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Hamou Cherif Oubache Ali, le poète rhétoricien inconnu

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  • Hamou Cherif Oubache Ali, le poète rhétoricien inconnu

    La littérature orale, dans la société kabyle de jadis, n’a pas facilité la tâche aux différents chercheurs en linguistique, qui, pour les besoins de l’étude d’un personnage kabyle (poète, penseur,…) recourent aux personnes âgées, quand ils ne disposent pas d’écrits, afin de leur soutirer des trésors de poèmes, de pensées ou d’anecdotes. Une tâche difficile et semée d’embûches.

    Pour notre cas, nous avons tenté de collecter des bribes d’informations sur un personnage peu commun, natif de la région des Ath Abbas, plus précisément du village d’Ath Wihdan sur les hauteurs de Boudjellil. Il s’agit du poète Hamou Cherif Oubache Ali, qui naquit en 1855 (présumé) et mourut en 1930.

    Ce poète troubadour était berger de son état et un tambourinaire qui animait les fêtes de mariage. Son intelligence, sa rhétorique et ses «répliques » ont fait de lui un personnage peu commun dans la région. Il se caractérise aussi par un sens de l’humour corrosif, cause d’une façon proverbiale, tout en édictant des apophtegmes (sentences mémorables ou adages). Il Versifiait sur des situations qui le touchaient, tout en n’hésitant pas à railler des personnes, généralement des gens avec qui il ne s’entendait pas. Il était adulé et ses vers et répliques étaient cités en exemple parmi, non seulement les gens de son village, mais de toute la région des Ath Abbas

    . Les témoignages sur ce personnage lucide et homme de littérature orale d’expression kabyle (que serait-il devenu s’il maîtrisait l’écrit d’une langue donnée?) étaient soutirés à des personnes âgées. Il ne subsiste, malheureusement, pas beaucoup de ces personnes qui le connaissaient ou qui se souviennent de ses poèmes, déclamés dans ces villages authentiques, construits à la pierre sèche. Nous n’avons pu collecter, malheureusement, que quelques strophes, « arrachées » à une vieille personne, dont la mémoire fléchit par moments. La première strophe que nous proposons parle d’un périple que Hamou Oubache Ali a effectué dans la région, car ce troubadour errait, comme le faisaient beaucoup de poètes jadis. Il était dans le village de Takorabt, de qui il rimera :

    * Je suis à Takorabt (un village d’Ighil Ali).

    * Ö Sidi Ali si tu m’accompagnais.

    * Ce que l’on aime c’est la misère.

    * Et ce qui est cher… c’est le gland (Abhellodh).

    ……..

    * Je suis à Tizi Guemden (un lieu féerique près du village

    de Tigrine).

    * J’ai assisté à la bruine.

    * Il ne reste plus de dents…

    * O mon dieu préserve mon nez !

    Il rime sur un mariage, en raillant une

    personne :

    * Moi je me marierai d’Azrou (village surplombant Ighil Ali)

    * De ces nobles gens…

    * Tahar ( ?) nous a laissés une tradition.

    * Il s’est allié aux… (un clan).

    * On avait cru qu’il était dur le mariage.

    * Finalement, c’est avec de vielles nippes.

    La dernière strophe a trait à un différend entre deux hommes qui étaient en litige pour un terrain. Cherif Hamou, qui a encensé l’un d’eux, rimera :

    * O toi, Mohand Lakhder…

    * Le lion courageux.

    * Tu as visé avec ton fusil.

    * Et tu lui as arraché sa langue et ses dents !

    Ces quelques vers, que l’on a pu sauver de l’oubli, ne peuvent, hélas, cerner le personnage de Cherif Hamou Oubache Ali. L’on dit aussi que le poète n’avait laissé aucune trace pour la postérité. Le caractère exclusivement oral de la culture kabyle, à cette époque, a fait que le patrimoine immatériel perde beaucoup de sa richesse.



    Syphax Y. - la dépeche de kabylie
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