner le coup d’envoi pour la réalisation de 750 000 nouveaux logements. Hier, le Conseil des ministres a donné son feu vert au déclassement de terres agricoles qui accueilleront ces projets. Ces nouveaux logements viendront s’ajouter aux centaines de milliers construits ces dernières années. Mais comme il y a dix ans, il est toujours aussi difficile de se loger en Algérie. Les logements de standing sont hors de prix. Dans certaines promotions immobilières privées à Alger, un F3 de 100 m2 est vendu entre 25 à 30 millions de dinars, soit un prix similaire à ceux pratiqués dans de grandes villes en Europe.

    Pour les logements promotionnels publics, ils sont moins chers, mais ils sont réservés à la clientèle du régime et aux connaissances des promoteurs. Le marché fonctionne dans l’opacité totale et favorise, grâce aux paiements en cash, le blanchiment d’argent et les fortunes mal acquises. Même si les montants portent souvent sur plusieurs millions de dinars, le gouvernement ne veut toujours pas imposer la transaction bancaire dans le logement.

    La situation pour les logements bénéficiant des aides de l’État, comme le LSP et le LPA (logement promotionnel aidé), est plus grave. Depuis le lancement des fameux programmes quinquennaux, l’Algérie construit partout sans prendre en compte les besoins réels par wilaya ni se soucier de l’aménagement du territoire. Les décisions de lancer de nouvelles constructions sont prises au niveau du gouvernement. Au ministère de l’Habitat, des technocrates se chargent de répartir les quotas par wilaya. En bout de processus, les walis se chargent de la réalisation et surtout du choix des terrains.

    Souvent, quand le wali reçoit son quota de logements à construire, il n’a aucune idée de la disponibilité des terrains dans sa wilaya ni des besoins de la population. Il improvise, selon la disponibilité des terrains », explique un connaisseur du dossier. Cette gestion improvisée crée des déséquilibres entre différentes wilayas. Au sein d’une même wilaya, elle est à l’origine de disparités entre différentes daïras et quartiers. Pire : dans certaines wilayas, comme Alger, cette gestion a provoqué de véritables désastres, notamment à Aïn Benian, où des dizaines de milliers de logements ont été construits dans une anarchie totale, défigurant le paysage.


    Fichier national du logement : les walis s’y opposent

    Une fois les logements construits, les walis gardent un pouvoir total sur la distribution. Les bénéficiaires doivent répondre à certains critères. Mais chaque wali dispose d’un quota qu’il distribue à des personnalités locales – ou à leurs proches – ainsi qu’à ses propres connaissances. Cette situation a créé de véritables réseaux : des personnes acquièrent plusieurs logements dans différentes wilayas. Elles les revendent ou les louent, empochant d’importantes plus‑values.

    Là encore, comme pour le paiement en cash, le gouvernement ne veut pas agir. Régulièrement évoqué depuis 2001, le Fichier national du logement, censé contenir la liste des bénéficiaires de logements pour limiter la fraude, n’a jamais vu le jour. Selon nos sources, les walis s’opposent fortement à la création de ce fichier et refusent de collaborer. Un fichier national va en effet permettre des recoupements qui feront ressortir les noms de personnes ayant bénéficié de plusieurs logements. Au‑delà de la réalisation de nouveaux logements, la mise en place du Fichier national sera le principal élément sur lequel le nouveau gouvernement sera jugé en matière de politique de l’habitat.


    TSA
    Samir Allam
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