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La révolution tunisienne et le monde arabe otages d’un faux débat

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  • La révolution tunisienne et le monde arabe otages d’un faux débat

    Le président tunisien Moncef Marzouki a présenté jeudi les excuses de l'Etat à la jeune fille violée par deux policiers et qui risque d'être inculpée pour atteinte à la pudeur. Il a longtemps hésité. On peut parier qu’il s’est longuement concerté avec le Ghannouchi et «d’autres partenaires» pour délibérer au mieux et produire le communiqué le plus équivoque qui soit sans remettre en cause un processus devant aboutir finalement à un retour de Ben Ali sans Ben Ali…

    A quoi d’autre serviraient donc les hommes de paille ? «Il a reçu la jeune fille violée par des policiers (…) et après avoir entendu les détails de cette douloureuse affaire (..), il a exprimé sa totale sympathie (à la femme violée) et présenté les excuses de l'État», a indiqué la présidence dans un communiqué. Il a aussi dénoncé «fortement» ce viol et salué les agents de police qui ont refusé de couvrir leurs collègues, ce qui montre, selon lui, que «le dérèglement n'est pas dans l'institution sécuritaire mais dans la mentalité de certains de ses membres». «Il n'y a plus de tolérance, ni pour les violeurs, ni pour ceux qui les couvrent ou qui veulent voiler la réalité.

    La présidence suivra de près cette affaire pour qu'aucun intérêt partisan ne l'emporte sur la primauté de la loi et pour que les Tunisiens soient rétablis dans leurs droits», a ajouté la présidence (agence, J. 04 octobre 2012, 21h37). Pendant ce temps-là, Ben Ali Baba parti, les requins voraces continuent leurs œuvres et reprennent du poil de la bête en reconsolidant les bases sécuritaires, politiques et économiques du système garant de leurs intérêts. Il n’y a pas mieux qu’un Marzouki pour donner le change et laisser croire à tous ces pauvres malheureux qui se sont battus pour changer de régime que leur cause a été entendue.

    Marzouki a été façonné par une époque et par un modèle : le bourguibisme.

    Ce modèle a des caractéristiques simples et claires :
    1.- La défense d’une caste économique et sociale qui a un mépris total pour le peuple.
    2.- Un lien très fort avec les intérêts étrangers à l’égard desquels il entretient un complexe d’infériorité qui a laissé croire à certains qui ne connaissent que très superficiellement le peuple tunisien et font peu de cas de son sens de l’honneur et son haut niveau de civilité que le Tunisien est un larbin obséquieux né pour servir.

    D’où les conclusions erronées tirées de son économie touristique. En fait, le peuple tunisien était sous une dictature raffinée mais impitoyable. Avec la vitrine littorale qui cache la misère ignoble entassée derrière le miroir de modernité que vantaient ses amis occidentaux.

    C’est en cela que le bourguibisme est un modèle d’aliénation et de dépendance sophistiqué. Et c’est précisément ce modèle – pardelà le guignol dangereux Ben Ali – qui a été contesté par les mouvements populaires de l’an dernier. Et c’est enfin ce modèle dont on a organisé la survie à travers les acrobaties électoralistes pseudo-démocratiques que Ghannouchi (l’ancien Premier ministre) a mises en place à l’intention de Ghannouchi l’actuel patron de la Tunisie, laissé au congélateur en Europe en attendant d’en avoir eu besoin.

    3.- Il s’ensuit que les islamistes au pouvoir en Tunisie, avec la caution de Marzouki, manifestent le maintien sous une nouvelle façade du même système qui entretenait la subordination du peuple tunisien quel que soit le schtroumpf placé à la tête de l’État. Ce sont les mêmes nababs ventripotents qui étalent fortunes et insolence à la Marsa ou à Sidi Bou Saïd qui pilotent les Ghannouchi et les Marzouki, pour perpétuer les mêmes inégalités et les mêmes iniquités. La vérité du slogan lancé par le peuple il y a un an sur l’avenue Bourguiba est toujours d’actualité :

    «Ali baba est parti. Les voleurs sont toujours là.» Répétons-le, l’Islam et les femmes sont les deux thèmes principaux qui continuent à servir de défouloir et de piège à c…, d’entretenir de faux débats pour que nos peuples détournent leur attention des questions cruciales qui les intéressent au premier chef. C’est-à-dire les problèmes qu’affrontent conjointement hommes et femmes dans les sociétés politiques d’aujourd’hui : éducation, exercice des droits et des libertés au travail dans les entreprises, chômages et avenir professionnel des jeunes, privatisation et déréglementation des économies méditerranéennes soumises aux flux de capitaux prédateurs, destruction des milieux naturels ouverts à la propriété privée sans précaution. Les émirs se pavanent dans les palaces tunisiens, marocains, égyptiens et aussi – semble-t-il – (en compagnie de fortunes indigènes dont on ignore l’origine) sur des espaces littoraux algériens. Il est inadmissible que les richesses naturelles de nos pays profitent sans contrôle aux transnationales et pas aux populations qui en ont souverainement la propriété. Il est inadmissible que les entreprises nationales soient démantelées pour ouvrir la porte à des milliers de conteneurs débordant de quincaillerie fabriquée à bas coût exploitant ailleurs d’autres travailleurs, détruisent toute créativité locale, sous le prétexte erroné d’un retard managérial, technologique et scientifique local. C’est pour cela que Bouazizi – un des centaines de milliers d’universitaires et de techniciens sans emploi – improvisé vendeur de quat’saisons s’est immolé. D’autres, victimes de mirages télévisuels occidentaux, se noient en tentant de trouver ailleurs l’avenir que leur propre pays leur refuse. C’est cela qui est criminel. Bouazizi ne s’est pas suicidé parce que Ben Ali refusait que sa mère porte le voile. Ou que sa sœur soit privée de burqa. Ou encore qu’on lui ait coupé sa liaison internet (puisqu’on proclame partout que c’est internet qui est à l’origine du «Printemps arabe» et qu’en gros, c’est une révolution des TIC).


    Le Soir
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