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De la gestion technique de la barbe sauvage

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    De la gestion technique de la barbe sauvage




    Au début, ils étaient le FIS : des milliers de centaines de milliers. Comment faire ? a dit le Pouvoir de cette époque. Les diviser, a été la réponse technique. Entre partisans de Benhadj, de Abassi, de Hachani. Puis les diviser en deux: ceux qui prendront les armes et ceux qui prendront des cuillères. Années 90. Puis ? Puis en quatre: GIA, puis AIS, puis GSPC puis le MIA. Pour l'équipe «montagne». Pour ceux de la plaine, c'était autre chose: on prend les islamistes à cuillère et on les divise entre FIS et Nahnah. On dissout alors le FIS et on laisse survivre Nahnah et son MSP. Quand Nahnah meurt début des années 2000, on divise la division en trois: Djaballah, Mokri, Soltani. Puis on coupe le courant de Djaballah entre plusieurs: Ennahda, El Islah et le Front pour la justice et le développement, dernier né de Djaballah, cet homme qui réussit si bien ses échecs. Fini ? Non. Le MSP sera par la suite divisé entre Soltani, Menasra et Amar Ghoul. Les partisans de la courbette, ceux de la prosternation et ceux de l'écrasement. Trois façons de prier l'avenir d'être un beau présent.

    Et le mouvement de Djaballah depuis vingt ans ? Il sera divisé en morceaux tellement petits que lors des dernières législatives, il se retrouva seul avec sa femme et son beau-frère pour fabriquer une liste de candidats. C'est vous dire que s'il y a un régime qui a réussi à bien gérer ses islamistes, c'est bien le régime de chez nous. Diviser, filtrer, couper en petits morceaux jusqu'à ce qu'il ne reste des premiers islamistes du FIS que Djaballah et son épouse (avec nos respects car il s'agit là de leur image politique, pas de leurs personnes). Un jour, le but sera de diviser ce couple peut-être.

    Du coup, un étrange spectacle algérien: on a des nationalistes fixes, des opposants fixes et un multipartisme islamiste ! C'est chez les islamistes que l'on retrouve les courants traditionnels de la démocratie: commerçants, vendeurs de lingerie, pro-Erdogan le patron turc, pro-wahabites, amoureux qataris, corporatistes, anciens prisonniers, chefs de chambres de commerce ou d'entreprises, gens de gauche et gens du djihad, etc. La scène islamiste algérienne agréée est tellement éparpillée qu'elle donne l'impression qu'elle est pluraliste, mais à l'échelle du grain de sable et du morceau de sucre. Et les islamistes armés ? Loin, au sud, dans le flou et le sable. Mais même là, selon les dernières informations, la guerre fait rage entre les émirs et l'argent des otages. Syndrome de Stockholm cependant: les islamistes sont vaincus politiquement mais le régime s'est islamisé idéologiquement. Les chiffres des élections prouvent que les islamistes reculent mais c'est le projet de la plus grande mosquée d'Afrique qui avance sur le reste du pays.



    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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