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L’Algérie appelle au respect des droits légitimes des Touaregs

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  • L’Algérie appelle au respect des droits légitimes des Touaregs

    Au cœur de l’actualité avec une crise multiforme, le Mali demeure la préoccupation majeure de la communauté internationale mais notamment des pays voisins dont l’Algérie qui est concernée doublement par la crise malienne avec le risque des groupes terroristes à ses portes et le kidnapping de ses diplomates à Gao. Malgré cela, l’Algérie défend depuis le début de la crise, sa proposition d’une solution politique, négociée. Pour l’Algérie, la solution ne peut être que politique et pacifique et devra être la résultante d’un dialogue inclusif entre Maliens et, notamment, entre le Gouvernement et la rébellion touarègue. Cette approche n’a pas recueilli l’approbation de l’ensemble des acteurs au début de la crise. Mais cela n’a pas empêché l’Algérie de continuer à défendre son approche lors du sommet sur le Sahel et le Mali, tenu en marge de la 67e Assemblée générale de l’ONU, la semaine dernière à New York. Lors de ce sommet auquel ont pris part le président français, François Hollande et la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, l’Algérie, représentée par son ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a affirmé que toute solution à la crise malienne doit s’entourer des meilleures chances de succès et, pour ce faire, il faudrait respecter certaines exigences résumées en trois points essentiels. Dans le premier point, l’Algérie insiste sur le fait que les Maliens doivent être les premiers acteurs dans la recherche de solutions à leurs problèmes. Ces derniers doivent impérativement être aidés et soutenus, notamment avec un renforcement de leurs capacités nationales. Le deuxième aspect est que les acteurs de la communauté internationale doivent être guidés par un même agenda et leurs efforts conduits selon un même ordonnancement qui tient compte non seulement de la volonté des Maliens et des prérogatives de la Cédéao mais aussi des intérêts de sécurité nationale des pays du champ, voisins du Mali qui sont l’Algérie, le Niger et la Mauritanie. Il doit également être tenu compte des responsabilités de supervision et de coordination dévolues à l’Union africaine en matière de maintien de la paix et de la sécurité et de l’appui attendu de l’ONU. Enfin, le dernier point défendu par l’Algérie est qu’une solution politique, négociée doit être dégagée dans les meilleurs délais possibles pour éviter toute situation d’enlisement qui implique les acteurs qui se démarquent sans équivoque du terrorisme et du crime international, organisé et qui renoncent à toute atteinte à l’intégrité territoriale du Mali. Et c’est d’ailleurs ce que demandent les Touareg. Les rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla), dans une lettre adressée à l’ONU, ont demandé d’être associés au règlement de la crise dans le nord du Mali, estimant «illusoire d’espérer une solution définitive et une paix durable» sans leur implication.

    Le Mnla est «le seul allié objectif, crédible et incontournable dans la lutte contre les forces obscurantistes, implantées dans l’Azawad», a affirmé M. Ag Attaher, le représentant en Europe du Mnla, dans sa missive.

    Tout en regrettant «la méfiance vis-à-vis du Mnla» de la communauté internationale, il a exclu «toute alliance contre nature» avec les islamistes.

    Après l’intervention d’Alger à l’ONU, la position algérienne a commencé à se généraliser.


    Epousant le point de vue algérien, le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, a mis en garde contre une intervention militaire au Mali qui, selon lui, «pourrait avoir de graves conséquences humanitaires, y compris de nouveaux déplacements et des restrictions à l’accès humanitaire». La position des Etats-Unis reste ambiguë. Si lors du sommet, la Secrétaire d’Etat, Mme Hillary Clinton, s’est déclarée pour une plus large concertation régionale et internationale face à la crise malienne tout en insistant sur l’urgence d’une solution et en souhaitant que le Conseil de sécurité examine les diverses propositions faites par la Cédéao, les autres acteurs concernés par cette crise ainsi que la France, le chef de l’Africom, le général Carter Ham a, quant à lui, fait une déclaration câline qui renforce la position algérienne. Le haut commandant des forces armées, américaines en Afrique avait estimé, à Ouagadougou, que la solution de la crise dans le nord du Mali, occupé par des islamistes armés, n’était pas «uniquement» militaire, mais aussi politique. «Les défis qui se posent au niveau du Mali doivent être d’abord résolus au plan politique, tout en prenant en compte l’aspect humanitaire», avait-t-il souligné.

    Il s’agit, là, de la même position prônée par l’Algérie depuis le début de la crise malienne.

    Dans la même semaine, une autre déclaration d’un autre haut responsable américain est venue contredire les dires de Carter Ham. M. Johnnie Carson, le plus haut responsable de l’Afrique au Département d’Etat américain a affirmé que Washington est prête à soutenir une force armée, africaine «bien préparée» dans le nord du Mali pour en expulser la rébellion islamiste, liée à Al-Qaïda. «Il devra y avoir à un certain moment une action militaire» a déclaré M. Carson. Le diplomate a plaidé, au cours d’une conférence de presse téléphonique, pour qu’un éventuel déploiement de troupes de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), sous l’égide de l’ONU, soit «conduit par l’armée malienne, avec le soutien de tous les Etats de la région, comme la Mauritanie et l’Algérie». Seule la France n’a pas changé de position. Paris est pour une intervention militaire, rapide au nord Mali. Une intervention qui doit être menée par la Cédéao. Le président Hollande a demandé une convocation «au plus vite» du Conseil de sécurité pour examiner la demande d’intervention formulée par Bamako.

    L’Algérie qui maintient son attachement à la non-ingérence et à l’intégrité territoriale du Mali, n’est pas contre une intervention militaire contre les groupes terroristes, installés au nord, mais insiste afin que toute opération menée dans ce pays soit bien réfléchie et évite tout amalgame entre les groupes terroristes et les Touaregs dont les revendications sont légitimes. L’Algérie veille également au respect du principe de l’appropriation qui n’est pas antinomique avec la coopération. Autrement dit, seuls les pays du champ doivent assumer la responsabilité de la sécurité et de la stabilité de leur région en mettant en place une stratégie régionale commune et en obtenant une coopération avec les partenaires extrarégionaux, basée sur la formation, l’aide logistique et l’échange de renseignements.

    L’Algérie s’interroge également sur l’utilité d’accorder son feu vert pour une intervention militaire au nord Mali car elle sera menée dans les faits par des forces de la Cédéao mais gérer par des forces occidentales. L’Algérie n’oublie pas l’échec cuisant enregistré par la Cédéao lors de sa première tentative militaire. Le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, avait rappelé, dans son intervention lors de la réunion des ministres des AE des pays du Champ à Niamey, que la Cédéao «a des responsabilités statutaires qui lui confèrent un rôle au Mali», de même que les pays du champ «ont, de leur côté, un rôle naturel à jouer, s’agissant notamment de la situation dans le Nord qui a des incidences directes sur leur propre sécurité nationale. C’est pourquoi, les pays du champ se considèrent à juste titre comme partie prenante à tout effort de recherche de sortie de crise et ont la responsabilité d’accompagner le Mali, en fédérant leurs efforts et en agissant ensemble, notamment par le recours à la facilitation et au dialogue, pour favoriser une solution négociée et durable à la crise malienne». L’Union africaine, avait poursuivi le ministre délégué, «demeure l’autorité politique de référence pour la gestion du dossier malien aux plans sous-régional, continental ou international» et les Nations unies «ont un rôle d’appui aux solutions décidées aux plans sous-régional et continental». C’est ce point de vue que M. Messahel est parti défendre, mercredi dernier, à Paris où il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius.


    Hasna Yacoub, La Tribune
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