L’Administration des États-Unis l’envisage sérieusement, et les stratèges du Pentagone y réfléchissent depuis quelques temps déjà. Et si leur pays n’était pas engagé, aujourd’hui, dans la campagne électorale pour désigner en novembre prochain le nouveau président des États-Unis, peut-être aurions-nous assisté à une intervention armée. Les drones, ces avions invisibles ne sont-ils pas à pied d’œuvre déjà ? L’Amérique est en pleine campagne présidentielle, l’Europe engloutie dans la crise de l’Euro, et l’Afrique déchirée sur le mode d’intervention au sein de la Cedeao. Jusqu’à nouvel ordre, excepté des déclarations informelles faites ici et là, il n’existe aucun projet crédible d’une intervention quelconque au nord du Mali. Ce qui laisse et pour bien longtemps encore les coudées franches aux combattants d’al-Qaïda (Aqmi). Ceux-ci n’en démordent pas de continuer à occuper « manu militari » cette région, à terroriser les populations et jouer de l’impunité que l’attentisme dont font preuve les pays voisins, l’Europe et le monde entier !
Le Maroc a son mot à dire
Le Maroc est certainement plus interpellé que l’on y pense. Les relations qu’il entretient avec les États de la région en général et le Mali en particulier remontent aux années soixante, certes, mais sont enracinées dans des siècles puisque le Sultan Mansour Eddahbi avait, autrefois, étendu son influence jusqu’à Tombouctou. Aucun autre pays d’Afrique du Nord, y compris les pays qui lui sont limitrophes, ne peuvent comme le Maroc, prétendre à une aussi profonde proximité historique avec le Mali. Ce pays n’est pas seulement un acteur présent dans la mémoire du Maroc, autrefois une profondeur et une frontière stratégique de « l’empire chérifien », le symbole du lieu de cultes et de civilisation ; mais depuis les années soixante un pays allié. On ne remontera pas l’histoire en arrière pour mesurer à quel point le Mali était proche du Maroc et que de cette proximité – historique et sentimentale – il en tire à la fois des droits et des devoirs… Or, au registre de ces derniers, il y a le soutien à un peuple mis sous la coupe des islamistes, terrorisé et menacé dans son existence! Jusqu’à il n’y a pas longtemps encore, la diplomatie du gouvernement marocain, valsait entre l’explicite soutien à l’intégrité territoriale du Mali et le langage tiède et prudentiel des finasseries diplomatiques. Il a d’abord condamné le coup d’État en mars dernier, invoquant à juste titre la légitimité du pouvoir précédent, ensuite , dans le même souci de défendre la légitimité , il s’est rallié aux nouvelles institutions mises en place avec le soutien des pays de la CEDEAO, l’Europe et l’Amérique. C’est le moindre mal, dit-on à Rabat. En fait, c’est plutôt faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Réticence incompréhensible
Il y a quelques jours, en revanche, tout en louant les efforts engagés par la CEDEAO, et par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Saad Dine El Otmani, le gouvernement marocain a cru devoir insister pour nous dire qu’il n’approuvait aucunement une intervention au Mali, quelle que soit sa forme. D’aucuns, d’ailleurs, se sont hâtés de prévenir – la main sur le cœur – que le Maroc se rallie à la position de l’Algérie qui , de son côté, a exprimé sa ferme opposition à une intervention au Mali. Voilà au moins, un point d’accord entre nos deux pays, faute d’en avoir d’autres sur le Sahara et le Maghreb, par exemple. Quelle cohérence a-t-elle inspiré le chef de la diplomatie marocaine à prendre une telle posture, à aller à l’encontre d’une logique politique et même militaire qui est en train de prendre forme dans les chancelleries du monde entier ? Il est beaucoup de Maliens qui, non contents de revendiquer la « part marocaine » de l’histoire de leur pays, expriment ouvertement leur vœu de voir le Maroc s’associer à une solution politique de la crise malienne, y compris justement une intervention militaire placée sous l’égide de la communauté internationale, les Nations unies ou autre institution. Le Premier ministre malien, Cheikh Modibo Diarra, avait appelé la semaine passée les Occidentaux, et au premier chef la France, à intervenir militairement dans le nord du Mali et a demandé l’envoi d’avions et de forces spéciales. Comme autrefois l’ancien président du Mali, Modibo Keita, membre du Comité constitutif du groupe de Casablanca qui avait fondé l’OUA autour du roi Mohammed V, Cheikh Modibo Diarra, ci-devant ingénieur de la NASA et ami du Maroc, nourrit l’espoir que le Maroc se mobilisera pour la défense de l’intégrité territoriale du Mali… Cependant, l’attitude du gouvernement marocain reste paradoxalement timorée. Elle relève même d’une contradictoire et inavouable posture. « Le Maroc, qui a toujours été agissant et positif, apportera toute sa collaboration pour faire face aux défis sécuritaires dans cette région», a affirmé il n’y a pas longtemps Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères à Radio Médi 1, affirmant que « ce sont les Africains qui doivent eux-mêmes prendre le leadership pour trouver un règlement à cette crise »…Dont acte !
LE SOIR MA
Le Maroc a son mot à dire
Le Maroc est certainement plus interpellé que l’on y pense. Les relations qu’il entretient avec les États de la région en général et le Mali en particulier remontent aux années soixante, certes, mais sont enracinées dans des siècles puisque le Sultan Mansour Eddahbi avait, autrefois, étendu son influence jusqu’à Tombouctou. Aucun autre pays d’Afrique du Nord, y compris les pays qui lui sont limitrophes, ne peuvent comme le Maroc, prétendre à une aussi profonde proximité historique avec le Mali. Ce pays n’est pas seulement un acteur présent dans la mémoire du Maroc, autrefois une profondeur et une frontière stratégique de « l’empire chérifien », le symbole du lieu de cultes et de civilisation ; mais depuis les années soixante un pays allié. On ne remontera pas l’histoire en arrière pour mesurer à quel point le Mali était proche du Maroc et que de cette proximité – historique et sentimentale – il en tire à la fois des droits et des devoirs… Or, au registre de ces derniers, il y a le soutien à un peuple mis sous la coupe des islamistes, terrorisé et menacé dans son existence! Jusqu’à il n’y a pas longtemps encore, la diplomatie du gouvernement marocain, valsait entre l’explicite soutien à l’intégrité territoriale du Mali et le langage tiède et prudentiel des finasseries diplomatiques. Il a d’abord condamné le coup d’État en mars dernier, invoquant à juste titre la légitimité du pouvoir précédent, ensuite , dans le même souci de défendre la légitimité , il s’est rallié aux nouvelles institutions mises en place avec le soutien des pays de la CEDEAO, l’Europe et l’Amérique. C’est le moindre mal, dit-on à Rabat. En fait, c’est plutôt faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Réticence incompréhensible
Il y a quelques jours, en revanche, tout en louant les efforts engagés par la CEDEAO, et par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Saad Dine El Otmani, le gouvernement marocain a cru devoir insister pour nous dire qu’il n’approuvait aucunement une intervention au Mali, quelle que soit sa forme. D’aucuns, d’ailleurs, se sont hâtés de prévenir – la main sur le cœur – que le Maroc se rallie à la position de l’Algérie qui , de son côté, a exprimé sa ferme opposition à une intervention au Mali. Voilà au moins, un point d’accord entre nos deux pays, faute d’en avoir d’autres sur le Sahara et le Maghreb, par exemple. Quelle cohérence a-t-elle inspiré le chef de la diplomatie marocaine à prendre une telle posture, à aller à l’encontre d’une logique politique et même militaire qui est en train de prendre forme dans les chancelleries du monde entier ? Il est beaucoup de Maliens qui, non contents de revendiquer la « part marocaine » de l’histoire de leur pays, expriment ouvertement leur vœu de voir le Maroc s’associer à une solution politique de la crise malienne, y compris justement une intervention militaire placée sous l’égide de la communauté internationale, les Nations unies ou autre institution. Le Premier ministre malien, Cheikh Modibo Diarra, avait appelé la semaine passée les Occidentaux, et au premier chef la France, à intervenir militairement dans le nord du Mali et a demandé l’envoi d’avions et de forces spéciales. Comme autrefois l’ancien président du Mali, Modibo Keita, membre du Comité constitutif du groupe de Casablanca qui avait fondé l’OUA autour du roi Mohammed V, Cheikh Modibo Diarra, ci-devant ingénieur de la NASA et ami du Maroc, nourrit l’espoir que le Maroc se mobilisera pour la défense de l’intégrité territoriale du Mali… Cependant, l’attitude du gouvernement marocain reste paradoxalement timorée. Elle relève même d’une contradictoire et inavouable posture. « Le Maroc, qui a toujours été agissant et positif, apportera toute sa collaboration pour faire face aux défis sécuritaires dans cette région», a affirmé il n’y a pas longtemps Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères à Radio Médi 1, affirmant que « ce sont les Africains qui doivent eux-mêmes prendre le leadership pour trouver un règlement à cette crise »…Dont acte !
LE SOIR MA
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