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Vie de famille Grands-parents, les substituts de papa et maman ?

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  • Vie de famille Grands-parents, les substituts de papa et maman ?

    Dans une société où les crèches sont assez chères et elles n’inspirent pas la confiance de beaucoup de parents, ces derniers ont pris l’habitude de confier la garde de leurs enfants, en bas âge, aux grands-parents.
    Une bonne idée dans l’ensemble. Les grands-parents semblent être les meilleurs candidats pour seconder les parents. En effet, ils possèdent plus de temps libre, sont moins stressés au quotidien et installés dans un rythme de vie plus calme et posé.

    Aussi, l’une des raisons qui pousse les Marocains à choisir les grands-parents pour «Baby-sitters», c’est qu’ils ont en tête le fameux adage national: «Nul n’est plus cher que le fils, sauf le petit fils». Les grands-parents entretiennent la solidarité au sein de la famille et tissent des liens essentiels avec leurs petits-enfants. Des liens qui grandissent avec le temps, vu que l’enfant reste sous la garde de ses grands-parents, au moins jusqu’à l’âge de trois ans, voire plus et partage donc, avec eux, des moments privilégiés et des activités ludiques. Les grands-parents sont pour leurs petits-enfants des partenaires de jeux, mais aussi des confidents et parfois même des médiateurs entre eux et leurs parents.
    Oui mais voilà, les choses ne se passent forcément comme on le souhaite. La tentation peut être grande, pour les grands-parents, de trop vouloir «se mêler» de l’éducation de leurs petits-enfants. En effet, certains parents sont intarissables sur l’omniprésence ou les tentatives d’intrusion, réelles ou supposées, de la grand-mère (surtout s’il s’agit d’une belle-mère). Cette situation est souvent la source de tensions entre les grands-parents et leurs propres enfants.

    Les parents ne veulent pas forcément appliquer les mêmes règles d’éducation que ceux suivis par leurs propres parents. Les premiers représentent la modernité et l’ouverture, les seconds, sont un symbole d’authenticité et de traditions bien ancrées. Ce n’est qu’à partir du moment où une confrontation éclate entre les deux modèles d’éducation, chaque partie essaie de faire prévaloir son modèle éducatif qu’elle juge plus bénéfique, que l’enfant va se sentir déboussolé. La divergence de vues bat son plein sur tous les plans: depuis les questions de l’alimentation, de la propreté et de l’habillement jusqu’à la conduite à observer vis-à-vis
    du gamin.
    Nul ne le conteste, la présence des grands-parents permet d’ancrer l’enfant dans ses racines. Ils sont porteurs du passé et ce sont eux qui possèdent les photos de famille, parfois aussi la maison familiale, chargée de souvenirs. Ils sont garants d’une certaine stabilité. L’absence de grands-parents ne peut pas causer de carence chez l’enfant. En revanche, une présence excessive peut être étouffante.
    Principalement, parce qu’elle va conduire les grands-parents à s’immiscer dans la vie de couple de leurs enfants. Alors pour que l’enfant puisse bénéficier amplement de la chance de vivre avec deux couples qui l’aiment autant l’un que l’autre, il y a certaines lignes de conduite à observer. La règle d’or pour les grands-parents est d’apprendre à conserver la bonne distance. Les grands-parents ne doivent, en aucun cas, se substituer aux parents. Les spécialistes sont catégoriques:

    Il ne s’agit pas pour les grands-parents de décider à la place des parents ou d’imposer ce qui leur semble bon. Le rôle des parents et celui des grands-parents est complémentaire, en aucun cas en concurrence. Une situation de conflit pourrait retentir sur l’enfant et causer un stress important, quelque soit son âge. Chacun devant conserver un statut bien précis. Ainsi, tous participent à leur manière et par leur présence, à l’équilibre de l’enfant. Les grands-parents doivent être conscients que leurs enfants ont besoin de faire l’apprentissage de la maternité et de la paternité tout seuls. Les mamies et les papys doivent tenir leur place affective sans trop déborder. Le rôle des grands-parents est toujours second, voire secondaire.
    Et la moindre des décences, en tant que grands-parents, c’est de tenir compte des codes éducatifs fixés par les parents.

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    Explications: Bouchaib Karroumi, psychiatre

    «C’est aux parents que revient l’éducation des enfants»

    ❶Que représente les grands-parents dans la vie des enfants ?
    Les grands-parents jouent un rôle très important dans la structure familiale. Ils sont porteurs de la mémoire de la famille. Ils représentent également la matérialisation de l’histoire et la pérennité de la famille. C’est, aussi, à travers les grands-parents que l’enfant rencontre les autres membres de sa famille : cousins, tantes, oncles… ce qui permet de développer chez lui, l’esprit familial. L’appartenance à une filiation a également pour avantage de construire la personnalité de l’enfant. D’un autre côté, les grands-parents sont synonymes d’affection. Ce sont les personnes à qui on s’adresse pour avoir ce qu’on veut et pour se faire cajoler. Cette relation permet à l’enfant de se construire dans un environnement affectif, ce qui est essentiel pour le développement émotionnel de l’enfant. Par rapport aux parents, les grands-parents représentent l’expérience. Ils leur permettent d’avoir une vision distancée.

    ❷Quel rôle doivent jouer les grands-parents dans l’éducation de leurs petits-enfants ?
    Les grands-parents ont pour mission de faire bénéficier leurs enfants (les parents), de leur expérience. Toutefois, leur rôle se limite à ça. Ils ne doivent en aucun cas, s’impliquer dans l’éducation de leurs petits-enfants, parce que cela pourrait perturber l’équilibre des enfants. Il est vrai que les grands-parents ont un rôle pratique et actif au sein de la famille marocaine, la preuve est que leur implication dans l’éducation est très problématique dans notre société. C’est pourquoi il faut qu’ils séparent leur rôle de parents de celui de grands-parents.
    Il ne faut tout de même pas oublier que leur ingérence émane toujours d’une bonne intention, mais les générations ne sont plus les mêmes et donc les parents d’aujourd’hui ont une vision et une perception différente de celle de leurs parents. Ces derniers doivent alors respecter l’indépendance des couples formés par leurs enfants et les encourager à vivre et à gérer leur vie familiale par eux-mêmes, sans intervenir. D’ailleurs, bien souvent, lorsqu’un tiers (membre de la famille) intervient dans un problème de couple, le conflit ne fait que s’accentuer. Cependant, le souci avec les grands-parents marocains, c’est qu’ils ont tendance à considérer les parents comme des enfants. C’est la raison pour laquelle ils regardent d’un mauvais oeil la manière d’éducation que les parents utilisent à l’égard de leurs enfants.
    Toutefois, cette situation a un impact négatif sur l’enfant et ne sert pas du tout ses intérêts. En effet, ce dernier perd les repères d’éducation qu’il doit construire avec ses parents.

    ❸Comment gérer l’immixtion des grands-parents dans l’éducation des enfants ?
    Tout d’abord, il est nécessaire de signaler qu’il faut apprendre à ses enfants à s’exprimer et à donner leur avis, au lieu de créer une relation d’autorité. Donc, le plus simple est d’expliquer aux grands-parents que, dans l’intérêt de l’enfant, c’est aux parents que revient le rôle d’éducation et non pas aux grands-parents. C’est à eux de prendre les décisions qu’il faut concernant leur enfant. Des décisions qui vont lui permettre de forger sa personnalité. Et le fait qu’il existe une autorité supérieure à celle des parents, à savoir celle des grands-parents, perturbe forcément les repères de l’enfant et peut, par la suite, donner lieu à des problèmes plus difficiles à gérer, lorsqu’il devient adolescent.



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    Témoignage

    Rania, maman de Yasmine, 2 ans.
    «Ma mère veut l’éduquer à ma place»
    «Quand j’ai dû reprendre mon travail après le congé de maternité, j’ai décidé de confier ma fille, Yasmine, à ma mère. Je ne pouvais me résigner à la laisser à la crèche. J’étais certaine que ma mère allait lui donner toute l’affection et la tendresse dont elle aurait besoin durant ses premiers mois et que ma fille ne souffrirait donc pas beaucoup de mon absence en cours de journée. Et effectivement, c’est ce qui s’est passé. Cependant,
    aujourd’hui, alors que ma fille a deux ans, ma mère et moi commençons à avoir des problèmes concernant l’éducation de Yasmine. S’occupant d’elle durant mon absence, ma mère refuse de suivre mes consignes et s’entête à appliquer ses propres méthodes, prétendant que je ne connais pas grand-chose aux enfants. Résultat, on est toujours en conflit : l’alimentation, les heures de sommeil, l’éducation, le pot… j’ai beau expliquer à ma mère que c’est ma fille et que je ne veux pas l’éduquer à l’ancienne, elle me traite d’ingrate. Je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je suis vraiment une personne ingrate ou ai-je le droit d’exiger de ma mère de respecter mes décisions et celles de mon mari ?»

    Publié le : 4 Octobre 2012 - Hafsa Sakhi, LE MATIN MA
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