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Hétéronomie du champ du savoir et effondrement du système éducatif en Algérie

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  • Hétéronomie du champ du savoir et effondrement du système éducatif en Algérie

    Source : Maghreb Emergent
    Le professeur Abderrezak Dourari* énumère, dans cet article, les symptômes de la crise du système éducatif algérien et, surtout, il tente d’en situer les raisons profondes. Pour lui, une des racines du mal qui ronge ce système n’est autre que l’extrême endurance d’une « pensée aporétique » stérile, qui bannit du champ du savoir tout esprit critique. L’organisation et le fonctionnement de l’université, souligne-t-il, ne favorisent pas le développement de la recherche scientifique ou d’un enseignement de qualité, pas plus que ne le favorisent l’inadaptation des offres de formation et le non-règlement de la question du statut des langues nationales et étrangères.
    La grave crise qui ronge le système éducatif dans son ensemble depuis au moins vingt ans et l’absence de réaction patente des autorités publiques en dépit des recommandations des différentes commissions spécialisées instituées à cet effet nous poussent à tenter d’expliquer cette persistance autrement que par l’incompétence ou l’incurie. La catastrophe éducative et culturelle algérienne serait-elle alors la conséquence d’un habitus inconscient des élites au pouvoir induit de la posture de rejet du savoir scientifique et de la raison (rejet de la philosophie), naguère imposée par une tendance conservatrice de la pensée islamique classique se revendiquant du hanbalisme et de ses disciples Ibn qayyim al-Jawziyya et Mohammed ibn Abd-El wahhâb?
    Il ne s’agit sans doute pas d’une attitude réfléchie mais seulement d’une posture générale spontanée qui préside aux comportements des acteurs probablement à leur insu. Aussi, doit- on commencer par s’interroger sur le contexte intellectuel et politique général auquel est soumis le système éducatif, du primaire au doctorat, pour examiner ce handicap héréditaire des institutions de formation et de production de la pensée et, partant, de toute instance du savoir (=raison) dans le monde dit arabe. Nous entendons par « instance de savoir » tout actant collectif (commissions spécialisées, groupe d’experts, universités, etc.) ou individuel (intellectuels) producteur de pensée critique, plus particulièrement dans l’un des domaines du savoir des sciences sociales (=raison).


    L’extraordinaire permanence de la pensée aporétique**

    Il est d’usage de comparer la pensée critique dans le monde dit arabe (et non pas « la pensée arabe », car la pensée n’est ni ethnique ni uniforme pour une ethnie) avec le sort de cette dernière en Occident pour tenter d’expliquer le développement de ce dernier et le retard du premier cité.
    A la suite de saint Thomas d’Aquin (1225-1274), qui, dans la ligne de pensée d’Averroès et d’Aristote, concilia foi et raison (nihil est in intellectu quod non sit prius in sensu), amènera aurespect de l’ordre rationnel « créé et voulu par Dieu pour permettre à l’homme de connaître la vérité », vint plus tard le mouvement intellectuel de l’humanisme qui se propagea d’Italie en Europe dans le contexte d’une grande crise religieuse. Il s’est largement diffusé, favorisé par la naissance de la typographie (Gutenberg) aux 15ème.-16ème siècles (Marsile Ficile en Italie, Erasme en Hollande, Thomas More en Angleterre, François Rabelais en France…). Il place l’Homme, sa dignité et ses capacités créatrices au centre de sa vision du monde, en négation de la position religieuse culpabilisatrice qui soutenait une vision de l’Homme toujours entaché du péché originel. C’est l’ouverture de la démarche critique qui remet en question les grands dogmes cosmogoniques de la religion (Copernic, 1473-1543, soutint que la Terre tourne autour du soleil et non pas l’inverse)… Puis Martin Luther en Allemagne fait donner un grand saut à la pensée chrétienne avec la réforme protestante et l’instauration des libertés individuelles en matière de foi…
    Le monde occidental s’est libéré de la pensée religieuse et a connu une avancée de la pensée scientifique critique grâce à une rupture avec les catégories de la pensée catégorico-déductives et apologétiques de la religion. La critique libre de l’autorité traditionnelle et la mise en question de sa prédominance dans l’explication des faits et des idées est devenue courante. Elle induit un véritable bouleversement des concepts et des grilles de lecture des faits.

    Le problématique héritage d’une Nahda velléitaire

    La systématisation, en Occident, de la pensée cartésienne (René Descartes, 1596-1650), qui posait que ce n’est ni dans la tradition, ni dans les autorités existantes que la vérité se fonde, mais dans le sujet universel de la science et que la lumière naturelle était supérieure à l’exemple (les hagiologies, culte des ancêtres…) et à la coutume, et son élévation au rang d’une posture intellectuelle générale entraîna, parallèlement à l’avancée des découvertes scientifiques sur la nature et sur l’homme, un processus de sécularisation de la vie sociale, son dynamisme et son humanisation.
    On aura remarqué que la pensée dans le monde arabe et islamique s’est éclipsée précisément durant cette période (du 16ème au 19ème siècle) où l’Occident s’est réveillé ! (Mohammed Arkoun, Humanisme et Islam, Combats et propositions, Ed. Barzakh, Alger, 2007).
    La Nahda arabe (Renaissance aux 18ème-19ème siècles), sous l’empire d’une pensée velléitaire, s’est piégée dans l’obsession de conciliation des pôles antinomiques de la tradition/authenticité et de la modernité! Cette pensée sclérosée s’est embrouillée dans les dichotomies conceptuelles aporétiques: hadâta (modernité)/taqlid (tradition), ‘aql (raison)/naql (imitation des pieux prédécesseurs), croyances/savoir scientifique, rite/humanisme…Elle entraînera le figement de l’ordre cognitif et social, dominé par la tradition et les intérêts des oligarques légitimés par les gestionnaires du sacré. Fereydoun Howeida parle d’islam bloqué (Ed. Robert Laffont, 1992) et Mohammed Arkoun d’« ankylose » et de « raison immobile » (La construction humaine de l’islam, Entretiens avec Rachid Benzine et Jean-Louis Shlegel, Albin Michel, 2012).
    Cette pensée est l’illustration même de la définition de l’aporie : « difficulté d’ordre rationnel paraissant sans issue »(Le petit Robert).
    L’échec de cette nahdha arabe est patent et ses principales références intellectuelles s’étaient elles-mêmes vite recroquevillées dans la tradition : Rachid Ridha, disciple de Mohammad Abduh, Taha Hussein et Abbas Mahmoud al-Aqqâd ont commencé réformateurs et fini misonéistes (Cf. Nacer Hamid Abu Zayd, mafhum an-naç, 6ème Ed. 2005).

    La pensée critique bannie

    La posture intellectuelle velléitaire, au lieu d’être historiquement réorientée dans le sens du progrès, a subi une régression et le mouvement des Frères musulmans, ennemi du savoir scientifique et de la modernité, en naîtra en Egypte et se propagera sous la forme de l’islamisme actuel qui a creusé davantage la tradition et la supposée « spécificité singulière » du monde islamique (où le dogme religieux domine la raison), en tentant d’achever ce qui filtrait comme lumière dans le clair-obscur de cette pensée apologétique de la tradition.
    La pensée dominante érige, désormais, la spécificité et l’apologie en posture épistémologique générale et fera une guerre systématique au savoir scientifique et à la pensée critique qu’elle finit par contenir dans la marge et l’autocensure à l’avantage de la pensée traditionaliste religieuse Cette clôture dogmatique aboutit à l’hétéronomisation du champ du savoir scientifique et au sous-développement économique, culturel, cognitif, politique et social.
    Cette situation est propice au mode néo-patrimonial de gouvernement. Le discours du pouvoir politique déploie une logique discursive fondée sur l’incantation des poncifs anti-coloniaux et anti-impérialistes (le sionisme) et de quelques confus préceptes du discours apologétique religieux dans des sociétés exsangues, où l’analphabétisme bat son plein (plus de la moitié de la population).
    Le discours religieux revendique sa propre construction d’un passé mythique comme seul avenir (le mythe du paradis perdu) ; il confirme ipso facto l’hégémonie de l’autorité du pouvoir patrimonialiste qui se revendique lui-mêmed’un passé exemplaire (révolution d’indépendance) autant que du premier cité. Le pouvoir dictatorial n’a pas besoin de se revendiquer de quelconques réalisations. Il utilise le discours islamiste comme repoussoir en sa faveur.
    Aujourd’hui encore, cette raison spécifique et singulière, qui a un palmarès impressionnant de destructions en Algérie et ailleurs, récidive en tentant en Tunisie de faire revivre l’enseignement de la Zeituna (voir l’accord entre le ministre de l’Education, de l’Enseignement supérieur et celui des Affaires religieuses, le 12 mai 2012, en présence du président du parti Ennahda sur « le retour à l’enseignement zeitounien originel » et aussi le « Manifeste des intellectuels tunisiens » de juin 2012).
    La pensée critique est bannie du système éducatif et des sociétés dites arabes. Toute approche critique du corps doctrinal du discours du pouvoir ou de l’islamisme, à partir des épistémologies des sciences sociales est condamnée sans appel. Les sciences sociales, dont l’objet est l’organisation et le fonctionnement des sociétés et du pouvoir ainsi que les fondements des légitimités et des discours de légitimation, sont déclarées ennemies à discréditer et abattre. Elles sont alors dites « juives », comme si la physique et les mathématiques étaient, elles, « islamiques » !

  • #2
    La confusion entre les deux « ilm » : la science et le savoir religieux

    Si les systèmes dogmatiques de l’islamisme et du pouvoir sont ainsi violemment soustraits à la pensée critique (impensable), il convient de s’interroger sur la nature du système de production historique des sociétés qui est à l’œuvre et maintenu par la violence dans les sociétés dites arabes et qui en explique la stagnation ou la relative évolution sanglante et paradoxale. Par conséquent, tout changement actuel dans ces Etats à pouvoirs néo-patrimoniaux se fera presque automatiquement au profit de leur alter ego islamiste et dans la violence qui est déjà un grand pas en avant car ces sociétés seront, pour la première fois, confrontées directement à leurs bourreaux. On reconnaît là les traits de la société fermée de Karl Popper.
    Le fonctionnement des systèmes politiques arabes actuels relève d’une postautorité mais seulement du pouvoir, ils tentent d’empêcher l’émergence de toute autre autorité, particulièrement d’une autorité scientifique autonome visible. La disparition des institutions de concertation (CNES...) et d’observation en Algérie en est une autre preuve.
    Pour l’idéologie islamiste, les problèmes nouveaux et anciens des nations arabes et islamiques « ne pourraient être solutionnés que par ce qui a pu les solutionner au commencement » ! (lâ tasluhu ‘umûru hadhihi al-‘umma ‘illâ bimâ salaha bihi ‘awalluhâ) et, par conséquent, la plongée dans le passé devient la seule voie de salut. L’image qu’ils se font du savant est loin de l’innovation ou de la créativité (kullu bid’atin dalâlatun wa kullu dalâlatin fî an-nâr, énonçait Ibn Taymiyya). Le savant est une simple mémoire de faits et gestes des « pieux Anciens » sélectionnés et leur répétiteur moraliste selon l’avis d’Ibn Taymiyya, dont un lycée algérien porte le nom. Les institutions scientifiques et le savoir (la raison) sont ipso facto de pure façade. A voir pourquoi yawm al-‘ilm (la journée de la science) est-il conjoint à la célébration du décès du sympathique Ibn Badis, un réformateur islamique favorable à la sécularisation de la société algérienne, non connu pour avoir une grande production intellectuelle comparable à Mohammed Abduh, Rachid Ridha, Taha Hussein, Khaled Mohammed Khaled, Ali Abd- Ar-râziq ou même de ses compatriotes algériens comme le mozabite ibâdhite Cheikh Et-tefeyech! L’entretien de la confusion entre « ‘ilm » (=science religieuse) et « ‘ilm » (=science rationnelle) rend service à l’idéologie conservatrice. Cependant, ce sont ces discours conservateurs et castrateurs de la pensée rationnelle qui sont amplifiés et rendus prenants dans la société par les grands médias contrôlés scrupuleusement par le pouvoir et les appareils idéologiques d’Etat.
    Le traitement sélectif du patrimoine théologique islamique

    Dans cette raison imitative et apologétique, les faits objectifs, comme les conséquences des comportements épistémiques, ne sont pas pris en compte. Seule compte l'obtempération au pouvoir du sacré et des acteurs qui y participent. Les dégâts causés par le sida ne sont vues que sous l’angle de l’écart par rapport à la morale religieuse (« maladie honteuse ») et la télé est très pudibonde quant aux moyens de protection, y compris quand c’est le corps médical qui en parle (car, disent-ils, notre belle religion nous en préserve); la pédophilie, l’inceste, le viol et les violences contre les faibles ne sont pas soumis aux grilles analytiques et explicatives des sciences sociales et de la raison scientifique…La question de l’adoption ainsi que ses inhumaines procédures ne tiennent compte que de la conformité à certains oukases religieux, jamais de l’intérêt psychique et du confort mental de l’enfant ou de ses parents adoptifs. La pensée n’a aucune fuite sur la réalité, elle ne traite pas de faits, mais se contente de produire un discours d’apparence nouveau, qui renvoie à d’autres discours plus anciens de personnalités religieuses, rapprochés par forçage de sens du fait dont il s’agit aujourd’hui.
    Tout est transcendantalisé, l’histoire devient une hiérohistoire et la « parole révélée », de même que l’expérience de Médine, subit « un arrachement à la réalité historique » (préface d’Edgar Morin au livre de Mohamed Arkoun cité plus haut) à telle enseigne que même les ouvrages islamiques des asbâb at-tanzîl (les circonstances de la révélation) sont rendus difficiles d’accès dans ces sociétés allant jusqu’à oblitérer leur existence. Le pamphlet de Mohammed Abdeslam Farag, l’un des assassins de Anouar Sadât, Al-farîdha al-ghâ’iba, est la référence obligée, hypostasiée et transcendentalisée des islamistes qui n’hésitent pas à éliminer physiquement tout penseur critique à leur égard…La liste est longue. La chari’a (avec un article défini!), que tout le monde pense connaître en raison de la fréquence d’utilisation du mot, est un concept flou qui n’est contenu dans aucun ouvrage de référence (corpus de règles ou de lois ou de principes) afin de le dérober lui-aussi à la pensée critique…Cela relève de l’impensable et le savoir des sciences sociales est tabou. (Cf. Mohamed Arkoun, Humanisme et Islam, Combats et propositions, Barzakh, Alger, 2007, p. 290 sq.).

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    • #3
      L’université prise au piège de la pensée a-critique

      L’enseignement supérieur a un rôle incontournable dans les sociétés modernes. Pour l’Association Internationale des universités, (l’ADEA pense de même) « il n’existe pas de développement économique, social, culturel et personnel sans éducation. L’enseignement supérieur doit respecter son leadership moral et sa responsabilité sociale…C’est lui qui forme les formateurs à tous les échelons de l’éducation et de la société. La recherche [et la connaissance scientifique] dans tous les domaines dépend de la qualité de la recherche scientifique dans l’enseignement supérieur ».
      Le changement social ne peut donc s’envisager sans un enseignement supérieur de qualité. Pour le Prof. J.L. Reiffers (« Vers un nouveau régime de croissance en Algérie : pour une stratégie nationale d’implantation de l’économie de la connaissance », 2009), il existe en Algérie une empathie pour le changement manifesté notamment par la fuite de cerveaux.
      En effet, selon une étude du secrétariat général à l’Immigration, la France compte 6,24 millions de très diplômés dont 710.000 immigrés : 66.000 Algériens, 66.000 Marocains et 26.000 Tunisiens (El Watan du 27 mars 2012). Cette élite s’enfuit parce qu’elle veut s’épanouir et désire le changement du cadre de vie sociétal trop contraignant qui fait classer les capitales islamiques parmi les plus invivables de la planète. Cette élite se sent en très mauvaise posture chez elle comme le dit la revue américaine Foreign Policy rapporté par El Watan du 2 septembre 2010).
      Aux USA, selon Jürgen Habermas (La science et la technologie comme idéologie), le système décisionniste et/ou pragmatique en vigueur amène l’Etat à être un très gros consommateur de science (Voir Abderrezak Dourari, « Savoir et pouvoir en Algérie », CREAD, 2007) à travers les « Scientific Agencies ». Les sociétés et les économies animées par le progrès technologique et scientifique poussent à l’innovation et à la libre pensée dans tous les domaines et entraînent un très grand développement de l’enseignement supérieur et des institutions de savoir et, subséquemment, de leur statut social.


      La nécessaire construction d’une « économie de la connaissance »

      En Algérie, le sort réservé au rapport d’expertise (=savant collectif) de la Commission Sbih sur la réforme de l’administration, à ceux des Commissions Issad sur la réforme de la justice et la répression sanglante en Kabylie, à celui de la Commission Benzaghou sur la réforme du système éducatif et même à celui de la Commission Bensalah (juin 2011) qui a reçu un groupe d’universitaires est illustratif de la place du savoir dans la société.
      En Algérie, non seulement l’Etat n’est pas demandeur de savoir scientifique ou d’expertise (et il les ignore même quand il en fait la demande) mais le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique lui-même, porté plus sur le contrôle politico-idéologique, n’en est pas un incitateur. Loin d’encourager les chercheurs algériens à publier, et faisant fi des honteux classements internationaux des universités algériennes, il a émis une note courant 2010 restreignant les libertés des universitaires algériens qui font des communications scientifiques à l’étranger (voir la réaction d’André Nouschi dans Liberté du 13 juillet 2010 et les pétitions à ce sujet).
      Paradoxalement, ce même ministère accorde une meilleure cotation aux publications insérées dans des revues étrangères pour les passages de grade ! Le ministère des Affaires religieuses, par ailleurs, est seul habilité à « calculer » visuellement la position astrale de la lune pour le début du mois de ramadan ! Délicieux voyage dans le passé retransmis par l’unique télé du pouvoir ! A chaque séisme, éclipse ou autre événement astral ou naturel, comme les inondations, la sécheresse, les sociétés sont mises face aux explications de cheikhs ! On assiste au retour des rogations des anciens Grecs (salât al-istisqâ’)!
      Pour reprendre le prof. Reiffers, l’économie de la connaissance est nécessaire dans le tissu économique de l’Algérie. Elle doit être fondée sur la créativité, la flexibilité, la rapidité, la qualité et le networking (le réseautage) …Les piliers porteurs en sont l’éducation/formation, la recherche/innovation et les technologies de l’information et de la communication (TIC). L’économie de la connaissance exige une croissance tournée vers l’apprentissage, l’innovation et les avancées technologiques dans le but d’arriver à un changement comportemental institutionnel et individuel et modifier globalement le fonctionnement de l’économie.


      La vie universitaire dominée par les enjeux de « pouvoir administratif »

      L’Algérie a accumulé des retards qui font maintenant système : ce sont 50 ans d’attitude misonéiste, de minoration de la raison scientifique, de soumission du savoir scientifique au pouvoir, à la pensée religieuse et à l’identitarisme (arabisme, berbérisme, islamisme) stérilisant. La politique linguistique d’arabisation et d’islamisation conservatrice du système éducatif et de la société en est l’expression paroxystique.
      La perception sous-jacente de la méritocratie est constituée de méfiance envers le savoir scientifique (= la raison), d’une orientation globale en faveur des positions de pouvoir, conséquence de l’hégémonie de la légitimité révolutionnaire, de la non- reconnaissance de l’autonomie du champ du savoir et de la non séparation des pouvoirs.
      L’université n’est pas perçue comme l’espace propre au savoir scientifique, son acquisition, sa production, sa reproduction, et sa diffusion… L’enjeu qui domine la vie dans cet espace est celui du pouvoir administratif et politique, la course à l’allégeance au pouvoir politique fournisseur de gratifications de tous ordres.
      La lutte pour le contrôle politicien du champ du savoir s’exacerbe et les organisations estudiantines et d’enseignants universitaires sont parasitées selon la même méthode appliquée au champ social, culturel et économique.

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      • #4
        Lorsque « gestion » signifie « gestion des flux d’étudiants »


        Que faut-il attendre d’une telle attitude générale à l’égard du savoir ? L’université, comme le champ du savoir de manière générale, ne peut qu’être cohérente avec cette attitude qu’elle reflète nécessairement dans son organisation, son fonctionnement et ses résultats. Une nation sans élite est une nation vouée à la disparition. Les gestionnaires des universités ne sont pas recrutés parmi les meilleurs universitaires ou les meilleurs managers pour s’attendre à des résultats probants. Ils ne sont pas non plus évalués selon des critères de production institutionnelle ou individuelle de savoir (nombre et qualité des revues, des thèses, des essais publiés, des expertises, de la reconnaissance scientifique internationale…).
        C’est un espace où l’on gère principalement les flux d’étudiants pour en retarder l’arrivée sur le marché du travail sans aucune prise en charge sportive, culturelle, scientifique ou sociale.
        C’est en second lieu un espace de domination politique (bureaucratique) organisant la compétition d’allégeance au pouvoir, et c’est d’ailleurs à partir de cette seule logique que les contestations estudiantines récentes (2011) ont été interprétées comme des tentatives de déstabilisation politique !
        Aucune place n’est donnée dans la hiérarchie sociale et universitaire aux créatifs et aux détenteurs du savoir. Aucun système de gratification en faveur du savoir (pédagogie et recherche, expérience capitalisée…) et aucune reconnaissance sociale pour les managers ouverts sur l’universel qui y ont réussi. Dans une atmosphère de mépris du savoir, le corps professoral et magistral n’a aucune autorité face à l’administratif fût-il du plus bas de l’échelle universitaire. A cela s’ajoute la non-reconnaissance de diplômes et de parcours scientifiques variés même ceux qui sont réputés prestigieux ailleurs sous des cieux plus crédibles!
        Ceci explique l’effondrement du système universitaire et éducatif dominé par l’administration (pouvoir) et ses exigences- les classements internationaux des universités placent les universités du monde dit arabe au bas du tableau depuis longtemps. C’est aussi le constat de toutes les commissions de réforme du système éducatif (=savant collectif) algérien, installées pourtant à l’initiative du pouvoir, et ce, depuis le rapport « Algérie 2005 » dirigé par feu Djilali Liabès, le Conseil supérieur de l’éducation d’Amar Sakhri, et la Commission nationale de réforme du système éducatif de Benali Benzaghou (2000), dont le rapport et les recommandations ne furent même pas rendus publics !


        Une panacée nommée LMD

        Le système éducatif (du primaire au doctorat) exclut beaucoup plus qu’il n’inclut. Alors qu’il est censé être le lieu de formation par excellence de l’esprit de la nation, il ne fait que pérenniser la domination de l’idéologie obscurantiste en formant un esprit plus sensible à l’émotion (à la catégorie affective du surnaturel) qu’à la raison. Même le rationalisme arabe classique et moderne en est exclu : ni Averroès ni Avicenne ni Al-Kindî ni Abu Sulaymân al-Mantiqî ni Fârâbî ni Avempace (Ibn Bâjâ)… ne sont enseignés à l’école ; pas plus les humanistes comme Abu al-Faradj Al-Isfahânî, AI Mas’ûdî, Ibn Tufayl, ni Abu Hayyân at-Tawhîdî, ni al-Djâhidh, ni Ibn Al-muqaffa’... et encore moins les auteurs maghrébins et orientaux anciens et modernes. Alors que le marché est abreuvé d’écrits obscurantistes, qui influencent jusqu’au corps enseignant universitaire.
        Le cours de dissection est interdit en fac de médecine, qui plus est dans la plus ancienne faculté de médecine de Méditerranée (la faculté d’Alger centre), dotée d’un laboratoire de dissection très ancien et bien équipé. Avicenne se retournerait dans sa tombe!
        Dans les universités algériennes, l’administration (nommée et jamais élue) prime sur la science. L’incompétence et l’inefficience de l’encadrement administratif et scientifique des universités est si grave qu’on penserait à les fermer. La réforme est un bien grand mot pour une si petite retouche. On a importé des universités européennes l’organisation des études LMD (Licence-Master-Doctorat) qui a sa logique d’ensemble et obéit donc à des besoins spécifiquement européens dans l’objectif de la construction d’institutions étatiques communes, mais pas l’élection des présidents d’universités ou l’installation de bonnes bibliothèques numérisées et à jour (où en est-on du projet RIBU, financé par deux programmes européens ?) ou une formation d’excellents formateurs...
        La formation disciplinaire est déficiente et la formation pédagogique des enseignants, anciens et nouveaux, est inexistante ! La refonte des programmes en vue du LMD s’est faite sans ingénierie pédagogique et sans encadrement pédagogique et scientifique de qualité. On s’est contenté de rétrécir les programmes d’une année sans même prendre la peine de revoir les contenus obsolètes ! Aucune prise en compte des réalités algériennes ! Y a-t-il une institution ou une personne précise qui aurait été désignée à l’effet de gérer cette réforme LMD et qui en serait aujourd’hui comptable ?
        Il n’existe plus de formation à la pédagogie universitaire ! Les titulaires de diplômes de magistère, de master ou de nouveau doctorat sont précipités devant les étudiants sans aucune préparation ni encadrement (tutorat). La formation disciplinaire (superficielle) ne leur permet pas par elle-même d’avoir des compétences pédagogiques qu’ils acquièrent « sur le tas », en sacrifiant plusieurs promotions.
        Le système de santé est délabré et la formation médicale s’est dégradée. Le règne du mandarinat empêche le renouvellement de l’encadrement et fait désespérer les nouveaux candidats au doctorat…Le système de santé publique et privé est au bord de l’effondrement : la preuve en est que les autorités soignent leurs petits et grands bobos à l’étranger…

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        • #5
          Une recherche déconnectée des préoccupations de la société

          Les jurys de délibération d’examens et de soutenance sont formés selon le caprice des chefs de départements ou de facultés, eux-mêmes désignés de manière capricieuse. Leur délibération n’est pas respectée par l’administration ! Les conseils scientifiques n’ont aucun rôle délibératif et relèvent plus du décorum que de la veille et de l’orientation scientifiques. Le corps magistral n’a aucun rôle d‘encadrement institué ou reconnu par l’administration tentaculaire. Aucune procédure de recours…aucun instrument de conciliation. Les concours d’entrée en post-graduation ne sont pas fiables. Le cursus lui-même est peu fiable et l’aboutissement l’est encore moins.
          Les laboratoires de recherche sont souvent oisifs et tournent sur des thèmes sans rapport avec les soucis de la société. Les PNR sont souvent fondés sur des thèmes bateau et leur réalisation n’en est que peu assurée.
          Aucune production universitaire remarquable ; l’usage des crédits en devises affectés aux stages et bourses à l’étranger ne sont soumis à aucun contrôle d’efficience et relève essentiellement des caprices de l’administration. Ils ne servent que rarement à améliorer le rendement pédagogique et scientifique ou l’efficience de l’encadrement administratif. Rares sont les professeurs qui affichent leur programme d’enseignement et leur bibliographie !
          L’administration monopolise l’essentiel des moyens de bureaux et de communication mis à disposition par l’Etat. Quelle université a prévu des bureaux équipés pour le corps magistral ou pour les doctorants ?
          Participant du pouvoir et non pas du savoir, aucune sanction ne peut atteindre l’administration en cas d’abus ou de manquement quelconque à la réglementation et à la loi : l’inamovibilité des chefs d’établissements en fait preuve.
          La conséquence de tous ces éléments, qui forment système, en est que les diplômes ne sont pas crédibles car obtenus dans des conditions d’encadrement scientifique et curriculaire, de scolarisation et d’évaluation suspectes … L’université ne peut, dans cet état, être un actant positif dans l’édification du pays.

          Adapter les formations, varier les formes de financement des études


          L’offre de formation universitaire et infra-universitaire est extrêmement limitée en quantité (nombre de places pédagogiques, de filières, de spécialités…) et en qualité (compétence des sortants, diversifications des profils, adaptitude). L’enseignement supérieur expose plus de contraintes que de possibilités comme si l’Algérie ne souffrait pas d’analphabétisme mais d’un taux de lauréats de l’enseignement supérieur écrasant par nombre d’habitants !
          Il est curieux de voir que certaines disciplines, pourtant vitales pour la société algérienne comme la démographie, l’anthropologie, l’islamologie, l’histoire critique des religions, l’herméneutique ou l’analyse de discours, ne sont pas assurées et que la rigidité des programmes universitaires empêche aussi de créer des chaires spéciales à la demande !
          Alors que la demande de formation supérieure augmente et que l’Etat n’arrive pas à y faire face, le privé national et international a été condamné à un rôle symbolique et frappé de suspicion. L’absence d’une procédure et d’une instance scientifique autonome d’homologation des formations et des diplômes (une sorte d’autorité de régulation) n’a pas permis aux ministères de l’Education, de la Formation professionnelle et de l’Enseignement supérieur de prendre de la hauteur à l’égard de l’offre de formation supérieure ou infra-universitaire disponible ou à attirer en Algérie, ni de camper un rôle d’arbitre impartial.
          Aujourd’hui, le monopole des établissements de formation publics, même très médiocres, leur permet d’adopter une attitude arrogante et d’imposer leurs caprices camouflés de nationalisme et de souverainisme désuets. Comment des établissements de formation, dont les diplômes ont été tant dépréciés, pourraient-ils être justes à l’égard d’offres de formation privées nationales et étrangères concurrentielles qui pourraient souligner en creux leurs propres carences cognitives et organisationnelles?
          L’établissement de cette saine concurrence est le seul moyen rapide restant pour créer une véritable émulation dans les secteurs de la formation afin de tirer cette dernière vers le haut.
          Un système de bourses, de sponsorisation et de financement bancaire au bénéfice des meilleurs étudiants, notamment ceux provenant des couches modestes, permettra un plus équitable accès aux meilleures offres de formation et, par là-même, la hiérarchisation par le mérite scientifique et pédagogique des institutions de formation et de recherche… A titre d’exemple l’université privée turque FATIH donne des bourses à 60% des étudiants qui y sont inscrits.
          On serait en peine de trouver les traces d’une politique universitaire ou éducative qui soit en rapport avec l’exigence de la construction d’une société de la connaissance, de cadres compétents, d’une économie productive moderne ou d’un Etat de citoyenneté… Pourtant, un système éducatif qui forme des cadres citoyens compétents servirait toutes les sensibilités politiques et philosophiques !

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          • #6
            Pour une instance d’évaluation scientifique des enseignements

            Le manque très grave de formateurs de haut niveau (2.000 professeurs sur un total de 44.000 enseignants au supérieur environ), doublé d’un absentéisme et d’un manque de motivation sidérants des étudiants et des enseignants, démonétise les diplômes algériens.
            Le moyen le plus rapide pour entamer une reprise, outre la coopération étrangère, c’est le e-Learning, comme l’a bien expérimenté la Corée du Sud, dont le système universitaire est fait essentiellement de campus virtuels avec une connectivité haut débit de l’ordre de 99% de la population ! Le cours d’un enseignant de haut niveau doit être rendu accessible à distance et à l’échelle nationale et internationale et entraîner une amélioration du niveau de tous, avec les forums de discussion, etc. L’enseignement en présentiel limite l’accès aux meilleurs professeurs et partant de leur rentabilité…Mais très peu a été fait en la matière !
            L’Etat, régulateur, devrait faciliter la concurrence et imposer des cahiers des charge précis, avec des seuils cognitifs à atteindre par niveau de formation que tous les opérateurs du domaine doivent remplir. Une instance autonome scientifique d’évaluation des offres de formation et de diplômes doit en faire l’arbitrage. Composée de scientifiques algériens exerçant à l’intérieur et à l’étranger, reconnus pour leurs travaux scientifiques et pour leur intégrité universitaire (du domaine des sciences de l’homme, des sciences du raisonnement et des sciences de la nature), cette instance devra établir un fichier national des offres de formation publiques et privées, nationales ou étrangères, en même temps qu’une classification annuelle des établissements de formation supérieure et infra-universitaire.

            Résoudre l’épineuse question des langues nationales

            La maîtrise des langues étrangères, pour l’Algérie, est une nécessité vitale pour se maintenir à jour dans le concert des nations. L’enjeu n’est pas national mais bel et bien international. La construction d’une société et d’une économie de savoir devient partout un enjeu vital et la globalisation des transactions mondiales est loin d’être une vue de l’esprit.
            Une politique hardie de traduction des principaux ouvrages scientifiques, tous domaines confondus, n’a jamais été entreprise. La généralisation de l’arabisation n’a décidément pas un objectif linguistique mais idéologique : la diffusion de la pensée conservatrice et la limitation de l’accès (par la non-maîtrise des langues) à la pensée scientifique rationnelle universelle produite dans des langues autres que l’arabe.
            L’apaisement identitaire relatif à la dimension amazighe historique, anthropologique, culturelle, linguistique et sociale de l’algérianité (socle amazigh multimillénaire depuis les protoberbères) ne peut provenir que d’une prise en charge sérieuse, responsable et scientifique du tamazight et des autres langues en usage en Algérie.
            Le tamazight n’a pas profité de son élévation sous la pression au rang de langue nationale en 2002 ! La régression de son enseignement est un problème induit de la politique d’enseignement non méthodique de cette langue ! Nous sommes bien le seul Etat où une langue non normalisée est précipitamment introduite dans le système éducatif sans aménagement aucun. Les tergiversations quant à la création de centres d’aménagement de cette langue dénotent de la facticité de cette opération et du statut du savoir scientifique (linguistique).
            Pour comparaison, le Maroc a installé l’IRCAM (Institut royal de la culture amazighe) comprenant sept centres universitaires spécialisés dans la prise en charge de cette tâche ! Ces centres, regroupent des chercheurs de haut niveau et sont dirigés par des professeurs universitaires de haut rang. Aujourd’hui, le tamazight est la deuxième langue officielle du Royaume et ce pays s’oriente vers la mise en place d’un institut national des langues aux lieu et place des actuels département/compartiments linguistiques pour éviter l’explosion du champ linguistique national et assurer une meilleure synergie entre les différents spécialistes en langues.
            Force est de constater que ce n’est point le cas en Algérie ! La politique linguistique monolingue actuelle a affaibli les capacités de la société à se positionner haut dans le domaine du savoir moderne autant qu’elle a affaibli la loyauté à l’égard de la communauté nationale et politique ; sa persistance mènera à l’éclatement de la nation et de l’Etat. Des citoyens du nord et du sud du pays ne sont pas loin de se laisser happer dans ce processus!
            L’arabe algérien est mis hors course en recherche et en enseignement. On ne peut inscrire des thèses et des recherches sur l’arabe algérien dans aucun département universitaire en Algérie. Cet arabe algérien, à l’instar de l’arabe égyptien, libanais, tunisien ou saoudien est la langue maternelle de la majorité des Algériens. Il représente la langue de l’affect et de la sensibilité algérienne autant qu’une langue d’expression de la sagesse et de l’art. C’est la véritable langue de l’identité algérienne. Un jour l’Algérie aura à payer cette grave omission.
            Dans une politique linguistique moderne, le renforcement de la maîtrise de la langue arabe scolaire (institutionnelle) aurait permis de faciliter la communication entre les scientifiques arabisants et francisants dans l’intérêt de la nation. Elle aurait permis aussi une plus grande socialisation des savoirs scientifiques et de l’esprit rationnel dans la société à condition de sa mise en rapport avec des contenus pédagogiques rationnels tirés de son histoire et de celle du monde développé contemporain, ainsi que de la modernisation des méthodes de son enseignement, loin des rigidités idéologiques qui en font une langue inutile ou nuisible. Aujourd’hui l’arabe scolaire est enseigné avec des contenus conservateurs qui renvoient l’apprenant aux 8ème et 9ème siècles !


            Freiner le recul de la maîtrise des langues étrangères

            Les langues étrangères sont d’une nécessité impérieuse pour le développement économique et scientifique du pays. C’est le moyen le plus rapide d’être en phase avec l’évolution de la pensée scientifique et philosophique dans le monde, car le monde dit arabe ne produit plus ni sa pensée ni sa science. Tous les textes l’affirment, y compris les lettres de mission présidentielles adressées aux commissions de réforme ! La loi d’orientation de l’école de 2008 le déclare aussi. Mais peu est fait dans ce sens et la dégradation de la maîtrise des langues étrangères est effrayante.
            La politique de généralisation de l’arabisation, au lieu du renforcement de l’apprentissage/enseignement des langues étrangères les plus proches de notre espace géopolitique et les plus développées dans le monde (le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien, l’allemand, le chinois…), empêche d’accéder à la documentation scientifique la plus récente en qualité et en quantité sans passer par le filtre déformant et temporisant de la traduction, elle-même quasi inexistante dans le monde dit arabe. C’est illustratif du peu de respect qui est accordé au savoir, qu’on sacrifie avec légèreté au profit d’une idéologie (arabisme, anti-francophonie) mal bâtie et anachronique. Cet ostracisme à l’égard des langues étrangères, notamment du français, langue la mieux implantée dans le tissu social algérien, n’a paradoxalement pas amélioré la maîtrise de l’arabe scolaire, loin s’en faut.
            La politique de généralisation de l’arabisation telle qu’elle a été menée est, par conséquent et en ce sens, une politique antinationale au regard des retards et des complications supplémentaires inutiles qu’elle induit pour la société face aux autres nations développées.
            La nécessité d’une politique linguistique en cohérence avec une politique éducative et culturelle modernes est manifeste et pressante. Elle procède d’une vision globale cohérente de la situation linguistique du pays et des objectifs visés par étape ainsi que de l’intégration de la demande linguistique et culturelle dans un système éducatif qui devra être, lui-même, sous-tendu par la volonté de construire un esprit rationnel et scientifique (savoir et savoir-faire), couplé à une éthique citoyenne moderne (savoir être).

            Un projet de société, une université

            Pour conclure, c’est de cette atmosphère intellectuelle, historiquement et structurellement défavorable faite de déconsidération et de méfiance, que découle le statut social du savoir scientifique : son hétéronomie. Et, partant, le statut délabré de l’université et du système éducatif, rendu espace d’affrontement clanique autour du seul enjeu d’allégeance au détenteur du pouvoir, de privilèges et de l’idéologie islamiste conservatrice. Il est l’otage de multiples problèmes structurels et de la médiocrité menaçant d’étêter la société de son élite.
            Il faut bien admettre que l’université, expression métonymique du champ du savoir, et son statut dépendent du type de projet de société qu’un pouvoir et un Etat envisage de construire, mais aussi, et dans une large mesure, du système de production historique de société en vigueur. On comprendra alors pourquoi Georges Pompidou laisse un centre moderne du savoir, le Centre Pompidou, François Mitterrand une grande bibliothèque moderne pour la postérité et les chefs d’Etat arabes des mosquées ! L’Occident manquerait-il de savoir scientifique et le monde dit arabe de religiosité ?

            (*) Titulaire d’un doctorat en analyse du discours soutenu à l’Université de la Sorbonne en 1993, le professeur Abderrezak Dourari dirige depuis début 2005 le Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement du tamazight au ministère de l’Education nationale. Il a publié plusieurs ouvrages en France et en Algérie.

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            • #7
              on en a marre des constat accablants des sonnettes d'alarme qui relèvent de l’évidence mais ne sont en rien productif ni constructifs , il serait temps de proposer des alternatives des modèles et des visions
              SAHARA OCCIDENTAL LIBRE & INDÉPENDANT

              VIVA POLISARIO

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              • #8
                n en a marre des constat accablants des sonnettes d'alarme qui relèvent de l’évidence mais ne sont en rien productif ni constructifs , il serait temps de proposer des alternatives des modèles et des visions
                _________________________________________

                PROPOSER veut dire RÉFLICHIR et Là tu demandes trop aux généraux.

                Commentaire


                • #9
                  Il n'y a rien a proposer sauf dans le cadre du gouvernement de l'ombre il est sur FA si tu veux le rejoindre... you are welcome ...

                  Commentaire


                  • #10
                    La maîtrise des langues étrangères, pour l’Algérie, est une nécessité vitale pour se maintenir à jour dans le concert des nations.

                    Une politique hardie de traduction des principaux ouvrages scientifiques, tous domaines confondus, n’a jamais été entreprise.
                    est ce que la france traduit les ouvrages scientifiques ecrit en anglais ?

                    entre traduire et maitriser les langues il faut choisir

                    fehem rouhek

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                    • #11
                      Cryptage a dit:
                      est ce que la france traduit les ouvrages scientifiques ecrit en anglais ?

                      entre traduire et maitriser les langues il faut choisir

                      fehem rouhek
                      Je penses que pour un chercheur, il doit être à même de lire les communications dans la langue d'origine de publication. A savoir, l'anglais, le Français ..etc.

                      Par contre, pour les livres scientifiques utilisables par nos élèves et étudiants, il doit exister un organisme qui s'occupe de les traduire dans la langue d'étude ( à savoir l'arabe, le Francais).

                      Pour information, il y a quelques années, j'ai cotoyé ici en Algérie certains scientifiques Japonais (Yokohama Institute) et ayant des dizaines de publication à leur actif, qui m'ont affirmé que dans leur pays, le Japan, ils ont une structure au ministère qui s'occupe de traduire en Japonais et vice versa, toutes les grandes communications parues au Japan ou dans le monde, et ceci dans les semaines qui suivent leur publication.

                      C'est dire pourquoi les étudiants japonais sont non seulement à jour avec la recherche scientifique dans le monde, mais surtout, qu'ils ont réussi à élever leur langue au niveau de langue de recherche, et que la langue locale n'est pas du tout un handicap pour effectuer la recherche.

                      Il suffit de le vouloir et d'agir en conséquence !

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                      • #12
                        Israel petit pays de moins de 6 millions d'âmes traduit à lui seul plus que tout le monde arabe réuni et de loin !

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