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Le commandant AZZEDINE : J'étais bléssé , les Chaulet m'ont transporté dans leur 2 cv Citroen

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  • Le commandant AZZEDINE : J'étais bléssé , les Chaulet m'ont transporté dans leur 2 cv Citroen

    Le commandant Azzedine : «J’étais blessé, les chaulet m’ont transporté dans leur 2 cv citroën»


    le 06.10.12 | 10h00



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    C’est à Palestro (aujourd’hui Lakhdaria) que Pierre et Claudine Chaulet, qui appartenaient au «nidham» depuis décembre 1955, sont venus me chercher, dans leur 2 CV Citroën, alors que j’avais été blessé au combat dans le maquis de la Wilaya IV par une décharge de chevrotine au genou droit, qui m’avait immobilisé. Je me souviens que Mme Claudine Chaulet était enceinte de leur fils Luc.


    Ce n’est pas faire offense à mes amis que de dire que j’avais été étonné de voir des «Européens» embrasser notre cause et se ranger de notre côté. J’ignorais alors, que la justesse de notre cause transcendait l’appartenance ethnique, tout comme j’étais alors loin de savoir que le combat que nous venions d’entamer était autrement plus considérable que les exiguïtés communautaires ou religieuses. Bien plus qu’une solidarité circonstancielle ou engagement idéologique, les Chaulet affirmaient leur algérianité par les actes.
    Claudine et Pierre me conduisirent à Alger passant les très nombreux barrages filtrants, menaçants et pointilleux de l’armée d’occupation, avec un rare sang-froid. Ce sont eux qui, ensuite, me remirent entre les mains de l’organisation, à Alger. Une fois dans la capitale, qui était en état de siège avec ses rues barrées de herses et ses quartiers compartimentés par les chevaux de frise, je fus conduit à la clinique Verdun (aujourd’hui hôpital Aït Idir), aux limites de la Haute-Casbah, pour y être opéré par le chirurgien Stoppa, assisté de Pierre Chaulet. C’est Pierre qui a habilement subtilisé aux yeux inquisiteurs des infirmières la balle qui m’avait broyé le genou pour la remplacer, d’un geste de prestidigitateur, par un caillou. Aux curieux de toutes sortes, il expliquait que j’étais «le fils d’un riche propriétaire terrien qui avait fait une brutale et douloureuse chute de cheval». Evacué par la suite, pour une convalescence, chez le militant Rebbah Lakhdar, le couple Chaulet venait me rendre visite une fois par semaine pour s’enquérir de mon état.
    Ces compatriotes par option qui ont fait «le choix de l’Algérie», comme ils ont titré leur livre(1), ont bravé, en silence, loin de toute publicité, le terrible ordre colonial. Je ne connaîtrai le nom de ces militants qu’une fois que je les retrouvais à Tunis. Leur nom reviendra souvent et toujours lié à ceux de Ben M’hidi, Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda, Krim Belkacem et la liste est longue des responsables du FLN et de l’ALN, au plus haut niveau, qu’ils ont hébergés, transportés, cachés dans la capitale à travers les mailles finement tramées des services de la redoutable police colonialiste. Arrêtés, exilés vers la France, ils ont déjoué la surveillance étroite dont ils faisaient l’objet pour se rendre en Tunisie, rejoindre la Révolution pour poursuivre leur lutte. Tout en exprimant ma solidarité et mon amitié à son épouse Claudine et à tous les siens, je m’incline devant la mémoire de cet inlassable combattant qui figurera, j’en suis sûr, au frontispice d’une page du Grand Livre de l’Algérie.


    1) – Pierre et Claudine Chaulet, Le Choix de l’Algérie. Deux voix, une mémoire. Préface de Rédha Malek (Editions Barzakh - Alger 2012)

    le Cdt Azz.
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Un extrait du Quotidien d'Oran

    Ce «catholique pas très catholique» n'a jamais regretté son choix d'être du côté des humbles. Et il l'a poursuivi, après l'indépendance, par un patient travail dans le domaine de la santé publique. Le fait que l'Algérie d'aujourd'hui soit loin de correspondre aux attentes d'un des combats les plus durs n'y change rien. Le révisionnisme ne fait pas partie de la culture des justes. Pour l'honneur de l'humanité et pour le bonheur des Algériens et de leur histoire, des hommes comme Pierre Chaulet ont existé. Ils sont les témoins constants d'un rejet du repli sur soi, les défenseurs d'une vision généreuse, ouverte et fraternelle de l'Algérie. Son attachement à ces convictions l'a naturellement conduit au combat pour l'indépendance et à l'engagement résolu au sein du FLN historique. Il a choisi l'Algérie.

    Une arabophone lui a écrit que malgré ses difficultés en langue française, elle lisait le livre le «choix de l'Algérie» comme s'il était écrit en arabe. Il lui a répondu, il y a quelques jours encore, que cela tenait probablement au fait que le livre et ses phrases «ont été pensés en Algérien». C'est bien cela. Cet homme, en tant que médecin, professeur, journaliste et militant, a constamment pensé en «Algérien». Il est bien un héros humain, de sensibilité et d'engagement. Celui que ses convictions arrachent au confort et aux identités assignées et poussent vers ces hautes terres où l'on prend tous les risques. Pour notre génération, celle des quinquagénaires qui ont l'âge de ses enfants, Pierre Chaulet fait partie de nos repères mentaux et éthiques. Et on n'arrive pas, comme c'est toujours le cas pour les héros authentiques, à en parler au passé. C'est comme le djebel Djurdjura, on ne le voit pas nécessairement de toutes les contrées du pays mais on le devine, là, solidement ancré dans la terre algérienne, à nous rappeler le meilleur de nos combats et à nous inciter à rejeter la fatalité et la résignation. A chercher le meilleur en nous. Honneur au juste.
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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