Amara Benyounès, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville
"Nous allons nettoyer toute l’Algérie"
"Nous allons nettoyer toute l’Algérie"
L’opération de nettoyage des villes, lancée depuis le début septembre 2012, n’est pas conjoncturelle. « Nous avons l’habitude des grandes campagnes et puis plus rien après. Cette fois‑ci, la décision a été prise par le président de la République. Nous allons nettoyer toute l’Algérie, pas uniquement les villes. Nous allons débarrasser l’Algérie de toutes les saletés et ordures ménagères qui traînent partout. La deuxième étape sera de mettre en place un mode de gestion qui permette que cette propreté dure dans le temps. Toutes les pistes sont ouvertes au ministère pour faire des propositions au gouvernement », a déclaré, jeudi sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, Amara Benyounès, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville.
Le Conseil des ministres tranchera, selon lui, sur le mode de gestion, de collecte et de transport des déchets ménagers. « Toutes les wilayas seront dotées d’incinérateurs. Nous avons fait le choix d’acheter trois gros incinérateurs pour les trois grandes villes. Il faut que les Algériens sachent qu’un incinérateur coûte entre 150 000 et 160 000 euros. Il s’agit de grosses dépenses », a‑t‑il dit. Les incinérateurs seront mis en marche à Constantine, Alger et Oran. « Toutes les autres villes seront dotées d’incinérateurs de moindre importance, car elles ont moins de déchets. Il faut ajouter aussi les Centres d’enfouissement technique, CET », a‑t‑il précisé. Les décharges ont, selon lui, une durée de vie prolongée lorsqu’elles sont gérées de manière professionnelle. « Nous avons transféré la décharge de Oued Smar à Ouled Fayet d’une manière chaotique. Il est hors de question de reproduire Ouled Fayet à Sidi Abdallah où un CET a une durée de vie de 20 à 25 ans », a‑t‑il noté.
Un cahier de charges sera établi pour les entreprises qui vont gérer ce CET. « Cela sera le cas pour les autres CET qui doivent être gérés par des entreprises qui savent y faire. C’est un métier. Le CET d’Ouled Fayet sera fermé progressivement à partir de la fin de l’année en cours. Les nuisances vont disparaître pour les riverains », a‑t‑il promis. Selon lui, il existe un programme national d’éradication des décharges sauvages. Des instructions ont été données en ce sens par le ministère de l’Intérieur aux 48 walis. « Ce problème ne peut pas être réglé au niveau des communes. Elles n’ont pas le budget et le savoir‑faire nécessaires pour cela. Le Premier ministre a donné instruction pour attribuer tous les moyens nécessaires aux wilayas afin de mener à bien cette opération […] La priorité absolue de notre ministère est d’améliorer le cadre de vie », a précisé Amara Benyounès.
D’après lui, il sera presque impossible de nettoyer les villes sans la présence de gardiens d’immeubles (concierges). « Nous sommes en train de réfléchir pour réhabiliter ce métier, trouver des formules appliquées dans les grandes villes du monde […] On me dit qu’à la rue Didouche Mourad, à Alger, les services de nettoyage passent trois à quatre fois dans la journée et que ça reste sale ! Les locaux à ordures dans les bâtiments ont disparu et ont été squattés. Il faut réhabiliter ces locaux pour permettre aux locataires, aux propriétaires de déposer toute la journée leurs déchets ménagers dans ces locaux. Le gardien d’immeuble s’en chargera après, les fera sortir à des horaires qui seront fixés par la wilaya », a‑t‑il relevé.
D’après le ministre, il n’existe pas d’expertise algérienne en matière de gestion, de tri, de collecte et de transport des ordures ménagères. Il n’a pas écarté la possibilité de recourir à l’expertise étrangère en la matière pour mener l’opération nettoyage des villes. Il a appelé à mettre en place un mécanisme pour obliger les propriétaires d’immeubles à gérer les parties communes « complètement délaissées ».
Le ministre a dénoncé la construction d’appartement sur les terrasses « avec la complicité de tout le monde ». « Le premier responsables de ces situations, c’est l’État. L’État a pris conscience qu’il faut absolument changer de méthodes et de culture par rapport à la gestion de nos villes Nous allons lancer une grande campagne d’explication, de sensibilisation et d’information aux citoyens. Nous allons leur dire que la rue n’est pas une poubelle. Nous avons vu des automobilistes jeter par la vitre des bouteilles ou des mégots », a‑t‑il regretté.
TSA
Merouane Mokdad
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