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Ecole, violence et libre arbitre!

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  • Ecole, violence et libre arbitre!

    Peut-on imposer, physiquement ou moralement, à une personne de croire à une «foi» ou d’adhérer à une opinion, s’il n’y croit pas ? Voilà un sujet de philo pour les lycéens ! Evidemment, non ! Or, sur le terrain en Algérie oui ! Car, comment peut-on expliquer cet acharnement contre les personnes qui n’observent pas le mois de jeûne, contre les personnes qui manifestent pour les libertés,etc ?Signalons que la violence ne s’est pas arrêtée au niveau verbal, mais elle est passée à un niveau physique !

    D’année en année, l’intolérance se radicalise !

    Cette évolution est-elle le fruit du système éducatif algérien, des lois et/ou de la religiosité prédominante ? Est-ce possible au XXIe siècle que certains croyants ou citoyens pensent qu’il est légitime d’imposer leurs croyances et leurs opinions aux autres ? En lisant les commentaires sur internet, dans les forums de certains journaux ou des réseaux sociaux comme Facebook, je suis stupéfié de lire une telle haine à l’égard des personnes qui ne croient pas aux valeurs dominantes en Algérie.

    Certains commentateurs vont même jusqu’à faire des appels au meurtre, c’est un vrai désastre ! On n’est pas sorti de l’auberge de la violence ! Au final, la violence s’est multipliée en diverses formes dans notre société. Elle n’est pas uniquement une violence contre soi par le suicide, en s’immolant, etc. ou une violence de la délinquance, mais la violence dogmatique, qui s’exprime par la recherche du puritanisme.La délinquance dans le sens qu’un délinquant pratique soit le vol (de voiture, cambriolages, etc.), soit le trafic de drogue, ou bien les agressions sur les personnes (attaques à main armée, viols, homicides). Selon le sociologue R. Fillieule(1), on peut distinguer trois types de délinquance : la délinquance juvénile (l’individu isolé ou les petits groupes) ; la violence urbaine (gangs, phénomène qui se propage dans plusieurs wilayas en Algérie) ; et enfin le crime organisé (maffias organisées).

    La violence dogmatique s’est ancrée chez l’individu ou le croyant en incarnant les valeurs religieuses authentiques, qui sont mal assimilées et mal déterminées généralement. Selon Kant, l’erreur et la vérité ne se distinguent pas d’après leur différence spécifique, mais seulement à la manière dont le plus petit se distingue du plus grand, il n’y a pas d’erreur absolue, mais chaque connaissance, au moment où elle naît en l’homme, est vraie pour lui. D’après Kant, «remettre sur la bonne voie ne consiste qu’à faire intervenir des représentations(2) qui faisaient défaut auparavant, et la vérité précédente se transforme par la suite en erreur sous le simple effet du progrès de la connaissance»(3).

    La connaissance est le moteur de l’évolution d’un individu et sans elle il sera condamné à reproduire les mêmes représentations ou schémas perpétuellement. Cependant, l’orientation poursuivie par notre système éducatif est de «produire, écrit Daho Djerbal(4), selon les formes désirées, un changement dans la personnalité de l’individu afin de le préparer à être un membre sain de la société. Avec l’éducation religieuse, poursuit-il, qui se poursuit tout au long des cycles primaire et secondaire, la formation atteint les domaines de la vie en société, de la morale et des valeurs de culture».

    Ainsi, le jeune écolier qui poursuit sa formation dans une école algérienne va vivre plusieurs antagonismes : il sera confronté à plusieurs contradictions entre valeur de société et valeur enseignée à l’école. «Purifier le corps et protéger l’esprit, s’en remettre au maître pour atteindre le sens des choses, imiter les hommes de foi et répéter les percepts moraux et religieux, brider sinon réprimer sa sexualité, tels sont les enseignements qui vont accompagner l’adolescent dans son pasage à l’âge adulte», écrit Daho Djerbal.

    Le programme de philosophie qui est censé apprendre au futur universitaire et adulte à raisonner par la connaissance, à exercer son esprit critique, à s’initier à l’argumentation, à une discipline de la méthode, à penser par lui-même et à forger une confiance en lui, en sa raison et en sa volonté, a été revu et corrigé en 1988. Selon une étude du sociologue Omar Lardjane(5), «la notion de la conscience n’est plus placée en position de fondement de l’action humaine, elle est posée comme simple objet d’une science positive (la psychologie).

    Le sujet, dans sa conscience comme dans sa raison, n’est plus source de savoir ni d’action, écrit-il. L’individu-sujet n’occupe plus le centre de l’interrogation existentielle (Individu-Etat, individu-famille, individu-valeur patriarcale, etc.)». Conséquence de cet enseignement pisttaciste aliénant, à écrit la linguiste Khaoula Taleb Ibrahimi(6), «ils (les étudiants) perdent leurs repères cognitifs car ils ne savent plus réfléchir et raisonner». Dans le même ordre d’idées, Daho Djerbel(7) écrit : «( ... ) en séparant le champ des savoirs positifs et des sciences de celui des valeurs et du sens, en imposant un univers normatif à référence transcendante, en inscrivant l’individu dans l’ordre moral répressif et ségrégationniste, on a fini par produire l’inhumain.»

    L’échec de l’école algérienne est palpable, surtout au niveau de la transmission d’une éthique, d’une morale universelle, dans le fait d’inculquer un libre arbitre. Cependant, l’absence d’une vision claire d’un projet de société d’avenir a créé un vide et celui-ci est rempli par des mythologies et des légendes, déplumé d’un raisonnement construit. S’ajoutent à cela plusieurs déficits au niveau de la politique économique, sociale et culturelle poursuivis depuis l’indépendance jusqu’à ce jour.

    Toute pensée qui critique ce statu quo de la société est considéré et traité d’occidentaliste, d’aller vivre ailleurs, etc. Cette violence latente, et parfois active, dans notre société n’aspire guère à un avenir meilleur.

    Nous assistons impuissamment à une régression pas uniquement dans la mission de base de l’école, qui est la société de demain, c’est-à-dire la lecture, l’écriture, la socialisation, mais à l’annihilation de soi, la perte des valeurs humaines, le repli sur soi, la négation de l’autre et l’absence d’espoir.

    A vrai dire, la volonté éducative est une volonté d’avenir, elle est relative non pas à une humanité d’hier, mais à l’humanité de demain. Il s’agit de préparer l’enfant d’aujourd’hui à devenir l’homme de demain. Mais qu’en est-il de l’Algérie?

    Notes :
    1) - R. Fillieule, Sociologie de la délinquance, PUF, 2001.
    2) - Ce que nous appelons en psychologie cognitive le schéma et Jean Piaget l’appelle schème.
    3) - Une conférence donnée par le philosophe Kant en 1783 à Berlin.
    4) - Le changement des valeurs et des idéologies dans la société algérienne, in l’année du Maghreb, 2004.
    5) Publié dans la revue Naqd n° 5, 1993
    6) Publié dans la revue Naqd n° 5, 1993
    7) Cf. note n° 4


    Yazid Haddar : neuropsychologue et auteur; El watan

  • #2
    Une "éducation" programmée pour faire de nos enfants des délinquants en puissance, la "sionisation" si c'est bien le mot qui convient de nos "sociétés" pour qu'elles perdent ses valeurs qui ont fait d'elles une civilisation grandiose.
    Les découvertes de la psychologie sont utilisées pour faire régresser nos pays, le sionisme a pénétré notre système d'éducation...

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