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La menace islamiste ne vient pas d’ailleurs

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  • La menace islamiste ne vient pas d’ailleurs

    “Le centre du mouvement terroriste est en train de se déplacer de l'Afghanistan et du Pakistan vers le Maghreb arabe (...) Le grand danger est à notre porte.” C’est ce que vient de déclarer le président tunisien. On voit que Moncef Marzouki n’était pas dans la région ces vingt dernières années, sinon il aurait pu constater que le terrorisme islamiste avait déjà fait deux cent mille morts à “sa” porte ouest.

    Cette distraction passée lui avait permis, à la veille d’être élu à la tête de l’État tunisien, de brocarder “la gauche laïcarde” qui s’effarouchait de l’hégémonie islamiste. “Ennahda n'est pas le diable (...) Il ne faut pas les prendre pour les talibans de la Tunisie, c'est quand même une fraction modérée de l'islamisme”, disait-il. Aujourd’hui, il se fait peur par la perspective d’assister à l’afghanisation du Maghreb tout en regardant, impuissant, la justice, dont il est le premier magistrat, poursuivre une tunisienne violée par des policiers pour… attentat à la pudeur !

    Le désir de pouvoir être, en Tunisie comme chez nous, semble être plus fort que la mémoire et que le costume de démocrate que les dirigeants d’après-révolte aiment à vêtir. Ils battent en retraite devant un islamisme qui a toujours eu la franchise de ses desseins, même s’il ne dévoile pas ses armes. Celui-ci avance, avec la vitesse à laquelle le terrain l’autorise, par ses colonnes “modérées”, “radicales” et armées, selon la configuration de ce terrain. Et devant son hégémonie, les “démocrates”, pris de peur physique ou tentés par la compromission tactique, cherchent des raisons de relativiser sa menace, raisons qui sont aussi les arguments de leur démission.

    En Tunisie, les islamistes se trouvent confrontés à un acquis historique légué par le bourguibisime qui, s’il n’est pas démantelé, réduirait leur victoire à néant. C’est dans le statut de la femme que se consacre en effet l’état de soumission de la société au diktat intégriste. Bien plus que la prohibition de l’alcool ou que les expressions ostentatoires de la pratique rituelle et de la culture vestimentaire, la manifestation publique de l’existence citoyenne de la femme constitue la preuve du triomphe de l’ordre islamiste.

    Comme il fallait donc faire revenir la femme tunisienne de si loin, les forces de la régression — qui, comme on le voit, sont dans Ennahda et chez les salafistes, mais aussi dans la police et dans la justice, c’est-à-dire déjà dans les institutions — traquent la femme libre sur tous les fronts : à l’université en imposant le voile intégral à des étudiantes, dans la rue en lâchant les vigiles agressifs contre les passantes, et dans la vie privée en pourchassant l’amour extraconjugal. Et dans la Constitution, qu’ils ont l’opportunité de rédiger en Égypte et en Tunisie. La réduction de l’âge de la majorité du mariage constitue d’ailleurs l’abcès de fixation des constituants islamistes en Égypte : ils souhaiteraient retirer toute limite d’âge au mariage, “à condition qu’il ne soit consommé qu’à la puberté”.

    Le bras de fer que la société, et les femmes notamment, viennent d’engager contre la régression sera décisif. Il illustre déjà combien l’intégrisme maghrébin ne vient pas d’Afghanistan, mais avant tout des démissions et opportunismes politiques locaux.

    Par : Mustapha Hammouche- Liberté
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