L’echec de l’expérience algérienne
Un fait a été occulté ces dernière semaines : la reconnaissance implicite par Abdelaziz Bouteflika de l’existence d’une question identitaire en Algérie...
Lorsqu’il y a quelques semaines, le président algérien Abdelaziz Bouteflika fustigeait la France pour le "génocide" de l’identité algérienne perpétré pendant la colonisation, le natif d’Oujda (Maroc) en a déconcerté plus d’un. Si la diplomatie française est habituée aux attaques en règle du petit dictateur, la classe politique algérienne s’est longtemps demandée où celui-ci voulait en venir...
En se demandant publiquement si "les algériens étaient des arabes, des berbères ou des français", les conservateurs arabo-bathistes (ultra-majoritaires au pouvoir) ont longtemps craint une évolution sur la question dans la tête du lunatique président. La nomination d’Abdelaziz Belkhadem, mélange de nationalisme et d’islamisme, au poste de premier ministre est venue à point nommé pour rassurer tout ce beau monde.
De fait, Abdelaziz Bouteflika, trés lié aux pétro-monarchies du Moyent-Orient, est un fervent partisan de l’identité arabo-musulmane, du panarabisme et de la négation de l’héritage autochtone. Lors d’un meeting à Constantine, il a ainsi déclaré sur les terres de la défunte Cirta : "le berbère ne sera jamais officiel en Algérie, jamais je n’irais à l’encontre de l’intérêt national !". Pour lui, le berbère (kabyle ?) n’est donc pas seulement une menace pour l’unité nationale, mais tout bonnement pour l’intérêt national !
Vue sous cet angle, la question identitaire est donc scellée. En fait, la vraie raison de cette fulgurante sortie de l’ex-chef de la diplomatie sous Boumediène est d’ordre politique. Culpabiliser plus encore l’ancien colonisateur permet de le neutraliser. Remuer les plaies mal fermées de la guerre d’Algérie pour faire oublier tout le reste. Eviter à tout prix que la France n’ose l’ébauche d’un début de critique sur la manière dont le pouvoir algérien gère l’ex-colonie.
Quant à l’identité berbère, cette question a été anéantie par le pouvoir algérien en la récupérant et en l’instrumentalisant. Les algériens qui portaient cette revendication (en Kabylie quasi-exclusivement même s’il faut saluer la vivacité du Rif dans ce domaine) semblent découragés par une classe politique locale incapable d’assumer les spécificités régionales de la Kabylie. En diluant les revendications kabyles dans une approche globale et nationale, les dirigeants kabyles les ont totalement dénaturés et le pouvoir algérien a ensuite beau de jeu d’expliquer à ces gentils représentants qu’en dehors des montagnes du Djurdjura, la question identitaire n’intéresse pas grand monde...
Voilà comment la plus ingénieuse dictature de la planète a éliminé toute contestation intérieure et, moyennant quelques accords commerciaux et une pincée de culpabilisation coloniale, toute critique extérieure. Le pouvoir peut donc continuer tranquillement son travail de destruction et de dilapidation du patrimoine algérien. Ainis donc Les algériens ne sont ni arabes, ni berbères, ni français. Ils sont cocus. Trompés au fil de leur histoire par des gouvernants maniant exclusivement la carotte et le bâton. En Algérie, la trahison est un sport national et une pratique institutionnalisée. A l’image de la corruption dont elle est le corollaire.
C’est l’histoire d’une impossible construction nationale. Un citoyen algérien est un individu seul devant une feuille blanche mais avec les mains ligotées et sans aucune inspiration. De temps en temps, des tâches rouges viennent égayer la monotonie du vide. Pour combien de temps encore ?
Un fait a été occulté ces dernière semaines : la reconnaissance implicite par Abdelaziz Bouteflika de l’existence d’une question identitaire en Algérie...
Lorsqu’il y a quelques semaines, le président algérien Abdelaziz Bouteflika fustigeait la France pour le "génocide" de l’identité algérienne perpétré pendant la colonisation, le natif d’Oujda (Maroc) en a déconcerté plus d’un. Si la diplomatie française est habituée aux attaques en règle du petit dictateur, la classe politique algérienne s’est longtemps demandée où celui-ci voulait en venir...
En se demandant publiquement si "les algériens étaient des arabes, des berbères ou des français", les conservateurs arabo-bathistes (ultra-majoritaires au pouvoir) ont longtemps craint une évolution sur la question dans la tête du lunatique président. La nomination d’Abdelaziz Belkhadem, mélange de nationalisme et d’islamisme, au poste de premier ministre est venue à point nommé pour rassurer tout ce beau monde.
De fait, Abdelaziz Bouteflika, trés lié aux pétro-monarchies du Moyent-Orient, est un fervent partisan de l’identité arabo-musulmane, du panarabisme et de la négation de l’héritage autochtone. Lors d’un meeting à Constantine, il a ainsi déclaré sur les terres de la défunte Cirta : "le berbère ne sera jamais officiel en Algérie, jamais je n’irais à l’encontre de l’intérêt national !". Pour lui, le berbère (kabyle ?) n’est donc pas seulement une menace pour l’unité nationale, mais tout bonnement pour l’intérêt national !
Vue sous cet angle, la question identitaire est donc scellée. En fait, la vraie raison de cette fulgurante sortie de l’ex-chef de la diplomatie sous Boumediène est d’ordre politique. Culpabiliser plus encore l’ancien colonisateur permet de le neutraliser. Remuer les plaies mal fermées de la guerre d’Algérie pour faire oublier tout le reste. Eviter à tout prix que la France n’ose l’ébauche d’un début de critique sur la manière dont le pouvoir algérien gère l’ex-colonie.
Quant à l’identité berbère, cette question a été anéantie par le pouvoir algérien en la récupérant et en l’instrumentalisant. Les algériens qui portaient cette revendication (en Kabylie quasi-exclusivement même s’il faut saluer la vivacité du Rif dans ce domaine) semblent découragés par une classe politique locale incapable d’assumer les spécificités régionales de la Kabylie. En diluant les revendications kabyles dans une approche globale et nationale, les dirigeants kabyles les ont totalement dénaturés et le pouvoir algérien a ensuite beau de jeu d’expliquer à ces gentils représentants qu’en dehors des montagnes du Djurdjura, la question identitaire n’intéresse pas grand monde...
Voilà comment la plus ingénieuse dictature de la planète a éliminé toute contestation intérieure et, moyennant quelques accords commerciaux et une pincée de culpabilisation coloniale, toute critique extérieure. Le pouvoir peut donc continuer tranquillement son travail de destruction et de dilapidation du patrimoine algérien. Ainis donc Les algériens ne sont ni arabes, ni berbères, ni français. Ils sont cocus. Trompés au fil de leur histoire par des gouvernants maniant exclusivement la carotte et le bâton. En Algérie, la trahison est un sport national et une pratique institutionnalisée. A l’image de la corruption dont elle est le corollaire.
C’est l’histoire d’une impossible construction nationale. Un citoyen algérien est un individu seul devant une feuille blanche mais avec les mains ligotées et sans aucune inspiration. De temps en temps, des tâches rouges viennent égayer la monotonie du vide. Pour combien de temps encore ?
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