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Nouveau livre de Abdennour Abdesselam (Chikh Mohand Oulhocine revisité)

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  • Nouveau livre de Abdennour Abdesselam (Chikh Mohand Oulhocine revisité)

    Un livre sur ce Personnage et grand penseur que fut..est tant attendu !

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    «Ailleurs, pour conforter, consolider, appuyer une idée ou un raisonnement, on cite des réalisations d’auteurs. C’est exactement ce que nous faisons avec les pensées héritées du Chikh. Nous les citons pour argumenter ou montrer l’exactitude, l’évidence d’une réalité ou encore pour annoncer le bon sens des choses de la vie.»
    “Les événements ou le cours des événements, quand ils nous sont transmis par la tradition orale, ne sont en général racontés ni en terme de temps passé ni en termes de temps futur, au sens linéaire… Ils parlent plutôt d’une réalité perpétuelle du maintenant.” Ainsi commence l’ouvrage de Abdennour Abdesselam consacré à Chikh Mohand Oulhoucine. L’analyse faite sur les paroles du penseur kabyle va plus loin que la simple évocation d’un discours descriptif où sont plantées des images à la recherche d’une nostalgie du passé. L’auteur place l’homme dans son statut de séculier qui traitait justement d’une réalité perpétuelle du maintenant. Il assumait la quintessence de sa culture et de sa tradition totalement en rapport avec le monde en mouvement. Abdesselam prend soin d’annoncer que son ouvrage s’inspire de l’analyse de Mammeri. Il ne le présente que comme un avenant car dit-il, la dissection sur les “dits” de Chikh Mohand est toujours à compléter, en ce sens que ses réalisations sont inépuisables.
    En se saisissant des “dits” du penseur, pour en découvrir les concepts, Abdesselam associe le nom de Chikh Mohand à la renaissance d’une pensée, cette œuvre de l’esprit qui fonde des civilisations et la raison d’être. Le terme de renaissance, déjà annoncé dans le titre de l’ouvrage, suppose en soi la résurrection de quelque chose qui s’est perdu ou qui s’est égaré et qui revient à la vie.
    Il présente Chikh Mohand, toujours à l’appui de ses “dits”, comme celui qui a redonné une âme et une forte intensité à la pensée et à la parole kabyles. L’auteur écrit que «Si la parole fait évoluer la langue, elle n’est cependant pas identique dans le groupe social. La langue est une, mais la parole est plurielle car elle dépend de ceux qui la parlent et qui la façonnent. Chikh Mohand est un des penseurs kabyles qui a établi des relations particulières et personnifié des éléments de la parole. La langue qui en a résulté servira d’instrument régulateur des rapports sociaux dans la cité kabyle.»
    Abdesselam fait remarquer que le titre de «Chikh» qui a été attribué à Mohand Oulhoucine n’a pas la même signification ni la même valeur donnée habituellement à un homme de culte, de sainteté ou encore appartenant à un ordre donné. Pour Abdennour Abdesselam «le mot chikh, emprunté à la langue arabe, perd sa signification de promoteur de la religion. Dans le cas de Chikh Mohand Oulhoucine, il signifie une personne qui a accédé aux profondeurs de la pensée kabyle ainsi qu’à la parfaite maîtrise de la langue et qui les enseigne en même temps avec beaucoup d’adresse.» Avec cette clarification, Chikh Mohand n’apparaît plus sous le prisme déformant d’une assimilation à un taleb faisant dans «tittoulba». D’autre part, on peut considérer que la quasi-exception du cas de Chikh Mohand, dans le cadre des interventions dans le milieu social kabyle, est l’expression d’une rupture avec la perception et la conception de la notion de divination c'est-à-dire: «tidderwect» (l’entrée en transe) qui jadis était pratiquée.
    La pensée est, pour l’auteur de l’ouvrage, une activité de l’esprit propre à l’espèce humaine. Alors «parler de la pensée kabyle ne veut pas dire singularité. Par pensée kabyle, entendre un mode d’existence et de conception de la vie de la communauté kabyle en rapport, en harmonie avec et parmi les autres groupes sociaux. Un mode de vie et une réalisation toujours orientés vers la recherche de la connaissance et de la découverte de l’autre.»
    Abdesselam veut rompre avec la vision réductrice du patrimoine, de la culture et de la civilisation berbères de Kabylie longtemps restée le domaine des sciences sociales à vision colonialiste. Les idées justes, dit-il, “sont celles qui survivent à leurs auteurs”. Si celles de Chikh Mohand s’adaptent et rythment encore la vie des nouvelles générations en Kabylie, c’est qu’elles sont inépuisables, profondes, enjambent et outrepassent les remparts dogmatiques. Les idées mohandiennes échappent à la capture. Elles n’ont pas de bornes ou de limites naturelles. Elles ne peuvent être arrêtées tant elles se soustraient à toute forme de transfiguration ou de soumission idéologique ou religieuse. Avec l’avènement du Chikh apparaît la merveilleuse aventure de la pensée libérée de tous les dogmes. Une aventure qui est le dépassement de l’héritage spirituel figé. En ce sens Abdesselam dit que Chikh Mohand Oulhoucine a donné une intelligence nouvelle à la langue et à la tradition kabyles. Voilà pourquoi, Chikh Mohand reste non pas un mystère mais une nature constamment à découvrir.
    Face au nouveau monde qui se profilait, Abdesselam dit que Chikh Mohand n’avait pas peur de la modernité en tant que facteur qui empêcherait le contact avec la tradition ou facteur qui annoncerait la perte du contact avec la tradition. Il concevait la modernité comme étant le contact avec l’actualité des choses. Aussi, accueillera-t-il en son époque et avec enthousiasme la construction d’écoles même construites par le colon. Cette modernité Chikh Mohand, selon Abdesselam, ne la vivait pas comme une faute par rapport à la doctrine canonique de l’islam mais plutôt comme un mouvement nécessaire à l’intelligence. Il était en phase avec son époque et dépassait les contradictions qu'il savait facteurs de blocage à toute évolution. Il a ainsi opéré une réforme de l'intérieur de la société. Il était réellement le génie tant attendu.
    Le livre Chikh Mohand Oulhoucine Amoussnaw, entame une nouvelle façon de découvrir les valeurs culturelles et spirituelles de la région qui, une fois découvertes, nous renseignent que nulle intelligence, nulle civilisation ne sont le privilège ni le monopole d’un quiconque peuple. C’est un ouvrage structuré en chapitres indépendants les uns des autres mais avec une trame uniforme. Le chapitre du bref rappel historique permet de placer Chikh Mohand Oulhoucine et son milieu social dans le contexte historique. Dans une Algérie colonisée, Abdesselam place le Chikh comme ayant rempli les fonctions sociales, juridiques et politiques d’un état autochtone qui n’existait pas encore. Chikh Mohand mourra le 8 octobre 1901.
    En fin d’ouvrage, on peut lire avec intérêt les rencontres entre Chikh Mohand et Chikh Aheddad ainsi que la légendaire joute qui s’est produite entre Chikh Mohand et Si Mohand Oumhend.


    - La depeche de Kabylie
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