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Des fatwas pour la concupiscence

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  • Des fatwas pour la concupiscence

    Le conflit syrien ne déborderait pas seulement sur la Turquie, mais aurait des conséquences inattendues sur un autre voisin, la Jordanie, en dopant le marché du mariage, par le dumping. Selon la presse jordanienne, l'afflux massif de réfugiés syriens vers le royaume hachémite a stimulé l'offre, avec des milliers de jeunes filles syriennes en âge de se marier, et attisé la tentation du changement chez les Jordaniens.

    En effet, les parents de ces jeunes filles, craignant pour l'honneur de leurs filles, sont prêts à rabattre leurs prétentions en matière de dot.
    De véritables bandes, formées en majorité de Syriens, sillonnent, en effet, les camps de réfugiés, à la recherche de proies pour eux, ou pour une clientèle éventuelle. Certains se sont même intronisés marieurs ou agences matrimoniales et arrangent des alliances à leurs conditions.

    Pour les Jordaniens, jeunes célibataire et pauvres, l'arrivée des «houris» syriennes est une bénédiction, les frais de mariage avec elles ne dépasseraient pas 200 dinars, alors qu'il leur en coûterait dix fois plus dans une union concitoyenne.

    Des imams se sont mis de la partie, en lançant des fatwas appelant à contracter un «mariage de protection» (zaouadj sutra). Quant aux hommes mariés, toujours tentés d'aller «voir» ailleurs, ils se servent de ces filles à marier comme d'un levier.

    A la moindre tentative de l'épouse en place de contester l'autorité du mâle, on brandit la menace syrienne : «si tu ne te tiens pas tranquille, j'épouse une Syrienne !» Dans leur cas, il s'agit d'un «mariage de contrainte» (Zaouadj ikra'h), puisque destiné à réduire la femme indocile et la contraindre à observer un profil bas.

    Toutefois, on est loin de la syro-mania libidineuse qu'on pourrait s'imaginer, ou de la phobie antisyrienne chez les épouses jordaniennes menacées de déstabilisation. Dans leur écrasante majorité, les Jordaniens sont solidaires avec ces exilés de force, et ils le démontrent de plusieurs manières.

    Même constat dans les autres pays arabes plus éloignés, mais avec des calculs et des intentions qui ne cadrent pas souvent avec des objectifs purement humanitaires.

    Dans le cas de ce marché matrimonial syrien, le quotidien londonien Al-Quds dénonce ce qu'il appelle le «djihad de la concupiscence». Sous la plume de Temim Mansour, le journal cite le cas du prédicateur égyptien Khaled Abdallah qui s'est déclaré disposé à épouser deux, bien deux, Syriennes. Ceci, en signe de soutien à la révolution syrienne, menée je vous le rappelle par le très révolutionnaire émir du Qatar, avec la bénédiction du meilleur ami qu'Israël n'ait jamais eu aux États-Unis, le président Obama.

    Khaled Abdallah a précisé, sur Twitter, qu'il avait fait cette annonce après avoir sollicité et obtenu l'avis favorable de plusieurs théologiens éminents. Cette offre a été précédée, note Temim Mansour, de plusieurs fatwas dans les pays arabes, et des agences matrimoniales se sont spécialisées dans le commerce des Syriennes victimes de la guerre. Le plus risible, ajoute-t-il, c'est que ces agences activent avec des slogans rimés comme celui-ci : «Qui épouse une Syrienne, aura une vie heureuse » ou celui-là : «Celui qui ne se marie pas avec une Syrienne restera célibataire toute sa vie.» C'est tout ce que ces gens ont trouvé : aider le peuple syrien en traitant ses femmes comme une marchandise, constate encore notre confrère. Nous les avons déjà vus faire du commerce avec les femmes d'Irak et de Bosnie, mais nous n'avons jamais entendu parler de leur djihad en faveur des femmes de Somalie ou du Darfour. Il est évident qu'ils n'apprécient que la chair blanche, affirme le journaliste. Le quotidien londonien nous donne, par ailleurs, des statistiques édifiantes sur le style de vie et les mœurs des Arabes et des musulmans qui vivent en Allemagne.

    Citant une enquête récente publiée par le journal allemand Die Welt, le correspondant d’ Al-Quds, Ala Djomaa, rapporte qu'au sein des populations arabes vivant dans le pays, les Palestiniens et les Libanais arrivent en tête pour ce qui est de la pratique polygame. Cependant, ajoute-t-il, ils ne se détachent pas vraiment du reste des Arabes et leur avance n'est pas très conséquente.

    On constate, toutefois, dit-il, que ces mariages sont souvent conclus à l'insu de l'épouse légale qui n'apprend souvent son infortune qu'après coup. De plus, ajoute le journal, les Arabes ne se contentent pas généralement d'une seconde épouse, mais s'offrent même trois, et même quatre épouses à la fois. Les autorités allemandes ont ainsi constaté que ces mariages se faisaient souvent dans le seul but d'obtenir des aides sociales et de conforter les revenus d'un même chef de famille. Comme les aides sociales sont délivrées, en Allemagne, aux individus et non pas aux foyers, il est tentant pour certains de vouloir améliorer leurs conditions sociales par ce biais. Ce qui ne va pas sans poser de problèmes dans un pays comme l'Allemagne, où la polygamie est interdite par la loi. Mais comme ces mariages se font généralement dans les mosquées et que les imams les célèbrent volontiers, ils échappent ainsi à tout contrôle.

    L'enquête publiée par le quotidien allemand a suscité un certain émoi au sein du Parlement allemand, souligne Ala Djomaa qui cite les propos d'un député accusant les imams de défier la loi et de dépasser leurs prérogatives. «L'Allemagne n'a pas à financer le train de vie des polygames et l'argent doit servir à financer d'autres projets plus utiles», a affirmé cet élu. En posant la semaine dernière cette question : «Quand est-ce que l'Occident nous respectera ?», l'écrivain égyptien n'avait sans doute pas lu l'article du correspondant d' Al-Quds en Allemagne, mais son jugement est sans nuance. «Nous avons cessé depuis des siècles d'apporter quoi que ce soit à l'humanité», écrit-il dans Al-Misri-Alyoum. Les extrémistes qui maudissent l'Occident à partir de leurs chaires crient dans des microphones fabriqués en Occident. Ils prient sur des tapis fabriqués en Chine et vivent toute leur vie en utilisant des produits de la civilisation occidentale qu'ils traitent avec hostilité. Le monde ne nous respectera que lorsque nous produirons une recherche scientifique utile, que nous fabriquerons nous-mêmes les objets dont nous avons besoin, et que nous apporterons une contribution concrète et sérieuse au progrès de l'humanité.»


    Ahmed Halli- Le Soir
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