WASHINGTON, LES FRERES ET LE PRINTEMPS
Le groupe iranien des Moudjahidine Khalq est sur le point d'obtenir son retrait de la liste des organisations terroristes établie par le département d'Etat américain. Le mouvement, qui compte parmi ses nombreux et fervents lobbyistes un ancien chef de gouvernement algérien, n'était pas vraiment considéré comme un ennemi par Washington. Les Américains ont géré avec les autorités irakiennes le démantèlement du camp d'Ashraf et se sont montrés très soucieux des intérêts d'un mouvement classé «terroriste» depuis 1997.
Officiellement, cette sortie annoncée de la «liste noire» répond au fait que le groupe des Moudjahidine Khalq a renoncé à la lutte armée. Techniquement, cela peut être une mesure politique pouvant avoir un prolongement militaire dans un contexte de préparatifs de guerre contre l'Iran. En sortant le groupe des Moudjahidine Khalq de la liste noire, les Etats-Unis se réservent désormais la possibilité de faire «bon usage» de «l'ex-mouvement terroriste». Vu d'Iran, le caractère «opérationnel» de ce «déclassement» ne fait que conforter le sentiment que les Etats-Unis, même s'ils donnent l'apparence de modérer Israël, se préparent à leur faire la guerre. Ou des guerres. Un responsable militaire iranien, le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des Gardiens de la révolution (Pasdaran), a constaté que la «guerre finira par arriver», même s'il ne sait pas quand, ni où elle aura lieu. Il peut désormais inclure dans les possibilités un regain d'activisme des Moudjahidine Khalq auréolé du qualificatif de «bon mouvement armé» par le Centre.
Ailleurs, dans les pays du «printemps», les Etats-Unis contrairement aux grincheux «éradicateurs» arabes ne décrètent pas que l'hiver est arrivé. Les cris d'indignation de Mme Hillary Clinton contre la «tyrannie des foules» ne sont pas un changement d'optique, mais une admonestation, une mise en garde. Il ne faut pas y avoir une préférence particulière. Il y a juste un constat que les forces « libérales» - les «progressistes» étant en général de gauche ne sont pas particulièrement appréciés - ne font pas pour l'instant le poids dans les pays où l'autoritarisme politico-sécuritaire a craqué. Les libéraux «sympas» qui gravitaient à la périphérie, voire dans l'opposition aux régimes de Moubarak ou de Ben Ali ne sont pas crédités d'une capacité de gérer les foules.
LES MESSAGES OU LES «ORDRES DE ROUTE» EMIS DE WASHINGTON S'ADRESSENT DONC PARTICULIEREMENT A CEUX QUI GOUVERNENT, LES FRERES MUSULMANS : ILS DOIVENT METTRE AU PAS LES FRANGES QUI DEBORDENT UN PEU TROP. LES FRERES MUSULMANS AU POUVOIR, CONTRAIREMENT A LEUR HABITUDE D'OPPOSANTS, ONT FAIT PREUVE D'UNE GRANDE MODERATION DANS L'AFFAIRE DU FILM «INNOCENCE DES MUSULMANS». ILS SE SONT MEME ABSTENUS DE MANIFESTER. EN EGYPTE, MEME LES SALAFISTES DU MOUVEMENT NOUR ONT FAIT DANS LE PROFIL BAS FACE A LA COLERE AMERICAINE. LA RUE A ETE LAISSEE A DES GROUPES SALAFISTES HURLEURS - DONT LES CRIS SERVENT A MASQUER BEAUCOUP DE CHOSES - QUI ONT ENTRAINE EUX DES JEUNES DE QUARTIERS EN QUETE DE «HOUL». LE CENTRE A PRIS ACTE QUE CEUX QUI SONT DANS LA CASE DES «MODERES» N'ONT PAS RUE DANS LES BRANCARDS. MAIS CELA NE SUFFIT PAS. IL LEUR DEMANDE DE S'OCCUPER SERIEUSEMENT DES HURLEURS. C'EST L'ORDRE DE ROUTE DONT LES ECHOS S'ENTENDENT A TUNIS, BENGHAZI OU LE CAIRE. UN CLASSEMENT AMERICAIN, ÇA SE MERITE. ILS DOIVENT FAIRE LE TRAVAIL !
par M.Saadoune
Le Quotidien d'Oran
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