D’aucuns pensaient, un peu naïvement, que le départ de Nicolas Sarkozy et le retour de la gauche socialiste aux affaires signifieraient la fin de l’alignement de la France sur les Etats-Unis en matière de politique étrangère. Ou du moins, la fin de cette politique belliqueuse dont nous avions été témoins en Côte d’Ivoire, puis en Libye et dont nous sommes témoins aujourd’hui en Syrie.
Mais voilà, une fois au pouvoir, les socialistes ont vite renoué avec les démons interventionnistes au nom de la France des droits de l’Homme, d’une France devant tenir son rang au Proche-Orient et en Afrique, particulièrement au Sahel, et ce, au nom d’une conception de l’humanisme puisant ses fondements dans les théories des saints simoniens, revisitées et réactualisées.
En résumé, ces derniers croyaient dur comme fer que les populations non européennes – arabe, africaine et asiatique – ne pouvaient accéder aux bienfaits de la «civilisation» – développement de l’instruction, route, industrialisation — que si les Européens venaient à bout des résistances locales.
Plus d’un siècle plus tard, cette vision semble encore à l’œuvre dans la politique étrangère de la France socialiste : apporter la démocratie et le développement à coups de canon !
La menace que font peser les islamistes sur les pays du Sahel depuis qu’ils ont transformé le Nord-Mali en sanctuaire, une sorte de «Malistan», est la raison avancée par la France pour intervenir par procuration, via la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) au Mali. Mais derrière cette menace, ce sont surtout les intérêts français qui sont en jeu. Le Sahel, dont le sous-sol regorge de richesses énergétiques, est convoité par de nombreuses puissances. Areva, multinationale française qui exploite les gisements d’uranium au Niger, est le premier producteur mondial de cette ressource. Américains et Britanniques sont à l’affût. Leurs entreprises sont déjà sur place. En outre, Washington, via son projet Africom (sorte d’Otan africain), semble avoir une longueur d’avance. En embuscade, la Chine de plus en plus présente en Afrique et… le Qatar qui, de l’avis même des Français, finance les islamistes au Sahel !
François Hollande, qui a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter une résolution autorisant une intervention militaire au Mali, fait mine d’ignorer que c’est le Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères) qui a encouragé, selon le Nouvel Observateur(ce n’est pas moi qui l’invente), les indépendantistes targuis de l’Azawed à proclamer l’indépendance du Nord-Mali, ouvrant la route aux djihadistes. Comme il fait mine d’ignorer la responsabilité occidentale dans le pillage des arsenaux libyens par les djihadistes, après la chute de Kadhafi. En effet, dans son aveuglement à vouloir se débarrasser d’un dictateur encombrant – Kadhafi était pourtant leur allié – l’Occident capitaliste, malgré les avertissements de ses services de renseignement, n’a même pas cherché à mesurer les conséquences de sa politique interventionniste.
Et il en est de même pour la Syrie, qui a le tort de se trouver sur le chemin de l’Iran, le vrai objectif politico-militaire de Washington et de ses alliés. «Détruisons la Syrie (…) quant au sort des minorités syriennes (chrétienne, arménienne, alaouite, chiite et druze), on verra après», clament les faucons occidentaux ! Pourtant, il existe une solution pour éviter la tragédie qui s’annonce. Elle n’est pas militaire mais politique. C’est celle que préconise Lakhdar Brahimi, que Paris et certains groupes d’opposants syriens – Armée syrienne libre (ASL) et Conseil national syrien (CNS) tous deux soutenus par le Qatar et l’Arabie saoudite – sont en passe de torpiller, à savoir un compromis entre les protagonistes syriens, sans Bachar bien sûr, lequel doit impérativement partir car le régime répressif et brutal qu’il incarne est sans issue. Quant au Qatar : voilà un pays, sans passé historique, pure création du colonialisme britannique – l’Arabie saoudite a longtemps revendiqué ce territoire – qui joue dans la cour des grands avec l’aval de Washington.
On le sait : en Syrie, le Qatar veut un pouvoir sunnite dur, islamiste et, surtout, anti-iranien ! Mais au Sahel que cherche le petit Qatar ? A quoi joue-t-il ? A faire le bonheur des Maliens ? Mais alors pourquoi n’a-til rien investi dans ce pays quand on sait que l’argent qatari dépensé au PSG et ailleurs aurait évité aux Maliens la dramatique situation qu’ils vivent aujourd’hui. Et qu’en pense la France, alliée du Qatar en Libye et aujourd’hui en Syrie ?
Par Hassane Zerrouky- Le Soir
Mais voilà, une fois au pouvoir, les socialistes ont vite renoué avec les démons interventionnistes au nom de la France des droits de l’Homme, d’une France devant tenir son rang au Proche-Orient et en Afrique, particulièrement au Sahel, et ce, au nom d’une conception de l’humanisme puisant ses fondements dans les théories des saints simoniens, revisitées et réactualisées.
En résumé, ces derniers croyaient dur comme fer que les populations non européennes – arabe, africaine et asiatique – ne pouvaient accéder aux bienfaits de la «civilisation» – développement de l’instruction, route, industrialisation — que si les Européens venaient à bout des résistances locales.
Plus d’un siècle plus tard, cette vision semble encore à l’œuvre dans la politique étrangère de la France socialiste : apporter la démocratie et le développement à coups de canon !
La menace que font peser les islamistes sur les pays du Sahel depuis qu’ils ont transformé le Nord-Mali en sanctuaire, une sorte de «Malistan», est la raison avancée par la France pour intervenir par procuration, via la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) au Mali. Mais derrière cette menace, ce sont surtout les intérêts français qui sont en jeu. Le Sahel, dont le sous-sol regorge de richesses énergétiques, est convoité par de nombreuses puissances. Areva, multinationale française qui exploite les gisements d’uranium au Niger, est le premier producteur mondial de cette ressource. Américains et Britanniques sont à l’affût. Leurs entreprises sont déjà sur place. En outre, Washington, via son projet Africom (sorte d’Otan africain), semble avoir une longueur d’avance. En embuscade, la Chine de plus en plus présente en Afrique et… le Qatar qui, de l’avis même des Français, finance les islamistes au Sahel !
François Hollande, qui a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter une résolution autorisant une intervention militaire au Mali, fait mine d’ignorer que c’est le Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères) qui a encouragé, selon le Nouvel Observateur(ce n’est pas moi qui l’invente), les indépendantistes targuis de l’Azawed à proclamer l’indépendance du Nord-Mali, ouvrant la route aux djihadistes. Comme il fait mine d’ignorer la responsabilité occidentale dans le pillage des arsenaux libyens par les djihadistes, après la chute de Kadhafi. En effet, dans son aveuglement à vouloir se débarrasser d’un dictateur encombrant – Kadhafi était pourtant leur allié – l’Occident capitaliste, malgré les avertissements de ses services de renseignement, n’a même pas cherché à mesurer les conséquences de sa politique interventionniste.
Et il en est de même pour la Syrie, qui a le tort de se trouver sur le chemin de l’Iran, le vrai objectif politico-militaire de Washington et de ses alliés. «Détruisons la Syrie (…) quant au sort des minorités syriennes (chrétienne, arménienne, alaouite, chiite et druze), on verra après», clament les faucons occidentaux ! Pourtant, il existe une solution pour éviter la tragédie qui s’annonce. Elle n’est pas militaire mais politique. C’est celle que préconise Lakhdar Brahimi, que Paris et certains groupes d’opposants syriens – Armée syrienne libre (ASL) et Conseil national syrien (CNS) tous deux soutenus par le Qatar et l’Arabie saoudite – sont en passe de torpiller, à savoir un compromis entre les protagonistes syriens, sans Bachar bien sûr, lequel doit impérativement partir car le régime répressif et brutal qu’il incarne est sans issue. Quant au Qatar : voilà un pays, sans passé historique, pure création du colonialisme britannique – l’Arabie saoudite a longtemps revendiqué ce territoire – qui joue dans la cour des grands avec l’aval de Washington.
On le sait : en Syrie, le Qatar veut un pouvoir sunnite dur, islamiste et, surtout, anti-iranien ! Mais au Sahel que cherche le petit Qatar ? A quoi joue-t-il ? A faire le bonheur des Maliens ? Mais alors pourquoi n’a-til rien investi dans ce pays quand on sait que l’argent qatari dépensé au PSG et ailleurs aurait évité aux Maliens la dramatique situation qu’ils vivent aujourd’hui. Et qu’en pense la France, alliée du Qatar en Libye et aujourd’hui en Syrie ?
Par Hassane Zerrouky- Le Soir
Commentaire